A la télé française, du fantastique en série

  • "Sur le grand écran en France, le fantastique est compliqué et rarissime. Sur le petit écran en revanche, c'est un genre qui monte", explique Arnaud Malherbe, créateur de la série "Moloch".
    "Sur le grand écran en France, le fantastique est compliqué et rarissime. Sur le petit écran en revanche, c'est un genre qui monte", explique Arnaud Malherbe, créateur de la série "Moloch". JOEL SAGET / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Longtemps boudé dans la fiction hexagonale, le genre fantastique revient en grâce dans les séries en puisant dans un large éventail de tons, poétique, horrifique ou comique, une touche typiquement française qui se dévoile au festival Canneseries.

"Sur le grand écran en France, le fantastique est compliqué et rarissime. Sur le petit écran en revanche, c'est un genre qui monte, mais le mot fantastique englobe plusieurs courants. Ce qui est à la mode aujourd'hui, c'est le spectaculaire", explique Arnaud Malherbe, créateur de la série "Moloch".

"Moloch", en compétition au festival, qui sera diffusée sur Arte le 22 octobre et mise en ligne le 15, suit l'histoire d'une journaliste (Marine Vacth) et d'un psychiatre (Olivier Gourmet) qui enquêtent sur des combustions spontanées dont sont victimes les habitants de leur ville.

"Ce qu'on avait envie d'affirmer, c'est qu'on peut faire du fantastique qui s'inscrit dans quelque chose de très quotidien, et c'est d'autant plus inquiétant. Pas besoin d'avoir des dragons et des magiciens", souligne la coauteure Marion Festraets.

Pour "Ovni(s)", série présentée hors compétition au festival et qui sera diffusée en 2021 sur Canal+, le parti pris est celui de la comédie. Un scientifique sérieux et rationnel, incarné par Melvil Poupaud, rejoint un groupe d'enquêteurs sur les phénomènes paranormaux (qui a vraiment existé à la fin des années 70), dont les membres ont un style plus farfelu.

- "Disparues des écrans" -
"L'idée formidable des scénaristes était de se dire que les manifestations paranormales n'allaient pas être celles auxquelles on est habitués dans des séries comme +X-Files+, type objets lumineux qui font peur, mais que ça allait être des manifestations plus poétiques, quelquefois surréalistes, et qu'il y avait un langage à inventer de ce côté-là", explique le réalisateur Antony Cordier.

L'humour, c'est aussi le choix qu'avait fait Simon Astier pour sa série "Hero Corp" (Comédie et France 4), démarrée en 2008: "l'humour a été une vraie porte d'entrée, ça a dû faire passer la pilule" du fantastique à un moment où la télé française était plus frileuse, explique-t-il lors d'une conférence sur le fantastique organisée par Canneseries.

Prolifique dans les années 60 avant de quasiment disparaître des écrans les décennies suivantes, la production de séries fantastiques françaises s'est accélérée ces dernières années, grâce notamment au succès international de la série "Les Revenants" sur Canal+ (2012).

"Le succès de la saison 1 a généré beaucoup d'angoisse parce que l'équipe s'est demandé quel était le modèle d'une série fantastique française à la télévision en 2012. Les réponses n'étaient pas évidentes, on tâtonnait car le modèle américain est écrasant", raconte la scénariste Audrey Fouché, qui a travaillé sur la saison 2.

- "Notre mythologie" -
"La réussite des +Revenants+, c'était de s'attacher à une réalité française et d'introduire des éléments de fantastique qui n'étaient pas des éléments de fantasy. C'est vraiment ce qui fait notre spécificité", estime-t-elle.

"L'histoire du fantastique en France est liée à la littérature du XIXe siècle notamment. Et avec les réalisateurs Franju, Clouzot, Cocteau (du milieu du XXe siècle), on se réapproprie une forme de poésie, on va créer notre propre mythologie plutôt que de s'inspirer de la mythologie anglo-saxonne", abonde le scénariste Hervé Hadmar, à qui l'on doit la série "Romance" sur France 2.

Si les chaînes françaises sont moins réticentes à ce genre, c'est aussi parce qu'"aujourd'hui, il y a une demande", souligne l'auteur. Tout en précisant que le fantastique reste un genre "de niche".

L'appétit des plateformes type Netflix pour ces niches joue aussi sur la production française.

"La plateforme est un super outil. Du moment que ton idée peut être vendue sur son concept, tu peux créer sur une plateforme", relève Simon Astier, qui prépare la saison 2 de la série fantastique "Mortel" pour Netflix et une autre série "de genre", sur "des choses qui viennent d'ailleurs", pour Warner TV.

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