Rétrospective 2020 : L’incendie du Bowling d'Onet-le-Château, un procès et des questions

Il est des procès dont on ressort avec plus de questions que lorsqu’on y entre. Celui de l’incendie du Bowling du Rouergue, le 20 novembre dernier, est à mettre dans cette catégorie. Ce jour-là, après plus de six heures de débats, Ismaël E. écope de trois ans de prison ferme. L’implication de ce quadragénaire qui a grandi entre les quartiers populaires de Nîmes et la préfecture aveyronnaise n’a fait aucun doute pour les enquêteurs et les magistrats : la nuit du drame, il est aperçu au volant de sa voiture rôdant autour de l’institution culinaire, dès le lendemain il se vante d’être l’auteur de l’incendie auprès de plusieurs proches, des témoignages diront également « qu’il sentait l’essence » la nuit des faits… Devant le tribunal, il a tout nié, dit avoir « seulement voulu se vanter pour faire le voyou ». Son avocat, lui aussi, ne croit pas en cette histoire : « On dit que mon client a mis le feu car il s’est fait virer quatre mois avant. Mais il s’est fait éconduire de pleins d’établissements de nuit et il n’y a jamais mis le feu pour autant ! Ça ne tient pas », avait-il plaidé.
Avant cela, les magistrats se sont posés beaucoup de nombreuses questions. Celle notamment de probables commanditaires au-dessus d’Ismaël E., ce dernier ayant pris la fuite vers l’Espagne le lendemain des faits avec plus de 3 000 € en petites coupures… « Cet argent, il provient de la vente de meubles et de petits larcins. Je sortais de prison et j’en avais besoin… », expliquera-t-il, sans convaincre. Puis, il y a d’autres témoignages, d’autres Ruthénois qui se sont vantés d’être les auteurs de cet incendie sans jamais être entendus. Il y a également les nombreuses menaces auxquelles faisait face la famille Bastide depuis plusieurs années et dont les enquêtes sont toujours restées au point mort : fusillade à l’arme lourde de la façade en 2016, alerte à la bombe, grenades retrouvées sur le toit, lettres anonymes… « Ce n’était pas une période facile, nous sommes vaccinés du monde de la nuit », ont expliqué Gilbert et Jean-Pierre Bastide, à la barre.
Ismaël E., lui, n’a rien dit sur cette hypothèse d’une tierce personne commanditaire… « Je n’ai aucun problème avec le Bowling moi », a-t-il seulement répété. Le nouveau Bowling du Rouergue doit voir le jour au mois de mars prochain.