L'Aveyron de Nicola Delon : "Beaucoup de choses restent à inventer"
Nicola Delon est l’un des pionniers d’une nouvelle génération d’architectes résolument responsables, attachés aux questions écologiques et environnementales. À la tête du collectif "Encore heureux", le Villefranchois de 43 ans s’emploie à "mettre l’architecture au service d’un futur plus soutenable". Pour "L’Aveyronnais", il nous ouvre les portes de son enfance dans l’ouest du département et évoque avec nous les enjeux de demain.
Un lieu en Aveyron, pour vous, emblématique
Les forêts de châtaigniers et de hêtres autour du village de Coupiac dans le Sud-Aveyron, d’où viennent mes grands-parents. C’était un rituel de s’y promener en famille en toutes saisons. Les forêts représentent presque 40 % des 9 000 km² du département, cette richesse est inestimable pour faire face aux défis climatiques et écologiques.
Un endroit où se ressourcer
Quand je reviens à Villefranche-de-Rouergue, j’ai la chance de pouvoir monter à cheval et de galoper dans la vallée de l’Aveyron ou sur le Causse de La Rouquette. Ces sensations de chevauchées me rappellent mon enfance de cavalier et sont une véritable source d’énergie.
Un rituel immuable
Un tour à pied dans la bastide de Villefranche-de-Rouergue où j’ai grandi et qui nous parle de l’histoire de ce territoire et aussi de son présent. Le sujet des cœurs des villes moyennes abandonnés est un sujet complexe et j’ai le sentiment que beaucoup de choses sont encore à inventer collectivement.
Un souvenir particulier
Le souvenir du quai de la gare le dimanche soir en attendant le train de nuit pour remonter à Paris. S’endormir dans le Rouergue et se réveiller au bord de la Seine. Ces ambiances sont uniques et là aussi on voit bien que les choix d’abandonner ces modes de transports vont à contresens de l’histoire.
Une spécialité gastronomique
Les farçous du marché du jeudi à Villefranche. Simples et gourmands.
Une architecture
Peut-être, les architectures sans architectes comme les gariottes ou cazelles en pierre sèche du Causse, qui sont des architectures intemporelles et d’une grande intelligence. Avec Encore Heureux, nous venons d’ailleurs de concevoir une version contemporaine à Gréalou dans le Lot pour l’association culturelle Derrière le Hublot qui fait un travail remarquable et précieux.
Une personnalité marquante
Jean Petit qui au 17e siècle a pris la tête de la révolte des Croquants à Villefranche. Il était chirurgien et a refusé l’injustice du sort réservé aux plus pauvres sous l’Ancien Régime. C’est un révolutionnaire avec 150 ans d’avance et qui a payé de sa vie son engagement contre les inégalités. La comptine "Jean Petit qui danse" est un hommage subtil à ce personnage et à son courage.
Pour finir, peut-être avez-vous un souhait, un projet, un conseil, un rêve…
Le défi du changement climatique nécessite que nous transformions notre façon de vivre. Le constat ne fait plus débat mais les pistes pour y parvenir sont incertaines. Je crois aux atouts d’un territoire comme l’Aveyron qui regorge de ressources naturelles et collectives. Il faut encourager celles et ceux qui explorent de nouveaux horizons. Je participe au projet de la Station A dans les anciens haras de Rodez. C’est émouvant de voir ce courage, ces intuitions portées par les citoyens pour donner du sens et inventer ce que nous appelons des lieux infinis. Ces lieux permettent de créer des liens entre des acteurs d’une grande diversité et confirment le sentiment que les réponses à notre époque ne peuvent être que collectives.
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