Millau : quand les locaux du théâtre se transforment en dortoir

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  • Le hall , où les assemblées générales se déroulent, transforrmé en dortoir de fortune pour la nuit. 	M. C.
    Le hall , où les assemblées générales se déroulent, transforrmé en dortoir de fortune pour la nuit. M. C.
  • Comme un air d’expédition sur le K2 dans les locaux du théâtre.
    Comme un air d’expédition sur le K2 dans les locaux du théâtre.
Publié le
Maxime Cohen

Les "non-essentiels" ont passé leur première nuit dans les locaux du théâtre de la Maison du Peuple.

Quand Millau se met sous cloche, à 18 heures, les "non-essentiels" en sont à 7 h 30 d’occupation. La journée a été intense entre les assemblées générales, conférence de presse et installation du mouvement dans les locaux de la maison du Peuple. La décoration du hall, principal lieu d’occupation, a changé. Chevalet de conférence avec les différentes commissions et leurs participants, programme hebdoma- daire avec les tours de garde collés au mur. Les noms sont inscrits au feutre, l’ambiance se tamise. Rideaux tirés, pour ne pas que l’entrée, chambre de fortune pour certains courageux, ne soit visible de l’extérieur.

La maison du Peuple passe en mode occupation de nuit. Certains refont le match de la journée pendant que d’autres préparent celle d’après. Les petites mains s’affairent sur le clavier de l’ordinateur pour rédiger une ébauche de communiqué, qui sera lu en assemblée générale le lendemain. Les doigts glissent sur les téléphones pour regarder les publications de la journée. "J’ai la dernière carte à jour, on est 51 en France".

Le début d’une relation

Le point jaune de Millau allumé dans l’hexagone sur fond bleu, comble le vide entre Valence et Toulouse. Les voisins (lointains) de Nîmes ont pris leurs quartiers dans la salle de spectacle Paloma, les Montpelliérains sont au centre chorégraphique national. Une carte recense les lieux d’occupation en France.

Dans le cercle formé par les chaises au centre du hall, les esprits pensent au lendemain, parlent des mouvements sociaux locaux, qu’il faudrait peut-être rejoindre : "Si on allait jouer à la Bosch ?", "Il faut soutenir les filles de l’UDSMA." Mais aussi de la structuration de l’occupation. "Il va falloir qu’on s’organise si ça dure dans le temps." Pour cette première nuit, les moyens de divertissement sont limités. Pas de jeu de cartes, simplement le dialogue pour faire connaissance. Le ménage prend peu à peu ses marques. Parfois accompagné de blancs, comme dans une relation où l’on apprend à se découvrir.

Au bon souvenir des soirées de lycée, chacun réserve sa chambre d’occupation. Certains auraient aimé profiter des sièges molletonnés de la salle principale peu utilisés ces derniers temps. L’accès y était fermé. Les matelas se gonflent (pour les plus prévoyants) et les duvets se déplient. Le hall où les soirées animées de la maison du Peuple débutent et se clôturent, au pied du comptoir, prend la forme d’un dortoir.

Pour marquer leur empreinte dans ce mouvement, la présence nocturne des "non-essentiels" est primordiale. "C’est important de garder le liant. Si on part à 18 heures et qu’on revient le matin, ça n’aurait pas de sens. Ça permet aussi d’avoir le contact entre nous et de faire connaissance", justifient-ils. Quelques ronflements rythment la nuit alors que la soufflerie continue du bâtiment s’installe en bruit de fond. Aux premières lueurs du matin, les vers de terre formés par les sacs de couchage reprennent vie, l’odeur du café s’empare de la pièce. Les discussions ne tardent pas à reprendre. 7 h 30 : "Il faut qu’on fasse les banderoles "maison du Peuple occupée"", "Ce qu’on veut, c’est que les gens viennent à notre rencontre." La deuxième journée de mobilisation repart de plus belle.

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