Labels musicaux: Pauline Duarte, le monde de demain au féminin

  • Pauline Duarte a été citée par Variety parmi les femmes les plus influentes de la musique dans le monde.
    Pauline Duarte a été citée par Variety parmi les femmes les plus influentes de la musique dans le monde. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Avec elle, mentor s'accorde au féminin: Pauline Duarte, directrice d'un label, citée par Variety parmi les femmes les plus influentes de la musique dans le monde, ouvre son réseau à ses jeunes consoeurs à travers un programme dédié.

Le lundi 8 mars, journée des droits des femmes, a eu une saveur particulière. Le magazine Variety, bible américaine du spectacle, vient alors de consacrer son parcours et sa capacité à "briser les plafonds de verre". "Extrêmement fière !", glisse-t-elle sous ses fins cheveux bouclés.

Autre honneur: sept mois seulement après avoir pris la tête, à 39 ans, d'Epic France, label de musique urbaine de la major Sony, elle vient de décrocher dans cette écurie son premier N°1 des ventes, avec un de ses protégés, Gazo. Pas vraiment une surprise, puisque les disques d'or recouvraient les murs quand elle était à la tête de Def Jam France, label hip-hop d'Universal.

Mais si Pauline Duarte accepte de s'entretenir avec l'AFP, ce n'est pas pour prendre la lumière. La Française fonceuse grandie à Sarcelles (région parisienne) dans une famille aux racines capverdiennes veut avant tout parler de Mewem, programme de mentorat pour les femmes dans l'industrie musicale, qui la mobilise actuellement.

"Beaucoup de filles viennent de créer leur entreprise (dans la musique), le but est qu'elles ne lâchent pas. Car quand on arrive au niveau des postes de direction, les jeunes femmes disparaissent, elle sont invisibilisées. On est là pour leur donner les clés".

En 18 ans de carrière, Pauline Duarte a fini par prendre le trousseau entier. Enjambant obstacles et vexations. "Il y a tellement de préjugés. Avant que j'aie un poste de direction, on me disait +t'es une femme, t'es dépensière, tu ne sauras jamais gérer un label+. C'est aberrant !"

- Barrières mentales -

Jeune, femme et noire elle s'est parfois sentie bien seule dans les séminaires professionnels. Et il lui a fallu aussi arracher l'étiquette de pistonnée. Car parmi ses quatre frères et soeurs, il y a un certain Stomy Bugsy, rappeur célèbre dans les années 90. "J'entendais quand j'arrivais quelque part: +c'est la petite soeur de Stomy Bugsy, chut, on ne peut pas parler (rires)+, +c'est grâce à lui qu'elle est là+ (rires)".

Si son frère l'a "clairement aidée" pour un premier stage (pour faire des photocopies), elle a dû ensuite "prouver et travailler plus que les autres".

Tout en voyant s'ériger ces barrières mentales qu'elle espère éviter à sa mentorée. "Je me disais, +si je veux accéder à un poste de direction, je ne peux pas avoir un enfant, je ne vais pas être disponible et personne ne va me donner l'opportunité+". Morale de l'histoire: "c'est quand j'étais enceinte que j'ai été promue (chez Def Jam), comme quoi...".

Depuis, elle appuie sur le bouton de l'ascenseur social pour d'autres femmes dès qu'elle le peut. "Quand j'ai ouvert Epic, pour la direction marketing, j'ai dit +je veux une femme+. On ne m'envoyait que des profils d'hommes... Maintenant, on est trois +girls/boss+ (rires)".

- "Faire bouger les chiffres" -

"Les conseils de Pauline vont me faire gagner du temps", commente auprès de l'AFP Louise Bouchoucha, sa mentorée, à la tête de deux structures (Artichaut Prod et 386 Lab). "Pauline m'a transmise sa détermination, elle est féministe, et professionnellement, elle est impliquée dans les choix artistiques de son label: c'est la soeur de Stomy Bugsy, et pourtant elle n'a pas été vers du rap traditionnel, mais vers Gazo, qui cartonne en ce moment", salue-t-elle.

"Pauline, c'est une très bonne directrice artistique, elle gère une équipe, une stratégie et c'est une très bonne communicante", renchérit auprès de l'AFP Celine Lepage, déléguée générale de la Félin (Fédération des labels indépendants), derrière Mewem.

"On veut que des parcours comme le sien inspirent, on veut faire bouger les chiffres: il n'y a que 15% de femmes à la tête des labels", souligne la responsable de l'organe. "C'est maintenant que ça se fait, insiste Pauline Duarte. L'éveil il est là. Une femme présidente d'une maison de disques, j'espère que ça se fera rapidement".

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