Le Ruthénois Gilles Rolland a choisi l’écriture pour parler de musique, de cinéma, de voyages

"Les trente bonnes raisons de ne pas aller au Portugal". Tel a été le thème sur lequel Gilles Rolland a dû plancher quand il a frappé à la porte de Topito, en 2015. Créé sous la forme d’un blog, en 2006, par deux anciens salariés de Yahoo, ce site web d’infodivertissement est spécialisé dans la réalisation de classements en tout genre (humour, insolite, utile, voyages, parents...). Il s’est volontiers prêté au jeu pour décrocher la pige... à sa grande surprise, il a reçu "une flopée de menaces" ! Son cri d’amour, "contre-pied de ce qui se faisait ailleurs, qu’il ne fallait pas prendre au 1er degré", n’a donc "pas été unanimement apprécié". Ce qui n’a pas empêché Benoît Parizot et Laurent Moreau de l’intégrer à l’équipe de correspondants du titre.

Pour son baptême, il s’est penché sur "le top 10 des pires produits dérivés de films". Depuis quelques mois, au rythme de cinq tops par semaine, il se consacre (presque) exclusivement à la rubrique "voyages" et à son environnement : lieux, bonnes adresses, gastronomie, hébergement... Et l’Aveyron figure (très) souvent en bonne place : "J’ai toujours pensé que c’est mieux d’écrire sur ce que tu connais". Son département de naissance a même tiré la couverture à lui pour une formule spéciale, "Le top 10 des bonnes raisons de sortir avec un Aveyronnais", et fera partie de la prochaine livraison, qui aura pour sujet "Les coins de France les plus sous-estimés".

Un livre également, sorti en mars

Gilles Rolland est né à Rodez, le 3 mars 1979, à mi-chemin entre Sainte-Geneviève-sur-Argence, terre d’origine de sa mère, et Saint-Sernin-sur-Rance, pays des racines de son père. Après un court séjour à Onet-le-Château, le temps de l’école maternelle, il a grandi, dès le cours préparatoire, à Carmaux, où son père a trouvé un poste de boucher.

Après un parcours scolaire classique "et quelques mois en fac d’anglais à Albi", il a ouvert, en 2001, un vidéo-club à Carmaux. "Ce n’était pas le meilleur moment car on vivait le passage de témoin entre VHS et DVD, explique-t-il. J’ai vécu toutefois une superbe expérience car j’adore le cinéma et j’ai pris plaisir à baigner dans un univers où je me suis régalé". Après plusieurs vies professionnelles (ouvrier d’usine métallurgique, puis d’une extension de l’abattoir carmausin où il a conditionné la viande), après un crochet par Montpellier "où le temps était meilleur mais l’herbe pas plus verte !", celui qui a "toujours aimé écrire" a collaboré, à Albi, avec NewBox, un gratuit culturel.

Sa première pige a été une critique d’un concert de James Brown auquel il a assisté à Montauban. "C’était là, enfin, un vrai travail de journaliste, quelque chose de sérieux, se souvient-il, avec un grand sourire. Une première reconnaissance aussi". Tant et si bien que, en même temps qu’il s’est installé à Toulouse, il a volé de ses propres ailes, en donnant naissance au site onrembobine.fr, en janvier 2012, site qu’il qualifie, avec dérision, de "artisanal 2.0".

Comme il a plusieurs cordes à son art de l’écriture, Gilles Rolland est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, pour deux maisons d’édition : une sur le tourisme et pour Camion blanc, "l’éditeur qui véhicule le rock !". Après un coup de projecteur pop culture sur New York et Londres, celui sur Paris est dans les tuyaux. En attendant, il vient de sortir "Welcome to my jungle", un livre où il a compilé "cent albums de musique et les anecdotes très personnelles qui vont avec". Elles sont musicales mais également familiales. Comme celle, par exemple, où il a écouté pour la première fois le groupe Queen lors d’un trajet en voiture entre Rodez et Sainte-Geneviève. Tiens, tiens, il est question de l’Aveyron...