Baraqueville : Au Val de Lenne, le remblai de la discorde

Jusqu’à ce que les tractopelles investissent le chantier, au mois de mars dernier, le projet de 17 pavillons à loyer modéré, porté par Aveyron habitat, sur un terrain situé à l’intersection de la rue des Aubépines et de la route de Vors, ne semblait pas passionner un grand nombre de Baraquevillois, si ce n’est les riverains du lac du Val de Lenne.

En l’espace de quelques jours pourtant, au fur et à mesure que le terrassement prenait de la hauteur, de nombreuses interrogations et, surtout, contestations, sont apparues.

Une association créée 

Au point qu’une association, "Les amis du Val de Lenne", portée par quelques habitants du secteur, et notamment, Michel Ginestet, voit le jour afin de " pointer les dysfonctionnements " du projet et, dans la foulée, de " déposer un recours contre le permis de construire ". En cause ? "Un terrassement de 11 000 m3 de remblais ! Et forcément une défiguration du paysage et un environnement touché", souligne le porte-parole de l’association.

Avant de mettre en exergue quelques chiffres : "Il a ainsi été créé une colline artificielle de 160 mètres de long et plusieurs mètres de haut. Le niveau des faîtages de certaines constructions se situera à plus de 11 mètres au-dessus du sol naturel. Sachant qu’il existe 40 mètres de dénivelé entre ce terrain et le lac. Et sans oublier non plus que ce projet est illégal car il empiète sur la zone protégée de 300 mètres non constructible autour du plan d’eau."

Si les riverains, et au-delà pas mal de Baraquevillois qui ont signé, dans ce sens, une pétition lancée par l’association, sont en colère, ils ne sont pas pour autant "procéduriers" et sont "ouverts à la discussion avec Aveyron habitat". "Nous ne sommes pas contre ce projet, qui est tout à fait louable, mais nous ne pouvons pas l’accepter en l’état. Imaginez, le bureau d’études toulousain qui a été sollicité pour dessiner le projet n’est pas venu sur le site et ne savait donc pas qu’il existait un lac !"

"Juridiquement, je ne peux rien faire"

Contacté, et alors qu’il suit le dossier de très près, le maire Jacques Barbezange a multiplié les rendez-vous pour tenter de trouver une solution dans un dossier que la mairie ne porte pas. "En tant qu’élu, juridiquement, je ne peux rien faire. Mais, je fais confiance à Aveyron habitat et à Aveyron ingénierie, mandaté pour cela, afin de trouver une issue favorable."

Finalement, une première réponse est venue de Toulouse. Et plus exactement du tribunal administratif. Jeudi 20 mai, ce dernier, suite au recours déposé par l’association, a pris la décision de suspendre le chantier, en attendant d’y voir plus clair dans " un permis de construire aux zones d’ombre ", comme l’a fait remarquer Michel Ginestet. Après une réunion entre la mairie et l’association dès l’annonce du tribunal, la balle est désormais dans le camp d’Aveyron habitat pour "l’enlèvement de tout le remblai apporté artificiellement et le rétablissement du terrain dans sa pente naturelle".

Contacté hier après-midi, Jérôme Larochette, le directeur général d’Aveyron habitat, n’était pas disponible pour apporter son point de vue sur le dossier et la suite à donner au projet.