Les artistes aveyronnais se réjouissent à l'idée que toute la culture refleurisse

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  • Lionel Suarez and co.
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Rui Dos Santos

Musiciens, chanteurs, acteurs, comédiens ou bien auteurs, la grande famille de la planète culturelle a retrouvé le sourire. Cinq ambassadeurs témoignent...

Le Primaubois Yanik Vabre est actuellement en tournage à Bordeaux pour "Vestiaire", la série de France 2.	@IngridMareski
Le Primaubois Yanik Vabre est actuellement en tournage à Bordeaux pour "Vestiaire", la série de France 2. @IngridMareski

Yanik Vabre, auteur et comédien (Paris)

Originaire de La Primaube, où il a fait ses classes et ses premières armes (il a goûté à la scène dès le collège), issu du café-théâtre et du one-man-show, Yanik (avec un seul "n", il y tient !) Vabre commence par... s’excuser. "Je suis embarrassé de le dire comme ça mais la crise sanitaire n’a pas été trop dure pour moi professionnellement", glisse-t-il. Tout en détaillant dans la foulée : "En fait, je n’ai pas été impacté par le premier confinement car, à cette époque-là, j’étais dans l’écriture pour des commandes de la télévision".

"J’ai toutefois pensé très fort aux copains qui étaient dans le dur, poursuit-il. Et je dois avouer que, lors des trois premières semaines de cette période de sidération, mon emploi du temps avait beau être réglé, j’avais du mal à être efficace. Cette parenthèse de vie a ainsi provoqué des moments de latence". Il a dû aussi annuler quelques dates et en reporter d’autres de sa pièce, intitulée "

Pour vivre heureux, vivons couchés" (un coup de projecteur sur la crise... de la quarantaine ! ), qu’il avait jouée au théâtre d’Edgar à Paris et qui devait partir ensuite en tournée. Son retour sur le devant de la scène est prévu samedi 28 août à Saint-Victoret, dans les Bouches-du-Rhône. Et l’auteur primaubois de 46 ans a déjà coché des représentations, en Suisse, en février... 2023 !

En attendant, tout en lorgnant vers des vacances qu’il qualifie de "bien méritées" ("Je suis en bout de course"), Yanik Vabre tourne actuellement à Bordeaux des épisodes de la saison 11 de "Vestiaires", diffusée sur France 2 et où il interprète le rôle d’Olivier, le kinésithérapeute. L’Aveyronnais ("Ce n’est pas suffisant mais j’essaie de rentrer au moins deux fois par an car

j’ai ma famille à La Primaube") se consacre aussi à l’écriture : la saison 3 (soit 66 épisodes de 13 à 14 minutes) d’Askip, série pour les 8-12 ans, pour France Télévisions, ainsi que la saison 4 de "La petite histoire de France". Cette série sera tournée en août et proposée sur les écrans de W9 au début de l’année 2022.

L’accordéoniste Lionel Suarez est déjà tourné vers le Bretelle(s) festival, dont il organise la 3e édition, du 3 au 8 août, au château de Bertholène.	José A Torres
L’accordéoniste Lionel Suarez est déjà tourné vers le Bretelle(s) festival, dont il organise la 3e édition, du 3 au 8 août, au château de Bertholène. José A Torres

Lionel Suarez, accordéoniste (Paris)

Entrant tout de suite dans le vif du sujet, Lionel Suarez ne se sent "pas mieux ou moins bien loti" que la majorité des Français : "Bien sur, tout cela a été difficile, éprouvant, mais pour qui cela ne l’a pas été ?". L’accordéoniste aveyronnais, installé à Paris, a pris une grande décision : "J’avoue m’être éloigné des réseaux sociaux pendant cette période". Qu’il a consacrée à quoi ? "Cela a été l’occasion d’une introspection, d’une réflexion sur l’essentiel et le non-essentiel des choses", philosophe-t-il.

Et de poursuivre, sur le terrain davantage artistique : "J’ai la chance d’avoir été sollicité pour du travail en studio avec, notamment, Julien Clerc, Bernard Lavilliers, Roberto Alagna..., pour des musiques de films". Lionel Suarez se réjouit que "le monde du spectacle retrouve sa liberté" : "J’ai été invité par la Scène nationale d’Albi, le 19 mai, pour fêter le premier jour de réouverture, lance-t-il, avec un joli sourire. Quel soulagement de remonter sur scène et, en plus, de retrouver du public ! Ces milliers de petites choses qui rendent ce métier merveilleux".

Le musicien de 44 ans né à Rodez a aussi d’autres projets : "Dans l’immédiat, plusieurs lectures musicales avec Clotilde Courau, Anne Suarez, des concerts en Espagne et en Suisse". Sans oublier le Bretelle(s) festival, dont il est le fondateur. La troisième édition aura lieu du 3 au 8 août au château de Bertholène. Le programmation complète a été dévoilée vendredi, à Station A, dans l’ancien haras de Rodez. "J’ai l’impression de voir enfin un peu de lumière au bout du tunnel... Tout en espérant que ce ne soit pas celle d’un train à l’approche !", conclut Lionel Suarez, dans un éclat de rire.

La soprano Delphine Mègret.
La soprano Delphine Mègret.

Delphine Mégret, chanteuse soprano (Moissac)

"Les répétitions ont repris voilà quelques jours. ça nous remet dans le bain. On se sent mieux". Tout en étant plongée dans les travaux de sa nouvelle maison (elle a quitté Perpignan fin 2020 pour s’installer à Moissac), Delphine Mégret redonne donc de la voix. Le sourire est revenu. Quand le premier confinement a frappé à la porte, la soprano, née à Pont-de-Salars, qui a grandi à Souyri, sur la commune de Salles-la-Source, en faisant ses classes à l’école de musique à Rodez, s’est retrouvée, selon ses propres termes, "à l’arrêt".

"Tous les projets sont tombés à l’eau et on a trouvé un peu de réconfort et d’espoir dans ceux qui ont été seulement reportés, note-t-elle. C’était très éprouvant psychologiquement, avec cette sensation de ne pas savoir où on allait. Notre métier est tel qu’on est souvent dans l’attente, c’est une incertitude qu’on connaît bien mais là, elle était multipliée par dix !". Les premières semaines, Delphine Mégret a rangé les partititions. "J’ai tout arrêté totalement, je n’avais plus envie, confirme l’intéressée. J’attendais. Et ce n’était pas désagréable de faire autre chose". Elle a retrouvé le goût, "petit à petit", encouragée aussi par "de belles surprises". Venant, par exemple, de Sylvanès, où elle a été sollicitée davantage que prévu avec "trois beaux concerts au lieu d’un".

Elle retrouvera d’ailleurs l’abbaye cistercienne sud-aveyronnaise pour trois dates cet été : les 13 et 15 août, en tant que soliste, dans la création de Michel Piquemal sur Haydn ; le 18 août, dans "Héroïnes", un récital sur des airs d’opéra (Mozart et Haendel) accompagnée par sa sœur Shina au violoncelle et par éric Laur au clavecin. "C’est un énorme soulagement !", assure-t-elle.

Antoine Berlioz.
Antoine Berlioz.

Antoine Berlioz, altiste (Marseille)

"C’est bien simple : pendant le premier confinement, je n’ai rien fait". Pire, la crise sanitaire a joué des tours à Antoine Berlioz. Le Sébazacois, qui a fait ses gammes au Conservatoire de l’Aveyron, créé par son père Jean-Pierre en 1988 (l’année... de sa naissance), a ainsi dû prendre son mal en patience avant d’intégrer l’orchestre philarmonique de Marseille.

Son alto rangé avec précaution dans son étui, il avait trouvé "deux autres occupations" : "J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir sur ma relation à la musique. J’ai pris (encore plus) conscience que c’est un vrai besoin. Et je me suis remis aussi à chanter, une activité que j’avais abandonnée depuis une dizaine d’années".

Antoine Berlioz est "un musicien cérébral" ! Qui aime créer, "même si on ne joue pas dans une grande salle". En attendant les Chorégies à Orange, avec une date prévue samedi 31 juillet, le Sébazacois devrait se produire à Marseille, avec l’orchestre philarmonique, vendredi 11 et dimanche 13 juin. Il croise les doigts ! "Pendant cette longue hibernation, on a affûté nos armes. On vit donc ces retrouvailles comme un printemps, se réjouit-il, avec impatience. La motivation est double : retrouver les collègues et communier avec le public".

Pauline Moulène.
Pauline Moulène.

Pauline Moulène, actrice de théâtre et cinéma (Paris)

à l’affiche du film "Les parfums" en 2020, où elle jouait Jeanne, sur une réalisation de Grégory Magne, avec Emmanuelle Devos (la bande originale a été signée par Gaëtan Roussel, un autre Ruthénois), Pauline Moulène a, en revanche, fait une croix sur le théâtre. Pas de planches à brûler ! L’actrice originaire de Laissac doit prendre son mal en patience et remontera sur scène à l’automne 2021 avec une création de Silvia Costa, "La femme au manteau", à la Comédie de Valence, dans la Drôme. Elle émet d’ailleurs "quelques doutes sur le réveil de la culture" : "La reprise ne sera pas immédiate car c’est beaucoup trop tard pour la plupart des compagnies". Sans parler de l’embouteillage des spectacles. Alors qu’elle a eu la chance de prêter sa voix, travaillant "de manière assez régulière", elle espère aller cet été au festival d’Avignon... En spectatrice !

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