Néodyme, praséodyme, dysprosium... Des "terres rares" cruciales à l'économie de demain

  • L'US Geological Survey estime à 120 millions de tonnes les réserves mondiales, dont plus du tiers, 44 millions de tonnes, se trouverait en Chine, 22 millions au Vietnam, 21 millions au Brésil, 12 millions en Russie et 7 millions en Inde.
    L'US Geological Survey estime à 120 millions de tonnes les réserves mondiales, dont plus du tiers, 44 millions de tonnes, se trouverait en Chine, 22 millions au Vietnam, 21 millions au Brésil, 12 millions en Russie et 7 millions en Inde. davidf / Getty Images
Publié le
Relaxnews

(AFP) - Quel lien entre un drone, une éolienne, une lentille de télescope et un avion de chasse? Ils nécessitent des terres rares dans leur fabrication, des minéraux au coeur de la stratégie de reconquête américaine et européenne face à l'hégémonie de Pékin. Explications.

- D'où viennent-elles?

Les terres rares sont composées de 17 matières premières, découvertes à la fin du XVIIIe siècle en Suède, possédant chacune des propriétés particulières.

Bien qu'elles aient des propriétés différentes, ces éléments ont été regroupés sous une même appellation car souvent présents dans les mêmes sols.

Une fois le minerai récupéré dans la terre, il doit faire l'objet d'un traitement de "séparation", le fait de distinguer les différents minéraux, par le biais d'opérations chimiques impliquant parfois des acides.

- Sont-elles vraiment rares ?

Elles sont en fait plutôt abondantes sur la planète.

L'US Geological Survey estime à 120 millions de tonnes les réserves mondiales, dont plus du tiers, 44 millions de tonnes, se trouverait en Chine, 22 millions au Vietnam, 21 millions au Brésil, 12 millions en Russie et 7 millions en Inde.

"Plus la demande progresse pour ces matières premières, plus les gens en cherchent et plus ils en trouvent. Le problème est davantage dans la relation entre le coût d'extraction et le prix de marché", analyse John Seaman, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

- Pourquoi sont-elles si particulières?

Chacun de ces minéraux a son utilité pour une industrie, entre l'europium utile aux écrans de télévision, le cerium pour le polissage du verre, ou le lanthane pour les catalyseurs dans les moteurs à essence.

"Certains sont plus ou moins irremplaçables, ou alors à des coûts élevés", note John Seaman auprès de l'AFP.

Irremplaçables car leurs propriétés sont parfois uniques. Ils sont par exemple privilégiés dans la fabrication des aimants que l'on retrouve dans les éoliennes en mer, grâce aux qualités du néodyme et du dysprosium.

Une fois installés, les aimants nécessitent peu d'entretien, évitant les désagréments de ces installations loin de la côte, et affichent de fortes performances.

- La Chine en pointe, l'Occident à la traîne ?

Le pays est richement doté mais sa domination est "l'aboutissement d'une politique industrielle à long terme et les avantages tirés d'un retard dans la régulation des industries extractives", souligne Jane Nakano, chercheuse à Washington pour le Centre international d'études stratégiques (CSIS).

Pékin a su, au fil des années et des investissements publics massifs, maintenir un large réseau de raffinage des matériaux bruts, amenant aujourd'hui de nombreux producteurs sur la planète à y exporter leurs minerais, notamment les Etats-Unis.

La Chine a par ailleurs déposé davantage de brevets dans les terres rares que l'ensemble du reste du monde réuni, souligne Mme Nakano. Cette domination s'est faite toutefois au prix d'un lourd tribut environnemental.

- Relocaliser, pourquoi ?

Entre les bisbilles commerciales et géopolitiques, les tensions entre la Chine et l'Occident sont nombreuses, menaçant parfois de basculer. Bruxelles et Washington sentent l'urgence à diversifier leurs approvisionnements sur ces matières premières essentielles.

Les craintes de blocages sur ce secteur stratégique sont par ailleurs fondées sur un douloureux précédent au Japon: Tokyo a vu son robinet de terres rares coupé par la Chine en 2010 raison d'un conflit territorial.

Le pays a depuis diversifié sa chaîne de production, en passant des accords avec l'entreprise australienne Lynas en Malaisie et en développant sa filière de recyclage.

Aux Etats-Unis une autre alerte s'est produite, lors de la guerre commerciale avec Pékin. En mai 2019, le président chinois Xi Jinping avait publiquement visité une usine de terre rare, un acte interprété comme une menace voilée d'embargo.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?