Escrime : l'Aveyronnais Bruno Gares, président de la fédération : "J’ai tenu mes promesses"

Abonnés
  • "Je me suis tapé dix mois de mandat en pleine pandémie", souligne Bruno Gares.
    "Je me suis tapé dix mois de mandat en pleine pandémie", souligne Bruno Gares. JLB
Publié le

Après un peu plus d’un an à la tête de la fédération, le Castonétois Bruno Gares, de passage à Rodez dimanche, dresse un premier bilan.

Pourquoi êtes-vous présent au Challenge Horvath ?

J’ai toujours dit que je serai un président de terrain. Dans le cadre de cette politique de proximité, je fais le tour de la France pour voir comment les ligues, les compétitions régionales, les clubs… se portent. La dernière semaine d’octobre, j’étais à Lisieux (Calvados), samedi soir, j’étais à Nantes et aujourd’hui (dimanche), je suis donc à Rodez. C’est aussi l’occasion de revenir chez moi pour voir ma famille et mes amis. (sourire)

La compétition ruthénoise est désormais une manche du circuit régional qualificative pour le national, notamment senior.

Comme 35 compétitions prévues au calendrier de la coupe du monde ont été annulées à cause de la crise sanitaire, les escrimeurs sélectionnés en équipe de France peuvent nettement moins se frotter au niveau international. Alors, on augmente celui des épreuves nationales pour qu’ils puissent tirer sur des standards similaires en compétition. Elles ne sont donc plus ouvertes comme avant. Pour s’y qualifier, il faut désormais passer par le circuit régional. Ce dernier ne comportant pas assez d’épreuves, l’Escrime Rodez Aveyron a donc été choisie pour en organiser une. Ces événements permettent aussi de dynamiser les régions en permettant à nos licenciés de sortir plus souvent de leur département pour avoir davantage droit à de meilleures oppositions. On donne plus de saveur à la victoire et ce dès le plus jeune âge. Cette mesure a été votée pour un an, mais on la prolongera certainement. Pour les prochaines saisons, on ouvrira peut-être un peu plus les compétitions nationales en passant de 112 à environ 140 qualifiés.

L’escrime manque-t-elle encore trop de visibilité ?

C’est vraiment le problème de notre sport, mais ces nouvelles épreuves régionales permettent de le mettre plus en lumière. Dans ce sens, on demande aussi aux clubs de continuer à proposer de pratiquer en extérieur quand c’est possible (ce qui avait été imposé par la fermeture des salles de sport à cause des restrictions sanitaires). Car on doit récupérer des licenciés. Leur nombre, autour de 41 000 comme l’an dernier, est loin de celui qu’on a habituellement en sortie de Jeux olympiques, soit de 55 000 à 60 000. La pandémie nous en a fait perdre essentiellement chez les moins de 20 et 17 ans.

Comment avez-vous aidé les clubs ?

Financièrement, la fédération a maintenu ses aides (1,3 million d’euros) et le budget du Projet sportif fédéral a été augmenté de 30 % par l’État. Nous avons aussi travaillé avec les instances du judo pour former plus d’entraîneurs. Mais le problème, c’est que 66 % de nos maîtres d’armes ont plus de 62 ans, c’est une catastrophe. Il y en a de moins en moins, donc nous allons vite lancer un plan d’urgence de formation et d’accompagnement destiné aux clubs. Nous avons plusieurs pistes pour établir sa composition, mais je ne les communiquerai pas. Concernant les équipes de France, j’ai fait revenir les meilleurs coaches du monde : Hugues Obry (manager de l’épée masculine), qui s’occupait de la sélection chinoise, Hervé Faget (manager de l’épée féminine), de celle de Suisse, et Pierre Guichot (directeur des équipes de France), revenu d’Allemagne où il entraînait l’équipe nationale féminine de sabre. J’ai donc tenu mes promesses depuis mon élection, en septembre 2020.

Les Jeux olympiques 2021 et 2024

"Cinq médailles à Tokyo, c’est bien, mais ce n’est jamais suffisant. On est en train de mettre en place une structure, avec un data scientist (scientifique des données) et un meilleur accompagnement au cas par cas, pour que nos sportifs réussissent mieux les épreuves individuelles (l’or en épée masculine et le bronze en sabre féminin au Japon). On se rend compte qu’on est en retard sur leur suivi socio-professionnel et qu’on entraîne peut-être aussi des groupes trop importants (à l’Insep), donc ils pourraient être resserrés. Mais nos escrimeurs de haut niveau devraient pouvoir vivre de leur sport. Le problème, lié à notre manque de visibilité, c’est qu’ils n’ont pas assez de contrats de cession de droit à l’image par rapport à ce qu’on peut voir dans d’autres disciplines. Des sociétés pourraient s’en servir pour leurs intérêts et rémunérer nos athlètes en échange. Pour ce faire, on les aide en leur obtenant des rendez-vous avec des chefs d’entreprise.Pour Paris 2024, j’ai fixé l’objectif de deux médailles par arme (soit six au total) et je pense qu’on peut finir première nation (deuxième derrière la Russie cet été), mais ça ne veut pas dire qu’on va y parvenir. Si je ne suis pas exigeant, comment voulez-vous qu’on fasse mieux qu’à Tokyo ? Avoir ces ambitions permet aussi d’établir un plus gros budget pour se donner de meilleures chances d’aller décrocher ces victoires."

La salle d’armes de l’Escrime Rodez Aveyron

"Je trouve dommage que l’Escrime Rodez Aveyron ne puisse toujours pas disposer d’une nouvelle salle d’armes. Pour un club de ce niveau, il n’est pas gâté…" Le constat du président de la fédération, qui a aussi été directeur technique et maître d’armes de l’Era de 2001 à 2016, est partagé par nombre de licenciés et bénévoles, dont le vice-président Jean-Michel Goubert. "On a une salle qui fait pitié par rapport au club qu’on a", confiait-il en août. L’ancienne présidente, Florence Pinier, prolongeait : "Christian Teyssèdre (le maire ruthénois) promet depuis un certain nombre d’années que l’escrime va avoir une nouvelle salle, mais il ne précise jamais la date." "Il faudrait que ce soit inscrit au Plan pluriannuel d’investissement parce que les promesses…, sourit Bruno Gares. Mais c’est dommage que la municipalité n’en ait pas construit une en vue des JO 2024 parce qu’elle aurait été subventionnée."Avant de conclure : "La stagnation amène à la régression. Au bout d’un moment, les bénévoles s’épuisent. Rodez est l’un des meilleurs clubs d’épée du pays, mais régresse parce que ses locaux ne lui permettent pas d’aller chercher plus haut. Selon une enquête indépendante, un mauvais équipement est un vrai frein au développement, à l’inscription de nouveaux licenciés… et peut même faire fuir ceux qui sont déjà là." Le message est passé.
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Francis_LP Il y a 2 années Le 16/11/2021 à 22:10

Fanfaronnade totale. Il ne tient pas ses promesses ni ses engagements de campagne. Honte à vous et votre équipe !