Jules Roux, du Roots’Ergue à Sauveterre aux Victoires de la musique avec Ben Mazué

Il a des connexions dans la France entière. Quand on va déjeuner au resto, une fois sur deux, il mange à part, en tête à tête avec le patron, parce que c’est son oncle ou son cousin. Grâce à lui, j’ai appris que l’Aveyron, en fait, c’est la Calabre française. Son pouvoir ? Sa douceur. Ses faiblesses ? Le farçou, le laguiole (à ne pas confondre avec le cantal malheureux), la soupe au fromage (qui n’a de soupe que le nom) et le gâteau à la broche".

Cet hommage à "un Aveyronnais pur jus" est signé Ben Mazué en guise de clin d’œil à Jules Roux. Lauréat de la catégorie "concert, spectacle musical et tournée" aux récentes 37es Victoires de la musique, servies à la Seine musicale à Boulogne-Billancourt, le Niçois, dont le quatrième album baptisé "Paradis" enregistre un beau succès populaire, a tenu à adresser un petit mot à tous les membres de son équipe. Dont son assistant-régie, qui a vu le jour en Aveyron.

L’intéressé a apprécié cette délicate attention : "ça m’a beaucoup touché. Cette sincérité lui colle à la peau. Je l’ai découvert sur Instagram et, comme tout le monde, ça m’a fait sourire. C’est une belle surprise. Je me suis reconnu. Avec cet humour qui le caractérise, il a tapé dans le mille !".

Si elle a donné lieu à ce beau message d’amitié, cette Victoire de la musique, décrochée aux dépens d’Hervé et de Woodkid, a-t-elle changé quelque chose ?

"Nous étions en résidence cette semaine à Limoges pour préparer la tournée des Zénith qui débute fin mars et les festivals de l’été (dont Sauveterre-de-Rouergue le 4 août, NDLR), après 80 dates, ce trophée a redonné de l’énergie, un second souffle, à l’équipe", assure l’Aveyronnais.

Jules Roux est né à Rodez, en 1993, mais il a grandi à Sauveterre-de-Rouergue, où sa mère tenait la pharmacie, bercé par les premières éditions du Roots’Ergue, événement organisé par l’Association jeunesse, arts et loisirs (Ajal), créée en 1966, entrée ensuite en hibernation en 1988 et dont le réveil a sonné en 2003.

"J’avais un regard d’enfant, se souvient-il. Je voyais que le village s’animait, avec des concerts réputés". Il ne savait pas encore que ces soirées festives allaient jouer un rôle majeur dans la suite de son parcours... Quand sa mère a acheté, à Jean-Luc Sober, manager du club de volley-ball du Carladez, la pharmacie d’Entraygues, toute la famille a posé ses valises au confluent du Lot et de la Truyère. C’est là que, "avec tous les copains, on a répondu à une invitation de la mairie pour mettre en œuvre une animation".

Le festival Rastaf’Entray venait de naître. "J’avais 15 ans mais je savais que je voulais bosser là-dedans, révèle-t-il. Je me suis investi à fond et j’ai pris la présidence de l’association". Le virus circulait dans ses veines depuis qu’il était enfant et il a retrouvé la même atmosphère en terre entrayole. Autodidacte, il goûtait à la chance de passer par tous les postes : organisation d’événements, aspect musical, technique, administratif...

"C’était une bonne école", assure l’intéressé, avec du recul. Son bac S en poche, décroché au lycée François-d’Estaing à Rodez, il a rejoint Toulouse pour étoffer son bagage avec de la médiation culturelle, sous la forme d’une licence. "J’aimais beaucoup le terrain, souligne-t-il. Du coup, dès que j’ai pu trouver du boulot...".

Comme il n’avait pas coupé les ponts avec le pays, il a effectué un retour aux sources pour son premier poste, "embarquant dans le bâteau Ajal à Sauveterre, pour devenir le premier salarié de l’association". Association qu’il a quittée voilà deux ans : "Le projet a grandi, moi aussi... De fou !".

Avec un profil 360° et un passage par Issoudun pour une formation professionnelle reconnue, "dont je rêvais depuis tout jeune", Jules Roux a décidé d’écrire "une nouvelle histoire" : "Je suis intermittent du spectacle avec la régie comme cœur de métier".

Et il a pu exprimer tout son potentiel sur la tournée de Ben Mazué, à l’affiche le 4 août à Sauveterre-de-Rouergue pour la Fête et détours de la lumière. Une soirée pour laquelle il s’est demandé quelle tenue il allait revêtir : celle de celui qui accueille ou de celui qui est accueilli. Il a tranché : "Je me suis fait remplacer au sein de l’équipe technique de Ben Mazué ce soir là et j’enfilerai ainsi ma casquette de bénévole Ajal". Jules Roux conclut, ému et avec le sourire : "La boucle sera bouclée !".