Chez Salomon, la Ruthénoise Morgane Vernic annonce la couleur

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  • Après Decathlon ou Adidas, Morgane Vernic a rejoint l’Annecy Design Center de Salomon en septembre 2019. @MV Après Decathlon ou Adidas, Morgane Vernic a rejoint l’Annecy Design Center de Salomon en septembre 2019. @MV
    Après Decathlon ou Adidas, Morgane Vernic a rejoint l’Annecy Design Center de Salomon en septembre 2019. @MV
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Aurélien Delbouis

CMF designer chez Salomon, Morgane Vernic occupe un poste-clé dans le positionnement de la marque et l’élaboration des produits auxquels elle apporte toute sa créativité. Passée par Decathlon et Adidas, la Ruthénoise a rejoint depuis 2019 l’Annecy Design Center de la "petite entreprise" de 700 salariés créée en 1947 au cœur des Alpes françaises.

La façon dont un produit se présente, se perçoit ou se comporte influence évidemment son succès. Dans le champ du développement de produits, ces caractéristiques sont désignées par CMF, l’abréviation de "Couleurs, Matériaux et Finitions". Quel est le rôle d’un CMF designer chez Salomon ?

Pour bien comprendre, Salomon se décompose en 3 univers ou "business unit" : la partie "Apparel", les vêtements, la partie "Footwear", les chaussures et la partie "Winter Sports", les sports d’hiver, dans laquelle j’évolue. J’interviens donc en priorité sur les chaussures de ski, les skis… Je donne aussi un petit coup de main sur la partie "protective" : les masques, les casques, les bâtons…

Quel que soit le produit, l’approche est identique. Un "designer produit" dessine les chaussures et c’est à moi ensuite d’appliquer les bonnes couleurs après avoir préalablement fait des recherches de tendances, de style, de consommateurs – leurs attentes – de marchés. Le marché européen par exemple est très différent du marché américain : ce n’est pas la même façon de skier, d’appréhender la discipline, pas la même envie, pas le même budget… Les couleurs des produits seront donc très différentes : plus marquées pour le marché européen, on dira plus "sportives" avec du rouge, du bleu, du jaune. Elles seront plus sobres pour le marché américain avec des teintes plus naturelles, pastels, désaturées : du marron, de l’orange..

Vous êtes sensible aux tendances qui par définition évoluent aussi rapidement…

C’est le cas oui. Le bleu qui était par exemple très européen s’exporte aujourd’hui très bien dans le milieu freestyle américain. Les choses évoluent vite, c’est vrai. C’est pourquoi je voyage beaucoup. Ça change tout le temps, à nous de nous adapter. Mais l’avantage de l’univers du "winter sports" c’est que ce milieu a tendance à suivre des tendances déjà très marquées. L’innovation vient surtout du produit lui-même, de sa technicité. Dans ce cas, la couleur ne doit pas être la raison de ne pas acheter : "the reason to not buy".

Votre rôle s’arrête là ?

Non. Il faut compter presque trois ans entre le lancement d’un produit et sa mise sur le marché. Une fois le dessin abouti, on envisage les couleurs, on les teste. On fait ensuite la tournée des "shops" qui représentent notre marque. Dans les Alpes françaises, en Suisse, en Autriche, aux États-Unis. En fonction des retours on peut réorienter un projet ou lancer la production. On présente enfin – c’est le cas aujourd’hui pour la collection 2023 – tous les produits à nos représentants mondiaux.

Les entreprises, à plus forte raison celles qui évoluent dans le monde du outdoor, modifient leur processus pour être en accord avec le développement durable, le respect de l’environnement, l’écologie. Comment ces préoccupations se traduisent chez Salomon ?

C’est une nécessité qui se traduit de différentes manières. Pour ma partie, on supprime les encres très chimiques et polluantes au profit de solutions plus aqueuses. On fait aussi en sorte d’utiliser la même couleur plusieurs fois à différents endroits pour qu’il n’y ait qu’un seul développement. Mais c’est surtout sur la partie textile – les chaussons des chaussures de ski – que je peux davantage m’exprimer avec l’emploi de textiles recyclés, biosourcés. Je fais chaque année la tournée des salons, des fournisseurs pour voir aussi quelles sont les nouveautés.

Decathlon, Adidas et maintenant Salomon. Des marques résolument sportives. C’est aussi votre cas ?

Pas vraiment (rires). Après mes études de coloriste à Rodez puis mon master à Montauban, j’ai fait un stage chez Decathon et je n’ai plus jamais quitté le monde du sport. Ce qui est assez surprenant me connaissant, n’étant pas une grande fan. On plaisantait même très souvent à ce sujet avec mon père. Que ce soit du foot chez Adidas ou du ski chez Salomon, je m’y intéresse sans m’y intéresser… J’ai appris à skier à Laguiole, ce n’est pas le Mont Blanc, c’est vrai (rires). Mais encore une fois, je pense qu’il n’y a pas besoin d’être passionné par le sport pour s’exprimer dans le design.

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