Decazeville : le groupe Cantos a réussi sa transition économique vers les énergies renouvelables

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  • Le siège du groupe familial est toujours installé à Decazeville.
    Le siège du groupe familial est toujours installé à Decazeville.
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Guilhem Richaud

Longtemps, la famille Cantos, originaire du Bassin, a été à la tête d’un important réseau de blanchisseries industrielles. Mais au tournant des années 2000, les dirigeants ont fait le choix de se tourner vers les énergies renouvelables : l’hydroélectrique et l’éolien. Aujourd’hui, les différentes entités du groupe familial sont sous la marque Ondulia.

Il est tombé dedans quand il était petit. Lilian Cantos est aujourd’hui la tête du groupe familial Ondulia. A Decazeville comme dans tout l’Aveyron, tout le monde ou presque connaît la famille Cantos. En 1946, les grands-parents, Henri et Madeleine ouvrent une première laverie, à Decazeville, pour laver le linge des mineurs célibataires.

Très vite, le père Manuel et son frère, Robert rejoignent l’entreprise familiale qui se développe petit à petit avec des implantations dans tout le sud de la France. C’est donc naturellement que Lilian Cantos est rentré à son tour dans l’entreprise. Et très vite, il s’est intéressé aux possibilités de diversification. Et la décision est prise d’investir dans les énergies renouvelables. " On a fait un premier saut en 1998 en rachetant nos quatre premières centrales, se souvient-il. On n’était pas les premiers puisque l’énergie hydroélectrique et les barrages, en Aveyron, on connaît depuis longtemps. En revanche, dans le monde de l’éolien, en 2001, quand on a acheté notre premier parc éolien, dans l’Aude on était des pionniers. Et depuis, régulièrement, on en achète de nouveaux. "

De l'électricité pour 80000 à 100000 personnes

Voilà comment en un peu plus de 20 ans, l’entreprise est passée de la blanchisserie industrielle à la production d’électricité. Activité qui est devenue encore plus importante après la revente en 2004 de toutes les blanchisseries. Aujourd’hui, le groupe, dont le siège est toujours à Decazeville, est installé dans neuf départements, et, gère, via diverses filiales regroupées sous la marque Ondulia, dix centrales hydroélectriques, huit parcs éoliens, un toit photovoltaïque.

De quoi produire de l’électricité pour entre 80 000 et 100 000 personnes. Une réussite non négligeable pour un groupe familial au milieu des géants du secteur. " Même si nous aurions pu aller plus vite dans notre développement, nous n’avons pas voulu nous pacser avec de grands groupes industriels, reprend Lilian Cantos. On a des amis qui ont commencé beaucoup plus tard et qui ont voulu se pacser avec des gros groupes, comme Total ou EDF, qui ont beaucoup d’argent, mais qui ont besoin de s’appuyer sur des bureaux d’études. Pour eux, c’est plus facile d’acheter un bureau d’études existant en prenant 70 ou 80 % des parts. L’entreprise a alors les fonds pour avancer. Mais au bout de quelques années, le bureau d’études est devenu tellement gros que les groupes industriels rachètent complètement et les fondateurs peuvent prendre leur retraite. Nous, ce n’est pas notre politique. On veut rester un groupe familial, on veut que nos enfants prennent la relève et c’est pour ça qu’on a eu un développement raisonné."

Un projet de développement par an

Celui-ci se fait sur la base d’un projet par an que ce soit en achetant ou en créant une nouvelle centrale, en installant de nouvelles éoliennes, ou en remplaçant des machines existantes par de nouvelles, plus modernes et plus efficientes. "Ce n’est pas facile parce que quand on négocie des prix avec des fournisseurs d’éoliennes, on ne peut pas avoir les meilleurs prix par rapport à ceux qui installent 100 machines. Nous, on en fait quatre. C’est un inconvénient. Même au niveau administratif, pour les gros groupes, tout peut aller très vite. Pour nous, c’est plus lent." D’autant plus qu’il s’est fait pour habitude dans l’éolien, d’éviter au maximum les projets qui pourraient rencontrer de la contestation. "On ne veut pas se mêler des guerres avec les opposants, reprend Lilian Cantos. On intervient après la délivrance de toutes les autorisations, quand le projet est bon à construire et purgé de recours. C’est à ce moment-là qu’on achète des dossiers."

Un potentiel de développement important

Pour autant, le chef d’entreprise reste persuadé que l’Aveyron doit encore davantage développer son réseau éolien. "Ce qui est certain, c’est que les Aveyronnais considèrent qu’ils ont déjà amplement participé à l’effort national concernant l’éolien. C’est leur raisonnement, mais moi, ça ne me plaît qu’à moitié. Car plus il y a d’énergie renouvelable, plus ça va rapporter de l’argent. Je ne vois pas pourquoi, dans le département de l’Aveyron, s’il y a de la place, on n’en mettrait pas plus. S’il y a une opposition, il faut discuter, mais il faut bien avoir en tête quels sont les enjeux." Et de rappeler l’intérêt pour les communes : "L’Aveyron peut en profiter. Il y a un potentiel important. Sur le Larzac notamment. Il y a là-bas le potentiel pour produire 1 000 MW, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire. Une machine rapporte, en taxes pour les collectivités. Par an, cela représente 7 000 € par mégawatt. C’est titanesque. " Le groupe Cantos, qui réalise, toutes entités confondues, entre 20 et 25 M€ de chiffre d’affaires annuel en a conscience et ne compte pas stopper son développement, que ce soit dans l’hydraulique (lire page suivante) ou dans l’éolien.

Une centrale ultramoderne entre le Lot et l’Aveyron

En 2015, Lilian Cantos a lancé un projet qui est sur le point d’aboutir. Il souhaite construire, une nouvelle centrale hydroélectrique multi-usage à la frontière de l’Aveyron entre les communes de Cuzac (Lot) et de Bouillac (Aveyron). "En même temps, on souhaite construire une écluse qui devrait permette d’agrandir le tronçon navigable de 11 km, détaille Lilian Cantos. On va également continuer la voie verte jusqu’à Capdenac et agrandir le plan d’eau ce qui pourrait permettre le développement de nouvelles activités sportives et de loisirs. Il y aura également une passe à poissons et un barrage à clapet qui doit permettre d’atténuer les crues."

Le dossier est lourd et coûteux puisque l’entrepreneur a chiffré l’investissement à hauteur de 25 M€. C’est le prix pour permettre notamment l’installation de turbines de dernière génération silencieuses de 4 MW qui pourront produire de l’électricité pour environ 8 000 personnes. Le tout sur un fleuve dont on ne peut évidemment pas couper le débit et donc avec un chantier en trois phases. Le projet est déjà bien avancé, et s’est fait en concertation avec les pouvoirs publics.

L’enquête publique est en cours de préparation et pourrait démarrer, si tout va bien au début de l’année 2023 avec une mise en service espérée avant 2030. "Les retombées économiques sur le territoire sont importantes : les entreprises locales pourraient être concernées par l’essentiel de l’investissement total, assure le chef d’entreprise, reprend le chef d’entreprise. Sans compter les retombées fiscales tout aussi importantes". Cette centrale serait la troisième du groupe familial en Aveyron avec celle d’Espeyrac sur la Daze et celle d’Entraygues sur la Truyère. Au niveau de l’éolien, la famille Cantos possède quatre éoliennes au sein du parc Cabreirens, à Salles-Curan et quatre autres à Sévérac-d’Aveyron.

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