La Nayracoise Sarah Vernhes, une journaliste tout terrain, qui s’est tournée vers le cinéma

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  • Originaire du Nayrac et installée à Paris, la journaliste, scénariste et réalisatrice Sarah Vernhes (à gauche) a tourné son deuxième court-métrage, intitulé "Deux sœurs", en 2022. Elle échange ici avec la comédienne Agathe Thubert.
    Originaire du Nayrac et installée à Paris, la journaliste, scénariste et réalisatrice Sarah Vernhes (à gauche) a tourné son deuxième court-métrage, intitulé "Deux sœurs", en 2022. Elle échange ici avec la comédienne Agathe Thubert.
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Agée de 32 ans, la jeune femme est journaliste, réalisatrice, scénariste, installée à Paris.

Interne au lycée Immaculée-Conception à Espalion, Sarah Vernhes rentrait toutefois tous les mercredis à la maison, au Nayrac. Elle n’a pas oublié un événement en particulier : "Je me suis installée, à l’avant, à côté de mon père, et je lui ai dit "J’ai faim". En guise de réponse, il m’a posé sur les genoux une pile de journaux qu’il venait d’acheter, dont "Le canard enchaîné" auquel il était fidèle toutes les semaines. Il m’a juste glissé "Régale toi avec cette nourriture de l’esprit". J’ai suivi son invitation à la lettre et j’ai ainsi dévoré l’hebdo satirique".

Si elle peut paraître anecdotique, cette scène a pourtant changé la vie de l’adolescente. Elle a, en tout cas, été, inconsciemment ou pas, "le déclic de mon orientation". Née à Rodez, en 1990, mais ayant grandi au-dessus d’Estaing, en terre nayracoise, dans la ferme familiale, elle a eu "très tôt, l’envie de faire du journalisme". "Dès la fin du collège, confirme l’intéressée. Je voulais rencontrer des gens, raconter des histoires. Je rêvais, notamment, de devenir reporter de guerre". Abonnée par ses parents à "Courrier International", elle se réjouissait de "cette importante ouverture sur le monde".

En Terminale, "l’idée d’embrasser ce métier est devenue plus précise dans ma tête". "On peut même parler d’impatience, reconnaît-elle. Grâce, en particulier, aux cours de géopolitique de M. Espinasse, mon professeur d’histoire". Son bac série ES (économie et social) en poche, l’Aveyronnaise a intégré l’école de journalisme de Nice : "Je ne me voyais pas faire une prépa, ni une faculté. Du coup, j’ai intégré l’établissement niçois car il prenait en post-bac direct". Un autre aspect a aussi compté : "Il y avait davantage de pratique que de théorique. On faisait, au moins, un reportage par semaine, sur le terrain. Ma philosophie est de dire "Il faut faire les choses". J’ai beaucoup appris durant trois ans".

Montant alors à la capitale, elle a débuté par des stages, avant de décrocher des postes. "Pas du tout en phase avec l’idée que je me faisais de cette profession", se souvient-elle. Du coup, elle est devenue freelance et c’est avec cet esprit indépendant qu’elle est partie en Turquie, à la frontière avec la Syrie, pour des piges sur les premiers camps de réfugiés, mais également à Istanbul pour les soulèvements et l’élection du président Recep Erdogan, puis à Odessa pour la guerre en Crimée. Ne pouvant "pas vivre de ces collaborations", elle a cherché à intégrer une rédaction.

"L’envie de tourner en Aveyron"

C’est celle de Telquel au Maroc qui l’a accueillie. Elle a passé trois ans à Casablanca, avant de rentrer dans l’Hexagone : "C’est un pays qui m’a touché, la patrie de la dualité. à la fois magnifique et hyper dure. Il y a des choses interdites mais tout le monde le fait ! J’ai eu beaucoup de mal avec l’injustice sociale". Si, à son arrivée à Paris en 2017, elle a rejoint Maghreb Confidentiel, un média pour les professionnels, au sein duquel elle était spécialiste de l’Afrique du Nord, notamment de la Libye, où elle traitait "les enjeux du pouvoir et les renseignements d’affaires", elle se retrouvait "de moins en moins" dans le journalisme.

Elle continue certes ce métier mais "ma façon de travailler a changé, évolué, vers plutôt l’enquête". Un ami l’a alors encouragée à se tourner vers le cinéma. "Il a poussé une porte que je ne voyais pas, avoue, avec le recul, Sarah Vernhes. J’étais soulagée et comme autorisée à basculer vers cet univers. Cela a été assez radical". Elle poursuit sur le sujet : "C’était presque un truc mystique ! L’écriture, la créativité me manquaient. Si je veux toucher les gens, quoi de mieux que de le faire à travers un film". Elle a déjà réalisé deux courts-métrages : "C’est un coup de foudre. J’ai de la chance. Je suis à la place où je dois être".

Même si elle a des fourmis dans les jambes, Sarah Vernhes n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron. "Je suis attachée à mes racines. C’est fort de savoir d’où on vient, assure la Nayracoise. J’ai toujours du mal à repartir. Je pleure même chaque fois en prenant le train. C’est un petit paradis préservé, avec une nature magnifique. Où que je sois, je dis "chez moi" en parlant de mon département natal".

Elle s’y pose un mois l’été et vient y passer les fêtes de Noël. N’oubliant pas de prendre quelques souvenirs pour alimenter son buffet : "Le pâté fait par ma mère et le miel de mon cousin de Saint-Chély-d’Aubrac". Elle a "une telle relation fusionnelle" avec l’Aveyron qu’elle aimerait y tourner son troisième court-métrage, l’histoire d’un road-trip entre un père et sa fille. En attendant, elle travaille sur l’écriture d’une série, "un gros morceau", tiré de son expérience personnelle… Mais chut, elle n’en dira pas plus, pour l’instant !

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