Méga-bassines : blessés graves, voitures incendiées, "déferlement de violence"... Lourd bilan dans les Deux-Sèvres

Près de 30 000 manifestants selon les organisateurs se sont réunis à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres pour s'opposer à la construction d'une réserve d'eau, cinq mois après une forte mobilisation contre le projet controversé de méga-bassines. La situation a très vite dégénéré, samedi 25 mars 2023, alors qu'environ 3 000 forces de l'ordre ont été déployées.

Les militants écologistes ont été rassemblés à l'appel du collectif Bassines non merci, du mouvement Les Soulèvements de la Terre et de la Confédération paysanne. Ils sont fermement opposés à la création d'une d’installation visant à stocker de l'eau puisée dans les nappes phréatiques superficielles en hiver afin d'irriguer les cultures en été, en prévision des épisodes de sécheresse. 

A lire aussi : Méga-bassines pour l'irrigation : cinq questions pour tout comprendre sur ce projet controversé

Un champ de bataille

Mais les champs de cultures de Saint-Soline ont viré en champ de bataille toute la matinée et une partie de l'après-midi, quand des groupes très importants de manifestants ont convergé en direction de la future méga-bassines. Ce sont presque des images de guerre qui ont circulé sur les réseaux sociaux.

Les manifestants ont fait usage d'explosifs, de mortiers, de cocktails Molotov et étaient armés de projectiles pour affronter les forces de l'ordre, dont plusieurs véhicules ont été incendiés. Les gendarmes ont répliqué avec des tirs de LBD et du gaz lacrymogène, se déplaçant parfois en véhicules motorisés dans les champs pour contenir la foule.

Selon Franceinfo, des manifestants ont réussi à atteindre l'une des vannes de la future méga-bassine et à percer l'acier à l'aide d'une meuleuse. 

Lourd bilan

De violents affrontements qui n'ont pas été sans conséquences. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a fait état d'un "bilan très lourd" à la fin de la journée. Au moins 24 gendarmes auraient été blessés, 23 en urgence relative et un en urgence relative. Du côté des manifestants, le ministre a annoncé 7 blessés dont un en urgence absolue.

Les organisateurs de la manifestation ont quant à eux annoncé 200 blessés dans leurs rangs, dont "une quarantaine de personnes avec des plaies profondes" causées "par des grenades de désencerclement et des tirs de LBD".

Le parquet de Niot a quant à lui communiqué sur la prise en charge de 7 manifestants, dont trois traités en urgence absolue et qui ont été hospitalisés. Le parquet compte 28 gendarmes blessés dont deux en urgence absolue.

Deux journalistes ont également été blessés.

La classe politique divisée

Les réactions de la classe politique ont été très divisées après les violents débordements de Sainte-Soline. La Première ministre Elisabeth Borne a dénoncé un "déferlement de violence intolérable", quand le ministre de l'Intérieur a appelé les élus de tous bords politiques à "condamner les violences contre les gendarmes de la République".

"Assez de violences policières à Sainte-Soline !", s'est exprimé Jean-Luc Mélenchon. "Sans les BRAV-M, sans ce cirque, il ne se passerait absolument rien d'autre qu'une marche dans les champs !". Sur Twitter, la secrétaire nationale EELV Marine Tondelier, dénonce avoir été prise pour cible avec les manifestants par "les policiers en quad avec des grenades/lacrymo".