"Les grenades n'arrêtaient jamais de tomber" à Sainte-Soline : le témoignage d'Aveyronnais pris dans les affrontements

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  • Les affrontements ont été d'une violence extrême à Sainte-Soline, samedi 25 mars.
    Les affrontements ont été d'une violence extrême à Sainte-Soline, samedi 25 mars. Capture YouTube - Partager c'est sympa
Publié le , mis à jour

Un groupe de jeunes qui réside en Aveyron raconte comment ils ont vécu la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline.

Les images des violents affrontements à Sainte-Soline, entre des milliers de manifestants opposés à la création de méga-bassines et un important dispositif des forces de l'ordre, ont marqué les esprits. À la fin de la journée du 25 mars, le parquet de Niort a annoncé qu'au moins 28 gendarmes avaient été blessés et pris en charge, dont deux en urgence absolue (les deux militaires sont sortis de l'hôpital depuis). Au moins sept manifestants avaient été blessés et hospitalisés dont trois en urgence absolue. Deux d'entre eux sont toujours dans le coma, leurs familles ont porté plainte pour "tentative de meurtre".

Les milliers de manifestants réunis à Sainte-Soline venaient de toute la France. Un groupe d'Aveyronnais a pris part à cette mobilisation et témoigne de cet épisode d'une grande violence. "Ça a duré une heure et demie, voire deux heures. Le matin et le soir, c'était très calme". Camille*, 28 ans, était dans un des groupes "pacifiques" qui avançait vers la bassine. "Ce n'était pas là que ça chauffait, mais pourtant on a quand même pris des grenades de désencerclement".

"Il y a eu des explosions tout près de nous", se souvient Arthur*, 23 ans. "Normalement, les grenades lacrymogènes explosent en l'air puis retombent, mais là ça pétait au sol. On s'est fait allumer alors que dans notre groupe, le mot d'ordre était clair : ne pas jeter de projectiles et avancer les mains en l'air. On a eu le même traitement que la ligne de front, si on peut l'appeler comme ça".

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"Une grenade a pété sur la jambe d'un gars"

"On nous attendait, clairement", assure Claire*, 26 ans. La jeune fille se souvient que les différents groupes ont avancé "sans résistance" dans les champs jusqu'aux bassines, sous les yeux des forces de l'ordre. "Il y avait un énorme dispositif, même la garde nationale à cheval était là". Puis, "ça a pété". Claire se trouvait "au moins 30 mètres en arrière" et, à travers les fumées de gaz lacrymogène, a vu "de près" les forces de l'ordre passer en quad en "tirant à l'aveugle dans la foule". "On était pourtant dans une zone pacifiste, il y avait des personnes âgées avec nous..."

\ud83c\uddeb\ud83c\uddf7 FLASH - Les forces de l’ordre à quad se déploient à #SainteSoline. Un gendarme tire au LBD à l’aveugle sur des manifestants sans poser pied à terre. (via @laluciolemedia) #DeuxSèvres #megabassinespic.twitter.com/iZ2v4P7Ecd

— Mediavenir (@Mediavenir) March 25, 2023

Arthur raconte avoir "couru pendant au moins 30 secondes" pour reculer, et que "les grenades n'arrêtaient jamais de tomber. J'ai vu une femme se prendre quelque chose sur la tête et tomber. Ça explosait tout autour de nous". Le groupe de jeunes regrette "l'utilisation illégale de tirs LBD de la part des gendarmes". Pour Camille, "ils font ce qu'on leur dit de faire, malheureusement. Les consignes, c'est de faire passer la peur".

"À un moment, j'ai entendu un hurlement... glaçant ! Une grenade a explosé sur la jambe d'un gars qui était juste à côté de moi. C'était comme ce qu'on peut voir au cinéma, on aurait dit que c'était une zone de guerre", témoigne Arthur qui dit être ressorti "choqué" de cet après-midi.

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Une soirée "calme et festive"

"À un moment, c'était un peu l'incompréhension totale, et les organisateurs de la manifestation ont demandé qu'on s'arrête car il y avait trop de blessés à gérer", explique Camille. "Ah oui, on l'a compris une fois qu'on était rentrés", avoue Claire.

Les jeunes aveyronnais expliquent bien que ces affrontements n'ont éclaté qu'en début d'après-midi, et qu'ils ont pu retourner sans difficulté au camp qui s'était monté dans un champ privé, mis à disposition d'un agriculteur. "La suite a été très calme, et le soir même festif. Il y avait des concerts, c'était une bonne ambiance. Il y avait même une garderie avec une trentaine d'enfants, je crois". 

Les scènes de violence qui ont fait le tour des réseaux sociaux et des télévisions ont été "assez rapides au final". Mais "inacceptables" pour ces jeunes militants qui ont décidé de se rassembler à Rodez, jeudi 30 mars 2023, à l'appel du collectif Soulèvements de la terre, pour dénoncer les violences policières. Certains, comme Camille, étaient aussi présents sur le viaduc de Millau le 15 mars lorsque de vives tensions ont éclaté entre des manifestants qui menaient une opération péage gratuit et les gendarmes. "Là encore, il n'y avait aucune proportion dans l'usage de la force", insiste le jeune homme. "Un homme a été hospitalisé. C'est absolument terrible d'en arriver à ça. En utilisant comme ça la violence et la peur sur les gens, je me demande où est-ce que ça va aboutir".

*Prénoms modifiés.
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Les commentaires (9)
Altair12 Il y a 1 année Le 01/04/2023 à 08:53

Qu'allaient-ils faire dans cette galère ?
De quel côté était la violence ?
De quel côté était l'illégalité ?
Certainement pas du côté des forces de l'ordre républicaines qui ont tenté de maintenir un semblant d'ordre avec le peu de moyens qui leur étaient donnés !

filochard Il y a 1 année Le 01/04/2023 à 05:06

La guerre de l'eau a commencé

Anonyme9360 Il y a 1 année Le 31/03/2023 à 18:54

des elus de la republique (insoumis et ecolos) qui participent a une manif interdite!!! on aura tout vu.