CARTE. Le moustique tigre est implanté dans au moins 44 % des communes d'Occitanie, voici lesquelles

La période de surveillance renforcée du moustique tigre démarre lundi 1er mai. L'occasion pour l'Agence régionale de santé de rappeler que l'insecte est présent aujourd'hui dans les 13 départements d'Occitanie et plus uniquement sur le littoral où il avait commencé à se répandre il y a environ 20 ans. 

Comme le présente Isabele Esteve-Moussion, ingénieur coordinatrice régionale de la lutte anti-vectorielle pour l'ARS, le moustique tigre est présent dans 44 % des communes de l'Occitanie, et plus de 90 % de la population est concernée "puisque c'est un moustique urbain" qui aime les lieux avec "une forte population". 

Voici la carte des communes qui étaient colonisées par le moustique tigre en 2022. L'insecte est connu depuis 2008 dans les villes en bleu foncé, depuis 2016 dans les villes en bleu clair, depuis 2020-2021 dans les villes en jaune, et depuis 2022 dans les villes en orange.

5 foyers inédits de cas autochtones en 2022

"Il s'agit d'une priorité de santé publique, puisque le moustique tigre a la faculté de transmettre des maladies tropicales qui peuvent être très graves pour l'homme", rappelle Didier Jaffre, directeur général de l'ARS. Ces trois maladies sont la dengue, le virus Zika et le chikungunya.

En 2022, 56 cas importés ont été recensés en Occitanie, c'est-à-dire des personnes de retour de voyage dans un pays tropical et qui étaient porteurs de la maladie. Leur identification est primordiale en période de surveillance renforcée du moustique, puisque ce dernier est capable de le transmettre.

Toujours en 2022, cinq foyers autochtones de dengue ont été découverts, avec 12 personnes contaminées, dans les Pyrénées-Orientales, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne. "Parmi eux se trouvent des départements où il n'y avait jamais eu avant de cas autochtones", prévient l'ARS. "Nous avons longtemps espéré que les cas autochtones se concentrent dans des zones très urbaines ou aisées, ce n'est plus le cas aujourd'hui".

Isabelle Esteve-Moussion explique que le dispositif de déclaration obligatoire permet d'identifier rapidement les cas de maladies tropicales sur le territoire. Après une confirmation biologique réalisée en laboratoire, une enquête téléphonique est menée par l'ARS qui peut déclencher ensuite une opération de démoustication. "Il suffit d'un seul moustique contaminé pour créer tout un foyer épidémique. Heureusement, cet insecte vole vraiment très mal et son rayon d'action n'est que de 150 mètres". C'est dans cette même zone que l'opération est menée pour s'assurer d'éliminer le moustique, après avoir prévenu les résidents et les collectivités locales.

Un bouchon de bouteille suffit au moustique pour se reproduire

La prévention est la première des protections. Manon Mordelet, de la direction départementale de l'ARS des Hautes-Pyrénées, se souvient avoir été alertée d'un cas de dengue par un médecin à la mi-juillet juste après une nouvelle campagne de communication, dans ce département qui n'avait jamais connu de cas autochtone. 

Chaque particulier peut aussi fournir des efforts pour éviter la prolifération de l'insecte près de chez soi. "Ce sont les gîtes larvaires, autrement dit les lieux de ponte, qu'il faut éviter", détaille Deborah Galy, animatrice environnement. L'eau stagnante est le repère préféré des moustiques tigres, "plus la zone est petite, plus ils adorent. De l'eau dans un bouchon de bouteille suffit à l'insecte pour se reproduire".

Il est donc recommandé de vider des bassines, pots ou points d'eau que vous possédez au moins une fois tous les 7 jours (ou bien mettre du sable à l'intérieur), penser à ranger les jouets en extérieur ou encore couvrir ses récupérateurs d'eau. Dans ce contexte de forte sécheresse et les restrictions d'eau qui l'accompagne, la prolifération du moustique peut éventuellement être ralentie, "un mal pour un bien" relativise Didier Jaffre. 

Comment le réchauffement climatique agit sur le moustique tigre

En revanche, le réchauffement climatique n'aide pas du tout à lutter contre l'insecte. "Jusqu'à il y a quelques années, on pensait que le moustique resterait en dessous des 1 000 mètres d'altitude. Mais avec la hausse des températures, nous avons vu qu'il pouvait très bien être présent dans les zones de montagne". 

Isabelle Esteve-Moussion explique aussi que les fortes chaleurs favorisent la prolifération du moustique car "son métabolisme s'accélère" : "le cycle du moustique peut passer de plusieurs semaines à 3-4 jours", donc plus les températures sont élevées, plus facilement le moustique est capable de s'étendre.