Guerre en Ukraine : certains pays arabes "ferment les yeux" sur l'invasion russe, dénonce Zelensky depuis l'Arabie saoudite

  • L'arrivée de Volodymyr Zelenski au sommet de Djeddah en Arabie saoudite ce vendredi.
    L'arrivée de Volodymyr Zelenski au sommet de Djeddah en Arabie saoudite ce vendredi. MAXPPP - SAUDI PRESS AGENCY HANDOUT
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Nicolas Drusian avec Reuters

Volodymyr Zelensky a été l'invité surprise du sommet de Djeddah ce vendredi, avant de se rendre au sommet du G7 au Japon.

Le président ukrainien a exhorté vendredi les dirigeants arabes réunis en sommet à Djeddah, en Arabie saoudite, à soutenir son initiative de paix visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Dans son discours, Volodymyr Zelensky a déploré que "malheureusement, certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces prisons et annexions illégales", tout en appelant les dirigeants de la région à "jeter un regard honnête" sur cette guerre. Le président ukrainien a profité de sa prise de parole pour remercier le prince héritier Mohammed ben Salmane pour "son soutien à l'intégrité territoriale et à la souveraineté de l'Ukraine".

Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane a déclaré lors du sommet que son royaume était prêt à servir de médiateur entre la Russie et l'Ukraine.

Direction le Japon pour le sommet du G7

Volodymyr Zelensky, qui effectue son premier voyage en Arabie saoudite en tant que chef de l'Etat, se rendra ensuite au sommet du G7 au Japon. Il a déclaré dans un discours que les délégués recevraient chacun le texte du plan de paix en dix points préparé par Kyiv, et leur a demandé de travailler avec l'Ukraine directement, sans intermédiaire.

A lire aussi : Sanctions contre la Russie, présence de Volodymyr Zelensky : ce qu'il faut savoir sur le sommet du G7, qui s'ouvre ce vendredi

"J'invite tous ceux qui respectent la paix à se joindre à la mise en œuvre de la formule de paix et à réduire ainsi l'hostilité, les guerres, la souffrance et le mal", a déclaré le président ukrainien. "La Russie est faible, nous l'avons battue lorsqu'elle avait plus d'armes entre les mains. Son agressivité ne vient pas de la force mais de la compréhension que le temps des empires est révolu."

Le président a déclaré que la formule de paix ukrainienne pouvait profiter à d'autres, par exemple via l'initiative sur les céréales de la mer Noire, qui a permis à l'Ukraine, un important exportateur, de poursuivre ses livraisons, y compris aux pays de la Ligue arabe. Les Nations unies et la Turquie ont négocié cet accord en juillet dernier afin de contribuer à la lutte contre une crise alimentaire mondiale aggravée par l'invasion de l'Ukraine par Moscou en février 2022.

L'accord, plusieurs fois renouvelé depuis, vient d'être prolongé de deux mois, a annoncé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Outre la sécurité alimentaire, le plan de paix ukrainien impose à la Russie de retirer toutes ses troupes du territoire ukrainien, appelle à la libération de tous les prisonniers de guerre ukrainiens et demande le rétablissement de la sécurité dans la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par la Russie.

La Syrie réhabilitée après 12 ans d'exclusion

Autre fait marquant du sommet de Djeddah : le président syrien Bachar al Assad a reçu vendredi un accueil chaleureux de ses pairs en Arabie saoudite, parachevant sa réhabilitation au sein de la Ligue arabe après douze années d'exclusion.

Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane a scellé d'une poignée de main le retour d'Assad au sein de l'organisation régionale, tirant un trait sur des années d'hostilité du royaume et des autres pays arabes à l'encontre du dirigeant syrien, qui s'est allié à l'Iran chiite et à la Russie pour venir à bout du soulèvement armé né après la répression des manifestations pro-démocratiques de 2011, au prix de centaines de milliers de morts.

Le dirigeant saoudien a dit espérer que "le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe conduirait à la fin de cette crise" et tournerait la page de "douloureuses années de lutte". Bachar al Assad, dont beaucoup de pays arabes souhaitent qu'il prenne davantage ses distances avec Téhéran, a assuré que "le passé, le présent et l'avenir" de la Syrie était "l'arabisme", sans un mot à l'égard de la République islamique. Le chef de l'Etat syrien, en conflit depuis des années avec la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, dont des troupes supplétives occupent le nord de la Syrie, a en revanche pointé "le danger de la pensée ottomane expansionniste", la décrivant comme influencée par les Frères musulmans, organisation islamiste bannie par de nombreux pays arabes.

À l'occasion de ce 32e sommet de la Ligue arabe, l'Arabie saoudite de Mohamed ben Salmane veut s'afficher en puissance diplomatique incontournable, alors que la crise énergétique mondiale, la guerre en Ukraine et les tensions entre les Etats-Unis et la Chine ont redonné du poids au premier exportateur mondial de pétrole sur la scène internationale. Les dirigeants arabes ont également accueilli le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le royaume wahhabite se disant prêt à jouer les médiateurs entre Kyiv et Moscou

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