Aveyron : c'est l’heure des "recampaments" pour près de 4 000 écoliers

Ils font partie des petites mains de la langue. Avec un public de près de 6 360 élèves, de la petite section de maternelle au CM2, l’Association départementale pour la transmission et la valorisation de l’occitan en Aveyron (Adoc 12) touche, avec ses interventions, près d’un tiers des enfants du département et 54 % des écoles.

Un résultat plus qu’honorable pour la dizaine d’intervenants, qui ne comptent pas pour autant en rester là, comme l’explique le coprésident Jean-Louis Blenet : "Notre objectif est de toucher 40 % des écoliers aveyronnais, notamment en comblant les deux gros "trous" que nous avons à Rodez et Millau".

Pour l’association, l’heure est actuellement aux "recampaments" (des regroupements), avec un programme plutôt chargé. Le cycle a commencé le 30 mai à Réquista, avec neuf écoles et 322 enfants, il prendra fin le 27 juin à Sainte-Geneviève-sur-Argence, après avoir rassemblé un total de près de 4 000 enfants, sur les 6 360 que touche, annuellement, l’Adoc 12.

"L’objectif est qu’ils sortent de l’isolat", résumait, en marge du rassemblement de Pierrefiche-d’Olt, vendredi, le coprésident Jean-Louis Blenet. Plusieurs animations figurent au programme de ces journées avec en point d’orgue le spectacle "la Pacha del Fantasi" (le pacte du Fantasi, une sorte d’incarnation du diable) joué par les deux coprésidents.

Onze heures de découverte et de pratique sur l’année

Comme l’ensemble de ses intervenants, le directeur est impressionné par l’attitude des enfants lorsqu’ils se trouvent confrontés à la langue occitane : "C’est extraordinaire. Ils ne l’abordent jamais comme une langue étrangère. Ils ont des notions, une fibre par rapport à cette langue qui pouvait être celle de leur papi… et leur oreille est déjà faite !".

Pour demander l’intervention de l’équipe de l’Adoc 12, les enseignants, aux dires du directeur, connaissent la marche à suivre : "Ils sont tous liés et se parlent d’une école à une autre. Ils savent où nous trouver". L’Adoc intervient à hauteur de 30 minutes par classe sur 22 semaines, soit un total de 11 heures de découverte et de pratique de l’Occitan pour les petits aveyronnais. Avec, là aussi, la volonté de monter en puissance en enseignant à l’avenir sur 25 des 36 semaines du calendrier scolaire.

Des enfants parfois "analphabètes de leur pays"

Parmi les fers de lance de l’Adoc 12, un propos axé sur le territoire, comme l’explique Jean-Louis Blenet : "Nous sommes les seuls à enseigner l’Aveyron, le Rouergue : ses bêtes sauvages, sa géologie…". Pour un voyage aux côtés du "raynal" (le renard), du "taisson" (le blaireau) entre Ségala, Aubrac, Rougier ou Lévezou… "Une découverte de l’environnement le plus proche des enfants", résume Jacques Migairou, qui sont parfois, comme le déplore Jean-Louis Blenet, "analphabètes de leur pays".

Après 20 ans d’existence, au service de la langue occitane et des plus petits, l’Adoc 12 espère désormais se voir ouvrir la porte des collèges. "Nous avons la légitimité pour y entrer", affirme Yves Durand, qui poursuit : "Il faut que les acteurs de la langue se prennent en main, qu’on invente, parce que si on laisse faire l’État, on va reculer. Parce que si on laisse faire, ça se défait".