Vent de fronde, pressions sur le gouvernement : les policiers veulent-ils être au-dessus des lois ?

  • Un policier est-il un citoyen comme un autre devant la loi ?
    Un policier est-il un citoyen comme un autre devant la loi ? Illustration Centre Presse
Publié le , mis à jour

Après l'incarcération d'un membre de la Bac accusé d'avoir tabassé le jeune Hedi à Marseille lors des émeutes après la mort de Nahel, les syndicats et la direction de la police nationale montent au créneau pour que les policiers aient un statut différent que celui des autres citoyens devant la loi. Explications.
 

"Un policier n'a rien à faire en prison". Cette phrase signée par le  directeur général de la Police nationale Frédéric Veaux résume à elle seule toute la fronde policière née après l'incarcération d'un membre de la Bac à Marseille, accusé d'avoir passé à tabac avec des collègues un jeune homme de 22 ans, Hedi, durant les émeutes qui ont éclaté partout  après la mort de Nahel à Nanterre, abattu par un policier lors d'un contrôle routier. Policier qui lui aussi, soit dit en passant, a été placé en détention provisoire depuis il y a environ un mois.

Depuis cette incarcération à Marseille, les policiers sont entrés en fronde contre cette mesure, en appliquant le code dit "562" de service minimum ou en se mettant en arrêt maladie. Alors que leur directeur général, soutenu par le préfet de police de Paris Laurent Nunez, réclament en quelque sorte "un traitement judiciaire d’exception pour les forces de l’ordre", relève le Huffington Post, c'est-à-dire différent que celui des citoyens. Une revendication qui inquiète, en toute logique, d'autres syndicats : ceux de la magistrature.

Un rapport de force

Si le gouvernement se borne à répéter que "nul n'est au-dessus des lois", c'est bien la seule réaction d'un exécutif bien discret devant des syndicats policiers dont la force n'a cessé d'augmenter durant ces dernières années. Ces syndicats "exigent le privilège de droits qui les distingueraient des citoyens", assurent dans une tribune parue dans le Monde, énumérant par la suite des droits "différents" obtenus depuis 2016 : "Exception à la décote sur le cumul emploi-retraite (...), gratuité des transports, (...) usage des armes au-delà de la légitime défense, rupture de la tradition républicaine considérant d’une égale gravité la violence illicite subie par un agent de la force publique et celle qu’il exerce"...

En 2020, ces syndicats avaient obtenu, de l'aveu même du principal intéressé, la "tête" du ministère de l'Intérieur Christophe Castaner après qu'il ait demandé l'abandon de la technique de l'étranglement pratiquée par les policiers lors d'une interpellation, ainsi "qu’une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’acte ou de propos raciste" par les policiers, après la mort d'un un livreur lors de son interpellation à Paris.

C'est peut-être l'une des raisons qui font pourquoi le ministre de l'Intérieur actuel, Gérald Darmanin, ne s'est quasiment pas exprimé sur cette affaire, avant de recevoir ce jeudi 27 juillet à 20 heures les syndicats de police. Pour Sébastian Roché, chercheur spécialiste des questions de police, "les syndicats de police ont le pouvoir qu’on leur donne et celui-ci dépend de la solidité du gouvernement". "Or aujourd’hui, je pense que le gouvernement a peur", a-t-il ajouté.

Pas au-dessus, mais pas en-dessous

Il était donc intéressant de voir ce qui allait sortir de la rencontre entre Gérald Darmanin et les syndicats policiers. Le ministre de l'Intérieur a assuré que les policiers ne souhaitent pas "l'impunité", ni "d'être au-dessus des lois", selon BFMTV. "Ils réclament le respect (...)  ils réclament de ne pas être en dessous des lois", a-t-il ajouté. Apportant son soutien à Frédéric Veaux, il a déclaré que "les policiers ne peuvent pas être les seules personnes en France pour qui la présomption d'innocence ne compte pas, (...) et pour qui la présomption d'innocence est remplacée par la présomption de culpabilité", avant de se déplacer dans un commissariat du 9e arrondissement de Paris où les syndicats de police lui apporteront leurs revendications.

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 9 mois Le 28/07/2023 à 09:53

Quand un policier commet une erreur en accomplissant sa mission, il est immédiatement sanctionné administrativement et judiciairement.
Quand c'est un juge il bénéficie d'une promotion !
En outre le législateur oublie qu'un policier est fréquemment confronté à des violences dans le cadre de son travail et bien peu d'auteurs sont sanctionnés !