Une femme dit être séquestrée en Moselle depuis 2011 par son mari : les zones d’ombre de l’enquête

  • Le procureur de la République de Sarreguemines, Olivier Glady.
    Le procureur de la République de Sarreguemines, Olivier Glady. dpa - Thomas Frey
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Centre Presse Aveyron

Une femme accuse son mari de l’avoir retenue de force, torturée et violée pendant douze ans.

La question est sur toutes les lèvres à Forbach (Moselle). Un homme a-t-il séquestré, torturé et violé sa femme pendant douze ans, dans un appartement situé au deuxième étage d’un petit immeuble de cette ville minière proche de la frontière allemande, sans que personne ne décèle toute l’horreur de la situation ?

Une ressortissante allemande de 53 ans a été retrouvée lundi 7 août 2023, à 6 h du matin, dans un appartement de ce bourg de 21 000 âmes après avoir appelé les secours allemands de Wiesbaden et leur avoir lancé ces accusations contre son mari, grâce à un téléphone qu’elle aurait subtilisé. Alertés dans la nuit de dimanche à lundi, les policiers allemands ont prévenu leurs homologues en France qui ont découvert la quinquagénaire dans un état de santé préoccupant, selon leurs premières constatations.

La victime a été rapidement prise en charge à l’hôpital de Metz. Son mari, âgé de 55 ans, a été, lui, interpellé et sa garde à vue a été prolongée. De nombreuses zones d’ombre subsistent, en effet, au lendemain de la révélation de ce fait divers hors norme fortement médiatisé et accompagné de folles rumeurs démenties par le parquet de Sarreguemines (utilisation d’un banc de torture, sévices consignés dans un carnet…). D’autres informations sont à prendre aussi avec prudence. La présence de grillages dans le logement s’expliquerait, par exemple, par la présence de neuf chats au domicile du couple et n’était pas destinée à empêcher la ressortissante allemande de fuir, selon le parquet.

Des éléments troublants

"La femme a été découverte dépourvue d’entraves. Elle était allongée à demi-nue dans son lit, ce qui n’a rien d’anormal dans le cadre d’une intervention qui s’est déroulée à 6 heures du matin. Elle avait le crâne rasé, mais une explication semble se présenter aux services de police (La femme serait atteinte d’un cancer, NDLR)", a précisé lundi le procureur de Sarreguemines, Olivier Glady.

Élément troublant, "à proximité se trouvait un téléphone fixe, qu’elle pouvait atteindre pour prévenir les secours", a observé le magistrat. "Aucune trace de sang dans son environnement immédiat pouvant témoigner de violences récentes n’a été observée" et "le scanner réalisé n’a révélé aucune fracture, et le corps de la dame ne présentait pas de traces d’ecchymoses ou d’escarres. Les analyses urinaires et sanguines n’ont pas révélé d’état de déshydratation significatif", a ajouté le procureur.

La police s’était déjà rendue au domicile du couple en 2019 après une plainte de voisinage pour tapage, mais n’avait rien relevé de suspect. L’enquête ouverte lundi et confiée à la police judiciaire de Metz, porte cette fois sur des faits de séquestration, de viol aggravé et d’actes de torture et de barbarie. Mais la piste privilégiée, à ce stade, par les enquêteurs semble s’éloigner"d'une déclinaison de Barbe-Bleue en Moselle-est", explique le magistrat.

Selon lui, "dans la situation de ce couple discret, le curseur se déplace d’un scénario effrayant à des conditions de prise en charge d’une maladie insatisfaisantes". Reste à savoir, notamment, si la victime a été retenue de force, violée, torturée et si elle était dénutrie. Après des premiers propos jugés incohérents, les enquêteurs espèrent y voir un peu plus clair lors de son audition.

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