"Nous ne voulons pas nous venger" : Fayed, 10 ans, tué lors d'une fusillade dans un quartier de Nîmes, la victime de trop

  • Une fusillade a éclaté dans le quartier dans la soirée du lundi 21 août 2023.
    Une fusillade a éclaté dans le quartier dans la soirée du lundi 21 août 2023. Photo - Midi Libre
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Yanick Philiponnat et Adrien Boudet

Lundi 21 août soir, l’oncle de Fayed, un garçon de 10 ans, revenait du restaurant en voiture avec ses deux neveux à bord. Il s’est retrouvé au beau milieu d’une fusillade, dans le quartier Pissevin, à Nîmes, dans le Gard. Sur place, l’accablement est total.

Mardi 22 août, midi. Des chants résonnent dans le quartier Pissevin, à Nîmes dans le Gard. En contrebas de l’avenue des Arts, des dizaines de femmes se sont rassemblées. Leurs robes ont des couleurs éclatantes.

Entre deux chants, elles pleurent

Entre deux chants, elles pleurent.
Douze heures auparavant, un enfant du quartier âgé de 10 ans prénommé Fayed est mort. Parce que, comme le dira plus tard la procureure de la République Cécile Gensac, il se trouvait dans la voiture de son oncle au milieu d’une fusillade à laquelle il était totalement étranger. "Au mauvais endroit, au mauvais moment". 

Tirs de Kalchnikov

Ce lundi, quand les policiers reçoivent le premier appel d’un témoin signalant des tirs de Kalachnikov, avenue des Arts, il est 23 h 15. Quelques minutes plus tard, le CHU de Nîmes alerte le commissariat que deux blessés par balle sont arrivés dans une Mégane blanche présentant des impacts de balle.

Des impacts de balle 

Le conducteur de la Mégane, un militaire en permission, présente au moins trois impacts de balle dans le dos. Conscient, il a expliqué avoir été la cible de tirs avenue des Arts alors qu’il revenait du restaurant avec ses deux neveux âgés de 7 à 10 ans et qu’ils rentraient chez eux.

L’enfant décède peu après son arrivée à l’hôpital

Selon le premier rapport de police, il est alors parti en trombe vers l’hôpital avec, pensait-il, son seul neveu de 7 ans à bord, croyant que l’aîné de 10 ans était sorti de la Mégane lors des tirs.

En fait, ce dernier se serait coincé dans sa ceinture de sécurité à l’extérieur et a été traîné sur la route jusqu’aux urgences. Il est décédé quelques minutes après son arrivée. "Le médecin légiste a constaté que le garçon de 10 ans présentait également une plaie par balle dans le dos, révèle un proche de l’enquête. Il aurait été mortellement blessé par l’impact". L’autopsie à venir permettra de déterminer avec précision la cause de la mort.

Quatre individus cagoulés en fuite

L’enquête, menée par la police judiciaire, se concentre sur quatre individus cagoulés aperçus dans une Renault Megane grise. Ce véhicule volé a été retrouvé dans une rue de Nîmes à Valdegour.

Les policiers exploitent les vidéos tournées pendant les coups de feu par des riverains, alors qu’une cinquantaine d’étuis de différents calibres ont été retrouvés avenue des Arts et que des traces d’impacts ont été retrouvées sur la Megane blanche des victimes collatérales.

"Un crime intolérable, qui nous concerne tous"

En conférence de presse avec la procureure de la République ce mardi 22 août à 11 h 30, le nouveau préfet du Gard Jérôme Bonet dénonce "un crime intolérable, qui nous concerne tous". Et annonce l’arrivée imminente de la compagnie CRS 8 spécialisée pour faire face à des troubles de l’ordre public, en provenance de Marseille.

Ils arrivent et resteront

Comme en juin dernier après les troubles à la médiathèque Marc-Bernard (toujours à Pissevin). Resteront-ils plus longtemps que la dernière fois ? "Ils arrivent et ils resteront", promet le préfet. La CRS 8 va nous aider à pacifier le secteur".

Cécile Gensac informe quant à elle qu’une enquête est ouverte pour "assassinat en bande organisée".

Dans le quartier, l’accablement est total. "Il y avait déjà eu des morts, mais pas un enfant", déplore un jeune au bas d’un immeuble. Des voisines de la famille endeuillée indiquent que des tirs ont impacté l’immeuble où elles résident.

Une marche blanche

"La dernière fois que j’ai vu cet enfant, avec sa maman, il était tout content à l’idée de reprendre l’école… C’était un garçon joyeux".

Une marche blanche devrait être organisée dans les prochains jours en sa mémoire.

"De la colère, de la rage"

Sur RMC, la cousine de la maman de Fayed a réagi : "Il y a de la colère, il y a de la rage, mais on ne va pas se venger. Dieu jugera aussi".

"La mère, elle est effondrée. Elle pleure, elle ne sait plus quoi faire. Son frère a été touché, son fils a été tué. Elle est vraiment effondrée. [...] C'est terrible. C’est choquant, ça fait très mal. C’est injuste, ils ont tué des gens innocents".