Le vapotage, une source de stress pour les jeunes générations ?

  • Les jeunes qui vapotent seraient deux fois plus susceptibles de déclarer un stress chronique, rapporte une étude.
    Les jeunes qui vapotent seraient deux fois plus susceptibles de déclarer un stress chronique, rapporte une étude. Viktorcvetkovic / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Considéré par certains comme un moyen d'en finir avec la cigarette, le vapotage fait néanmoins l'objet d'une attention particulière de la part des scientifiques en raison de ses effets potentiels sur la santé des populations. La dernière étude en date va même encore plus loin, suggérant que cette pratique est susceptible d'accroître le risque de stress chronique chez les plus jeunes générations.

Vapoter pour arrêter de fumer, bonne ou mauvaise idée ? Certains professionnels de santé valident cette alternative à condition bien sûr qu'elle soit encadrée. Il s'agit non seulement de bénéficier d'un accompagnement pour utiliser la cigarette électronique de manière optimale, mais aussi de la considérer comme un réel outil de sevrage - autrement dit d'en sortir aussi rapidement que possible. Et pour cause, les données actuelles ne permettent pas d'en connaître les effets à long terme. C'est la raison pour laquelle les études commencent à se succéder sur le sujet, l'une des dernières en date ayant établi un lien entre vapotage et symptômes respiratoires dès l'adolescence, alors que d'autres ont suggéré des effets sur l'asthme. Mais c'est aujourd'hui la santé mentale qui est au cœur de nouvelles recherches.

"La recherche commence à montrer comment le vapotage affecte la santé physique et mentale des jeunes. Par exemple, nos recherches antérieures ont montré que ceux qui vapotent sont plus susceptibles de souffrir d'une crise d'asthme. Dans cette étude, nous nous sommes particulièrement intéressés à la relation entre le vapotage, la santé mentale et la qualité de vie chez les jeunes", explique la Dr Teresa To, scientifique principale à l'Hospital for Sick Children (SickKids) à Toronto. Présentés dans le cadre du congrès international de l'European Respiratory Society à Milan, en Italie, ces travaux se basent sur des données issues d'une étude nationale représentant la population canadienne, avec un échantillon final de 905 personnes âgées de 15 à 30 ans, dont plus d'un dixième a déclaré vapoter.

Une hausse du stress chronique

Les résultats de ces travaux observationnels suggèrent que les jeunes qui vapotent sont deux fois plus susceptibles de déclarer subir ou avoir subi un stress chronique, voire "un stress chronique extrême", que ceux qui n'utilisaient pas de cigarette électronique. L'étude établit donc un lien entre le vapotage et le stress chez les plus jeunes générations, mais les scientifiques ne sont pas parvenus à déterminer si le stress était à l'origine d'une hausse du vapotage ou si, au contraire, la cigarette électronique était susceptible d'accroître les "expériences de stress". Et ce, bien qu'ils aient intégré dans leurs travaux des facteurs en mesure d'impacter les niveaux de stress, comme les revenus, la consommation d'alcool, et certains problèmes de santé.

"Le stress chronique peut entraîner des problèmes de santé mentale tels que l'anxiété et la dépression. Il est important que les jeunes qui subissent un stress chronique bénéficient d'un soutien précoce pour les aider à éviter de recourir à des mécanismes d'adaptation malsains tels que le vapotage ou le tabagisme. Le vapotage n'est pas un moyen efficace de faire face au stress, mais le stress et l'anxiété peuvent déclencher des envies de fumer et rendre plus difficile l'arrêt du tabac", explique la Dr Teresa To dans un communiqué.

Parmi les autres enseignements de l'étude : les jeunes vapoteurs seraient également susceptibles d'être plus actifs physiquement, et auraient une moins bonne qualité de vie que ceux qui n'ont pas recours à la cigarette électronique. Un constat qui peut sembler paradoxal, et qui interroge les chercheurs. "Nous ne savons pas pourquoi les jeunes qui utilisent des e-cigarettes ont tendance à être plus actifs physiquement, mais il se pourrait qu'ils essaient de contrôler leur poids en faisant de l'exercice et qu'ils pensent que le vapotage pourrait les aider", soumet la principale auteure de l'étude.

Stress et vapotage, un cercle vicieux ?

Il s'agit ici d'une étude observationnelle, qui ne peut donc établir un lien direct entre le vapotage et l'augmentation des niveaux ou expériences de stress. Ce ne sont toutefois pas les seules données rendues publiques sur le sujet, notamment au Canada. Les derniers résultats de l'enquête sur le tabac et la nicotine, réalisée en 2021 dans le pays, ont montré que le vapotage était resté stable pendant la pandémie chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans, mais que 33% de ces très jeunes vapoteurs avaient déclaré avoir recours à la cigarette électronique pour réduire leur stress. Un chiffre en forte hausse par rapport à la dernière enquête menée en 2019 (21%).

En France, l'usage quotidien de la cigarette électronique a triplé entre 2017 et 2022 chez les adolescents de 17 ans, d'après l'enquête ESCAPAD 2022, tandis que la National Youth Tobacco Survey a fait état en 2021 d'une baisse du nombre de jeunes vapoteurs aux Etats-Unis, mais avec tout de même près de 2 millions de jeunes âgés de 11 à 18 ans qui avaient toujours recours à la cigarette électronique de manière régulière - et ce alors que ces chiffres ont pu être impactés par la pandémie de Covid-19. Autant de raisons qui poussent les scientifiques à vouloir accélérer les recherches autour du vapotage, pour en déterminer les effets sur long terme.

"Cette étude suggère un lien entre le vapotage et le stress chez les jeunes, et elle ajoute à ce que nous savons déjà sur les effets du vapotage sur la santé des jeunes. Le vapotage est encore relativement nouveau, mais le nombre d'enfants et de jeunes qui utilisent des e-cigarettes augmente rapidement. Nous avons besoin de plus de recherches sur les effets du vapotage, mais nous devons également sensibiliser les jeunes aux effets néfastes de l'utilisation des e-cigarettes et les aider à éviter de fumer ou à arrêter de le faire", conclut le professeur Elif Dağlı, qui préside le groupe sur le tabac, la lutte contre le tabagisme et l'éducation à la santé de l'European Respiratory Society.

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