Santé mentale : les espaces verts indispensables pour réduire les inégalités ?

  • Améliorer l'accessibilité des espaces verts et bleus serait bénéfique pour la santé mentale de tous, notamment des personnes vivant les zones les plus défavorisées.
    Améliorer l'accessibilité des espaces verts et bleus serait bénéfique pour la santé mentale de tous, notamment des personnes vivant les zones les plus défavorisées. piskunov / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - La science a déjà souligné à plusieurs reprises la nécessité d'accroître la couverture végétale des villes pour préserver la santé de la population, et même réduire la mortalité liée aux canicules. Mais améliorer l'accessibilité des espaces verts permettrait également de réduire les inégalités socio-économiques en matière de santé mentale, et favoriser le bien-être des personnes vivant dans les zones les plus défavorisées, comme le révèle une nouvelle étude.

Le rôle de la nature sur la santé, physique et mentale, fait l'objet d'une multitude de publications scientifiques depuis plusieurs années, et encore plus depuis la pandémie de Covid-19. Laquelle a montré à quel point il était important de vivre à proximité de parcs, de zones boisées, et autres écrins de verdure pour profiter d'une bouffée d'air frais indispensable au bien-être comme à l'organisme. De récentes études ont notamment mis en évidence le fait que le contact régulier avec la nature pouvait permettre de limiter le recours aux médicaments, de ralentir le vieillissement cellulaire, d'améliorer le comportement des écoliers, et bien sûr de se maintenir en bonne forme physique.

Des chercheuses de l'université de Liverpool, en partenariat avec une équipe internationale, vont encore plus loin en montrant que l'amélioration des espaces verts, en termes de quantité et d'accessibilité, pourrait également réduire les inégalités socio-économiques en matière de santé mentale. Publiés dans la revue The Lancet Planetary Health, leurs travaux soulignent la nécessité d'investir dans des espaces verts, tels que des parcs, des champs, ou des zones boisées, pour permettre à l'ensemble de la population de profiter de leurs bienfaits sur la santé mentale. Investissement qui serait d'autant plus favorable aux personnes vivant dans les zones les plus défavorisées.

Des bénéfices pour tous

"Si les effets des espaces verts sur la santé mentale ont été bien documentés, l'utilisation des dossiers médicaux d'une population adulte entière sur une période aussi longue confère un nouveau niveau de compréhension à ce travail", peut-on lire en préambule dans un communiqué. Plus de deux millions d'adultes vivant au Pays de Galles ont été inclus dans cette étude qui s'est attachée à examiner et mettre en parallèle plusieurs données, parmi lesquelles la proximité d'écrins de verdure, l'accessibilité aux espaces verts et bleus, et l'incidence de certains troubles de la santé mentale. Le tout sur une période de dix ans.

"Notre étude a montré que les espaces verts et bleus sont susceptibles de protéger les gens contre la nécessité de consulter leur médecin généraliste pour l'anxiété ou la dépression, et dans les endroits où les gens ont moins de ressources en général, vivre près de ces espaces semble avoir un effet protecteur plus important que pour les personnes vivant dans des zones avec plus de ressources", explique Sarah Rodgers, chercheuse au sein de l'université de Liverpool.

Parmi les principaux enseignements de l'étude, figure l'importance de vivre proche d'une zone de verdure ou d'un espace bleu, comme un lac, une marina, ou la mer, pour réduire le risque d'anxiété et de dépression. Dans le détail, les chercheurs indiquent que tout éloignement supplémentaire de 360 mètres de l'espace vert ou bleu le plus proche est associé à un risque plus élevé d'anxiété et de dépression. Un constat qui pousse les auteurs de l'étude à souligner la nécessité d'investir dans l'amélioration de ces bulles de nature pour favoriser le bien-être de l'ensemble de la population, et plus particulièrement des personnes vivant dans les zones à plus faible revenu.

Des recherches plus poussées

Reste désormais à déterminer le ou les facteurs expliquant que les personnes vivant dans les zones les plus défavorisées et celles vivant dans les zones à revenu élevé ne réagissent pas de la même façon à l'accessibilité et l'exposition de ces espaces verts et bleus. Ce qui devrait entraîner des études plus approfondies sur le sujet. "Nous devons veiller à ce que les personnes qui en ont le plus besoin et qui en bénéficieront le plus aient accès à ces espaces verts et bleus gratuits, afin de contribuer à la protection de la santé de notre population", expliquent les auteures de l'étude.

Richard Mitchell, professeur de santé et d'environnement à l'université de Glasgow, se réjouit de son côté de ces conclusions : "Cette brillante étude nous donne [deux] raisons de nous réjouir. Premièrement, elle confirme que les environnements naturels qui nous entourent sont réellement bénéfiques pour notre santé mentale. Deuxièmement, les bénéfices semblent les plus importants pour les personnes les plus à risque, ce qui laisse entrevoir un potentiel énorme pour combler le fossé qui sépare les personnes riches et les personnes pauvres en matière de santé".

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