Aveyron : de passage à Cajarc, cher à Pompidou et Sagan, deux artistes géorgiens s'exposent entre guerre et exode
Le centre d’art contemporain du village, cher à Pompidou et Sagan, accueille les œuvres croisées de deux jeunes artistes géorgiens : lui peintre, elle photographe.
À quelques kilomètres de Villefranche-de-Rouergue et de l’Ouest-Aveyron, le village de Cajarc doit une partie de sa célébrité à plusieurs personnalités (*): de l’écrivain Françoise Sagan à l’ancien Président de la République, Georges Pompidou, qui y possédait une maison et venait s’y ressourcer en famille.
Le centre d’art contemporain de la petite cité lotoise porte d’ailleurs le nom de Georges et Claude Pompidou. Labellisé centre d’art contemporain d’intérêt national depuis 2018, il soutient la création contemporaine et sa diffusion, à travers son lieu d’exposition de Cajarc et deux autres sites à Saint-Cirq-Lapopie. Depuis le mois dernier et jusqu’au 26 mai, la Maison des arts de Cajarc présente les œuvres croisées de deux jeunes artistes géorgiens, Nika Kutateladze et Tako Robakidze.
Un pays méconnu en pleine mutation
Réunis pour la première fois au sein d’une même exposition, les deux artistes sont originaires de ce pays méconnu, situé au cœur du Caucase, voisin de la Turquie, de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Russie, aux confins orientaux de l’Europe. À travers la peinture, la sculpture et l’installation architecturale, l’œuvre de Nika Kutateladze met en scène de façon allégorique le monde rural géorgien et les hommes et femmes qui continuent à y vivre et travailler, en dépit d’un exode qui a marqué le pays après son indépendance en 1991 et a vu une grande partie de la population quitter les villages et affluer vers la capitale ou s’exiler à l’étranger. Il s’inspire pour cela de Metsieti, village natal de son grand-père, qui ne compte plus aujourd’hui qu’une centaine d’habitants.
Entre exode et guerre
Tako Robakidze est née à la fin des années 80 à Tbilissi où elle vit et travaille. Formée au droit puis au journalisme, elle étudie en parallèle la photographie qu’elle pratique aujourd’hui dans une perspective documentaire pour raconter la situation sociopolitique de son pays, les conséquences de la guerre et l’actuelle occupation russe d’une partie du territoire. La sécession des territoires de l’Abkhazie et de la région de Tskhinvali (Ossétie du Sud) a provoqué dans les années 90 et en 2008 la création de frontières de fait et des déplacements massifs de population en Géorgie. Elle côtoie les femmes et les hommes affectés par la guerre et ses conséquences au fil de longues immersions sur le terrain afin de saisir comment ils tentent de maintenir ou de reconstruire une vie, individuellement et collectivement.
Les peintures de Nika Kutateladze sont réalisées sur panneau de bois préparé, suivant une technique de peinture de l’antiquité. Pour la première fois, Tako Robakidze utilise cette même technique pour présenter ses images, créant ainsi un rapprochement entre peintures et photographies. L’imposante structure qui accompagne l’exposition a été créée in situ par Nika Kutateladze. Il s’est inspiré de la végétation et des matériaux recyclés récoltés à Cajarc et sur les causses environnants, dans des paysages qui ne sont pas sans rappeler ceux de son village géorgien.
Maison Géorgie, du mercredi au dimanche, de 14 heures à 18 heures, entrée libre. (*) Il y eut aussi le fameux Papy Mougeot coluchien du Schmilblick. Dans un tout autre domaine, la proxénète Madame Claude y possédait une ancienne bergerie, rachetée à Olivier Guichard, où elle emmenait "ses filles" se reposer.
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