Aveyron : des milans royaux empoisonnés

  • Les services de l'ONCFS tentent d'identifier l'origine des empoisonnements des milans de Solozard.
    Les services de l'ONCFS tentent d'identifier l'origine des empoisonnements des milans de Solozard. Centre Presse
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19 cas d'empoisonnement de milan royal ont été recensés en France depuis le début de l'année dont un tiers en Aveyron. La LPO tire la sonnette d'alarme.

Le milan royal, espèce endémique de l’Europe classée "vulnérable", est toujours victime d’empoisonnement par des substances interdites visant d’autres animaux, déplore la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L’association qui vient de fêter son centenaire a recensé 19 cadavres de ce rapace depuis le début de l’année dont un tiers en Aveyron. 
Pour Samuel Talhouet, chargé d’étude de la LPO Aveyron, ce résultat est pour le moins inquiétant. Il est aussi symptomatique d’une pratique qui se répand. Après "l’hécatombe" constatée par la LPO Auvergne en décembre 2011 avec pas moins 44 cadavres de rapaces dont 28 milans royaux, une nouvelle série de morts suspectes a récemment défrayé la chronique sur le Villefranchois.

Une espèce en danger

En février dernier, six cadavres de milans et de buses variables ont été retrouvés non loin de la placette de nourrissage hivernal sur le site de Solozard. "Les autopsies réalisées permettent de dire que ces morts sont dues à l’ingestion de produits interdits qui sont encore utilisés dans les campagnes contre des animaux comme les renards ou les fouines", poursuit Samuel Talhouet. Pour la plupart, ces produits - on parle ici d’anticoagulants de la famille de la Bromodiolobne ou d’insecticides - ne sont plus en vente. "Mais ils sont encore très présents dans des stocks anciens", explique Samuel Talhouet. Mélangés à des appâts, ces produits peuvent aussi attirer les milans qui se nourrissent essentiellement de cadavres de petits animaux, de poissons malades ou morts, de charognes...

"Actes illégaux"

Dans un communiqué, la LPO, particulièrement inquiète des conséquences de ces empoissonnements sur une population en constante régression, "déplore ces actes illégaux qui anéantissent les efforts pour tenter de sauver cette espèce" et demande que les produits interdits "ne circulent plus librement et que des sanctions soient prises".
"Nous sommes en début d’année et nous avons déjà 19 cas recensés, c’est beaucoup", commente Fabienne David, en soulignant par ailleurs que "le nombre réel de cas de mortalité est probablement très supérieur".

Une centaine de couples

Après l’Allemagne, la France est le pays accueillant la deuxième population de milans royaux. Selon le dernier décompte datant de 2008, l’Hexagone compte quelque 2 700 couples de ce rapace qui peut atteindre plus d’un mètre cinquante d’envergure. L’Espagne, la Suisse, la Suède et le Royaume-Uni abritent également des populations de milans royaux dont le nombre total en Europe est estimé entre 20 et 25 000.
En Aveyron, la LPO estime la population à une centaine de couples. Or, pour faire que le rapace ne soit pas définitivement rangé dans la catégorie des espèces disparues - comme le râle des genêts, espèce de passereau jadis très présente dans le département mais aujourd'hui éteinte - il faut agir. Samuel Talhouet est décidé : "Il faut sensibiliser un maximum. Encore et toujours !" 

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