Procès PIP: jugement le 10 décembre

  • Yves Haddad, avocat de Jean-Claude Mas, avec l'avocat des plaignantes Laurent Gaudon (d) le 14 mai 2013 à Marseille
    Yves Haddad, avocat de Jean-Claude Mas, avec l'avocat des plaignantes Laurent Gaudon (d) le 14 mai 2013 à Marseille AFP - Gerard Julien
  • Le procureur Jacques Dallest le 14 mai 2013 au tribunal à Marseille
    Le procureur Jacques Dallest le 14 mai 2013 au tribunal à Marseille AFP - Gerard Julien
  • Jean-Claude Mas (C) et son avocat Yves Haddad à leur arrivée le 17 avril 2013 au tribunal à Marseille
    Jean-Claude Mas (C) et son avocat Yves Haddad à leur arrivée le 17 avril 2013 au tribunal à Marseille AFP/Archives - Anne-Christine Poujoulat
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AFP

Le dernier mot au procès du vaste scandale des implants mammaires frauduleux PIP est revenu à Jean-Claude Mas, qui comme son avocat a nié une nouvelle fois la dangerosité de ses produits, vendredi devant le tribunal correctionnel de Marseille qui rendra son jugement le 10 décembre.

Plus de 7.400 femmes ont porté plainte dans cette affaire, dont un tiers d'étrangères. Mais "le mot victime n'était pas connu chez PIP", a maintenu le fondateur de l'entreprise varoise, qui a arrondi son image autoritaire et provocatrice durant un mois d'audience en présentant des excuses et en demandant pardon, mais seulement pour la fraude, niant tout risque sanitaire.

"Il y avait des accidents de parcours, des ruptures, des coques, mais c'est la vie de l'implant. Et puis à partir de 2010, il y a eu la découverte de la tromperie et la façon dont elle a été exposée au public", a poursuivi l'ancien VRP de 74 ans.

En mars 2010, une descente de l'Afssaps à La Seyne-sur-Mer, déclenchée par des photos de fûts de matières premières non conformes prises dans l'usine, avait mis au jour la fraude sur le gel de silicone des prothèses, différent du Nusil déclaré officiellement.

"Un gros pourcentage (un quart, NDLR) de victimes ont du gel Nusil dans leurs implants", a souligné M. Mas, répétant encore une fois que son propre gel n'était "pas toxique, pas dangereux". "J'espère un petit peu soulager la douleur des victimes".

"L'apprenti sorcier des prothèses"

Avant lui, son avocat, Me Yves Haddad, avait prononcé l'ultime plaidoirie de ce procès fleuve, trois jours après que le procureur de la République Jacques Dallest eut requis quatre ans de prison ferme contre son client, "l'apprenti sorcier des prothèses".

Le conseil indiquait avoir remis au ministère public des tests effectués par le Laboratoire d'évaluation des matériels implantables (LEMI) sur le gel PIP.

"Une cinquantaine de tests effectués de 2002 à 2008 (...). Vous verrez qu'ils disent tous qu'il n'y a aucune dangerosité", a-t-il affirmé, contestant ainsi le caractère "aggravé" de la tromperie reprochée à son client.

Plus de 4.100 ruptures de prothèses en France

Durant le procès, la présidente Claude Vieillard avait lu d'autres études écartant toute toxicité du gel. Pour l'accusation, reste cependant un taux de rupture et de transsudation des implants varois supérieur à la normale, source de complications pouvant entraîner une explantation en elle-même dangereuse.

Mais l'Organisation mondiale de la Santé "n'a pas recommandé l'explantation", a fait valoir Me Haddad, pas plus que l'Agence des produits de santé en France (l'ex-Afssaps devenue ANSM), qui "a tellement honte de ce qu'elle a fait qu'elle a changé de nom".

Il a plaidé aussi la relaxe sur la prévention d'escroquerie aux dépens de l'organisme de certification allemand TÜV, "qui ne certifiait rien" et "qui tremble le plus dans cette affaire".

"Je ne dis pas tout ça pour défendre M. Mas, mais pour vous, Mesdames", s'est justifié Me Haddad à plusieurs reprises à l'attention des porteuses de prothèses encore présentes dans la salle, comble au premier jour du procès le 17 avril mais plutôt déserte par la suite.

Mardi, le parquet avait requis six mois à deux ans de prison ferme à l'encontre des quatre autres prévenus - l'ancienne directrice de la qualité Hannelore Font, l'ancien président du directoire Claude Couty, l'ancien directeur de la production Loïc Gossart et l'ancien responsable de la R&D Thierry Brinon. Leurs avocats ont plaidé leur relaxe, partielle ou totale.

Le procès a été marqué par les témoignages de victimes, venues de toute la France, de Grande-Bretagne ou d'Amérique du Sud, expliquer leurs souffrances et leurs craintes, l'explantation d'une prothèse PIP s'étant parfois ajoutée à un cancer.

Le dernier bilan de l'ANSM sur environ 15.000 femmes explantées en France recense plus de 4.100 ruptures et près de 2.700 cas d'irritations. On estime le nombre de porteuses (ou anciennes porteuses) à 30.000 dans l'Hexagone et à plusieurs centaines de milliers dans le monde.

Alexandra Blachère, qui préside la principale association de porteuses, a dit repartir du procès "un peu frustrée".

"On l'attendait depuis trois ans, mais les enquêtes n'ont pas été assez poussées. On s'est un peu éparpillé... Au bout d'un moment, on ne sait même plus ce qu'on croit. Je ne pense pas que cela serve à grand-chose", a-t-elle confié, espérant davantage de l'instruction en cours pour "blessures involontaires".

Source : AFP

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