Bettencourt: la proximité entre un un expert et le juge Gentil mise en cause

  • Jean-Michel Gentil le 19 février 2013 à Bordeaux
    Jean-Michel Gentil le 19 février 2013 à Bordeaux AFP/Archives - Patrick Bernard
  • Sophie Gromb à Cornebarrieu (sud ouest), le 10 janvier 2004
    Sophie Gromb à Cornebarrieu (sud ouest), le 10 janvier 2004 AFP/Archives - Georges Gobet
  • Liliane Bettencourt, le 12 octobre 2011 à Paris Liliane Bettencourt, le 12 octobre 2011 à Paris
    Liliane Bettencourt, le 12 octobre 2011 à Paris AFP/Archives - Francois Guillot
  • Nicolas Sarkozy à la sortie du palais de justice de Bordeaux le 21 mars 2013
    Nicolas Sarkozy à la sortie du palais de justice de Bordeaux le 21 mars 2013 AFP/Archives - Patrick Bernard
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AFP

Un médecin qui a joué un rôle majeur dans l'expertise de Liliane Bettencourt ayant conclu à son état de faiblesse, serait une proche du juge d'instruction chargé de l'affaire, Jean-Michel Gentil, révèle jeudi le Parisien avant plusieurs rendez-vous judiciaires importants.

Cette information est publiée une semaine avant l'examen par la cour d'appel de Bordeaux d'éventuelles demandes de nullité de procédure soulevées par les avocats de la défense.

Me Thierry Herzog, le conseil de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, devrait notamment, avec ses confrères, essayer de faire tomber l'ensemble de la procédure en demandant l'annulation pure et simple de l'expertise psychiatrique réalisée le 7 juin 2011 sur Mme Bettencourt, et qui avait abouti à la déclarer en situation de faiblesse.

C'est sur la base de cette expertise que le parquet de Bordeaux avait ouvert en septembre 2011 une information pour abus de faiblesse qui a abouti à la mise en examen d'une douzaine de personnes, dont l'ex-président.

Le Parisien assure jeudi que participait en première ligne à l'expertise Sophie Gromb, chef du service de médecine légale du CHU de Bordeaux. Elle serait même restée seule 35 minutes avec M. Gentil et Mme Bettencourt, dans la chambre de celle-ci à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), avant que quatre autres experts ne les rejoignent.

A l'issue de cette expertise, réalisée dans des conditions contestées par la défense, car menée au saut du lit et sans préavis sur une très vieille dame sourde et un peu désorientée, il avait été établi que Mme Bettencourt n'avait plus toutes ses facultés depuis septembre 2006.

Une date qui couvre notamment la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy début 2007.

Or, selon le Parisien, Mme Gromb aurait été témoin au mariage de M. Gentil avec sa femme Isabelle, une autre magistrate bordelaise, le 30 juin 2007 à Mérignac (Gironde). Interrogée par le quotidien, l'expert a qualifié M. Gentil de "type bien", mais s'est retranchée derrière la protection de la vie privée pour ne pas répondre aux questions sur sa présence comme témoin à son mariage. Mme Gromb n'avait pu être jointe par l'AFP jeudi en fin de matinée.

L'avocat de M. Gentil, Me Rémi Barousse, a indiqué à l'AFP ne pas être au courant de cette affaire et n'avoir aucun commentaire à apporter.

Une grave erreur

Une source proche du milieu judiciaire bordelais a cependant assuré que Mme Gromb a été témoin de Mme Gentil et que le couple a assisté au mariage de la légiste quelques années plus tard. Il leur arrive aussi de partir en vacances ensemble.

"Le juge Gentil a commis une grave erreur en la nommant et c'est d'autant plus surprenant que c'est quelqu'un de très droit", souligne la même source.

Pour cette source, "quand elle a été nommée pour faire cette expertise, elle aurait dû refuser".

La révélation d'une proximité entre l'experte et le juge pourrait être pain bénit pour les avocats des mis en examen.

Avocat de Patrice de Maistre, l'ancien homme de confiance de Mme Bettencourt, Me Pierre Haïk a estimé auprès de l'AFP que "cette information, si elle devait être avérée, serait gravissime, surtout de la part d'un juge toujours très précautionneux sur les conflits d'intérêt".

"La situation n'est en tout cas "pas démentie par les principaux protagonistes", comme Mme Gromb, a-t-il souligné.

A l'inverse Nicolas Huc-Morel, avocat de la famille de Françoise Bettencourt -Meyers, fait remarquer que de de tels faits "ne seraient pas susceptibles de remettre en cause les conclusions de cette expertise rédigée par cinq experts au total".

Il note que la spécialité de cette dernière "est la médecine légale qui n'apparait pas comme la plus déterminante dans cette expertise" et remarque "que le travail réalisé a été conforté par d'autres médecins depuis le début de l'enquête et par les nombreux témoins qui ont fait le constat de cet état de faiblesse"

"Je constate que cette affaire sort de manière opportune, alors que les juges d'instruction s'apprêtent à rendre leur ordonnance de règlement dans cette affaire", a-t-il ajouté.

Après les réquisitions du parquet qui devraient intervenir d'ici fin juin, les trois juges d'instruction -M. Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël - devraient dire au cours de l'été qui ils pensent renvoyer devant le tribunal correctionnel parmi les 12 mis en examen de ce volet.

Source : AFP

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