Menacé d'exclusion, Bourdouleix démissionne de l'UDI

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AFP

Le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, a démissionné mercredi de l'UDI, prenant les devants sur l'exclusion que la direction du parti s'apprêtait à prononcer à son encontre pour ses propos sur Hitler et les gens du voyage.

Sa lettre de démission est parvenue à l'UDI mercredi après-midi, quelques heures avant que la direction du parti centriste se réunisse à l'Assemblée nationale pour débattre de son exclusion qui aurait du être entérinée dans la soirée.

Alors que la veille encore, l'entourage de Jean-Louis Borloo expliquait que son éviction ne pouvait être prononcée immédiatement en raison d'une question de procédure (les statuts de l'UDI imposaient de passer avant par un examen contradictoire devant une commission de discipline, la CNAT, ndlr), le parti avait depuis trouvé le moyen juridique de prononcer la sanction sans délai.

Réuni mercredi matin, le comité opérationnel de la direction de l'UDI, baptisé G9, avait en effet ajouté une "clause d'urgence" au règlement intérieur complétant les statuts qui autorisait le Comité exécutif (Comex), instance suprême de l'UDI, à voter en toute légalité ce mercredi l'exclusion du député-maire de Cholet, ce qu'il s'apprêtait à faire, selon plusieurs participants.

Les déclarations de Gilles Bourdouleix rapportées lundi par le Courrier de l'Ouest, dans lesquelles il estimait, à propos des gens du voyage, qu'"Hitler n'en a(vait) peut-être pas tué assez", avaient provoqué une vague d'indignation dans le monde politique et notamment à l'UDI dont le député était co-fondateur en tant que président du Centre national des indépendants et paysans (CNIP)

Le président du parti Jean-Louis Borloo avait personnellement condamné ses propos "de la manière la plus formelle" et saisi la direction du parti sur "les suites inévitables à donner".

"Préjudice pour le mouvement"

Plusieurs personnalités du parti, dont les députés Yves Jego, Jean-Christophe Lagarde ou la sénatrice Chantal Jouanno ont publiquement exigé l'exclusion de l'intéressé de l'UDI.

D'autres, plus gênés, se refusaient à voir l'UDI prononcer l'exclusion sans débat contradictoire, même si Gilles Bourdouleix avait annoncé qu'il ne viendrait pas s'expliquer devant la direction du parti, dont il était membre, jugeant que cette instance n'était pas compétente pour statuer sur son cas et que "le verdict" avait été déjà prononcé.

Le député-maire de Cholet a d'abord nié avoir prononcé les déclarations controversées avant d'affirmer qu'elles avaient été sorties de leur contexte et manipulées, après la diffusion sur internet de leur enregistrement.

Face aux réactions indignées à l'UDI et malgré la proposition de Jean-Louis Borloo de venir s'expliquer, Gilles Bourdouleix a décidé crânement d'enfoncer le clou, annonçant que son exclusion entrainerait le départ de son parti "avec armes et bagages" et de nombreux adhérents de l'UDI.

"Si l'UDI doit être l'amicale des groupuscules centristes, moi, je veux bien mais une addition de groupuscules, cela fait toujours un groupuscule" avait-il déclaré mardi à l'AFP avant d'ajouter: "je ne pensais pas que l'UDI fonctionnait comme un parti stalinien".

"Gilles Bourdouleix aurait pu exprimer des regrets mais ça n'a pas été sa ligne de défense", a dit à l'AFP le sénateur Jean Arthuis, membre de la direction du parti, pour qui l'UDI se doit de réagir sans délai "lorsque qu'une expression publique entre, comme ici, en contradiction avec les valeurs du parti"

"Si on devait tergiverser, moralement, cela aurait été un préjudice pour le mouvement", a estimé l'ancien ministre de l'Economie.

"On ne pouvait pas s'abriter derrière le juridisme ou alors, pourquoi ne pas attendre, au nom de la présomption d'innocence, que la justice statue sur cette affaire. Non, il faut savoir prendre ses responsabilités", a-t-il dit.

Une enquête préliminaire "pour apologie de crime contre l'humanité" a été ouverte mardi par le procureur de la République à Angers afin d'établir la matérialité des faits.

Source : AFP

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