Notre-Dame-des-Landes: les opposants "occupent le ciel"

  • Des militants assistent le 3 août 2013 à un festival de musique, organisé par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
    Des militants assistent le 3 août 2013 à un festival de musique, organisé par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes AFP Photo - JEAN-SEBASTIEN EVRARD
  • L'artiste "La parisienne libérée" sur scène le 3 août 2013 au festival de musique organisé par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
    L'artiste "La parisienne libérée" sur scène le 3 août 2013 au festival de musique organisé par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes AFP - JEAN-SEBASTIEN EVRARD
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AFP

Une armada de cerfs-volants contre des Airbus et des Boeing: les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui ont rassemblé des milliers de sympathisants ce week-end au nord de Nantes, ont choisi d'occuper aussi le ciel pour faire plier le gouvernement.

Sur l'immense champ de blé fraîchement moissonné où sont organisés concerts et conférences jusqu'à dimanche soir, les organisateurs s'activent à confectionner un millier de cerfs-volants destinés à garder symboliquement l'espace aérien au dessus du bocage nantais.

A même le sol, deux jeunes femmes accroupies écrivent un message sur un grand cerf-volant triangulaire rouge et blanc "pour que nos libertés occupent le ciel". "Le ciel libre aux hommes libres", peut-on lire sur un de ces messages.

L'Acipa, la principale association d'opposants historiques au projet d'aéroport qui remonte aux années 1960, a revendiqué plus de 8.000 participants au rassemblement festif à compter de samedi 20h00, tandis que la préfecture de Loire-Atlantique en avait dénombré entre 3.500 et 4.000 trois heures plus tôt.

L'Acipa, qui organise ce rassemblement estival depuis 13 ans sur le site prévu pour la future aérogare, n'avait jamais fait les choses en aussi grand, avec un service d'ordre pléthorique, des chapiteaux, des secouristes et une scène géante sur laquelle défilent les musiciens sous un panneau proclamant "Un aéroport à NDDL, jamais !"

D'autres festivaliers étaient attendus dimanche jusque tard dans la nuit pour assister aux concerts de musiciens connus comme Tryo et Sanseverino. Beaucoup d'artistes se sont mobilisés depuis que les forces de l'ordre ont tenté d'évacuer le site en octobre pour laisser la place aux pelleteuses, observe Julien Durand, porte-parole de l'Acipa.

Cette initiative a relancé la lutte contre le projet confié au groupe de BTP Vinci et qui doit voir le jour en 2017. Au point que le gouvernement a demandé des études complémentaires sur le projet et retiré les gendarmes en avril.

"Mais nous restons vigilants", assure M. Durand.

Les noms de la plupart des musiciens invités ne disent pas grand chose à bon nombre de militants plus âgés qui se flattent d'avoir "fait le Larzac" dans les années 1970.

"Un autre modèle de société"

"La symbolique de ce lieu, c'est la résistance", confie à l'AFP le jazzman Bernard Lubat, un ancien musicien de Claude Nougaro qui s'est produit samedi. L'état d'esprit qui règne à Notre-Dame-des-Landes, "je l'ai connu au Larzac", se souvient le musicien, qui fait le lien avec le jazz, "musique de révolte de gens qui se sont libérés de l'esclavage".

Le rassemblement se vit comme une société à part, où l'argent ne règne pas. "Ca fait du bien de se retrouver avec des gens qui ont les mêmes envies, les mêmes idées, les mêmes visions de la société", confie Nicolas Dhervaux, 33 ans, venu du Morbihan voisin avec sa copine Marie-Cécile, assistante d'éducation comme lui dans un lycée professionnel.

L'accès au festival est gratuit, mais les spectateurs sont fortement incités à participer aux frais à leur arrivée. "Les gens donnent en moyenne entre cinq et 20 euros", témoigne Myriam, caissière installée dans une caravane à l'entrée. "Ca va parfois jusqu'à 50 euros, les gens sont très généreux", dit-elle.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et fervent partisan du projet d'aéroport, est dans le collimateur. "Il ferait mieux de reconnaître qu'il a perdu sur ce coup-là", tranche Marie-Thérèse, une retraitée originaire du proche village de Bouvron, qui porte un autocollant avec la mention "Non à l'aéroport et à son monde".

"On est venus défendre nos copains paysans. Mais la question de fond, c'est qu'on réclame un autre modèle de société", explique cette ancienne agricultrice, qui dit avoir milité pour la première fois contre le projet d'aéroport "il y a 43 ans".

Mais personne ne se risque à se prononcer sur les intentions du gouvernement. "Mystère", résume Marie-Thérèse.

Source : AFP

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