Sur la Syrie, Obama affronte un Congrès rebelle

  • Le président républicain de la Chambre des représentants américains, John Boehner, le 27 juin 2013 à Washington
    Le président républicain de la Chambre des représentants américains, John Boehner, le 27 juin 2013 à Washington AFP/Archives - Brendan Smialowski
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AFP

La majorité politique dont a besoin Barack Obama pour frapper le régime du président syrien Bachar al-Assad tarde à se matérialiser, malgré le soutien affiché des chefs de file du Congrès, qui laissent à leurs troupes leur liberté de conscience.

Si la Maison Blanche doutait encore de l'ampleur du scepticisme au sein de la Chambre des représentants, elle en a eu un vif aperçu mercredi lors de la longue audition de John Kerry, chef de la diplomatie.

Le groupe républicain qui, avec 233 sièges sur 435, y dispose de la majorité, est fracturé entre sa base et le président de la Chambre John Boehner, qui a apporté son appui au président mardi. Beaucoup se méfient du vide que créerait la chute d'Assad et estiment qu'il est trop tard pour intervenir.

"Il n'y a pas de bonne solution", a estimé Michael McCaul, président de la commission de la Sécurité intérieure, à M. Kerry. Les Américains "voient Assad comme un mauvais acteur qui a utilisé des armes chimiques, il n'y a pas de doute. Mais qui est dans l'autre camp? Qui sont les rebelles?"

"Les Américains sont sceptiques et ne veulent pas entendre parler d'un conflit nourri par des questions historiques, religieuses et tribales", a estimé Ed Royce, président de la commission des Affaires étrangères.

"J'ai parlé à des centaines de personnes, mon bureau a reçu environ 300 courriers électroniques. Et pas un seul (...) n'a dit: il faut aller en Syrie et combattre ce régime. Ils disent: n'allez pas en Syrie. On n'a pas à s'impliquer dans leur guerre civile", a lancé Jeffrey Duncan, affilié au Tea Party.

Perdre "quelques démocrates"

La Maison Blanche ne ménage pourtant pas ses efforts. Toute la semaine, de hauts responsables ont rencontré dans une salle sécurisée du Capitole tous les parlementaires qui souhaitaient en savoir plus sur la demande d'autorisation du recours à la force en Syrie.

Barack Obama appelle lui-même des élus depuis l'étranger, où il est parti mardi pour une visite en Suède et le sommet du G20 en Russie, selon un haut responsable.

"Ma crédibilité n'est pas en jeu, c'est la crédibilité de la communauté internationale qui est en jeu, tout comme celle des États-Unis et du Congrès", a fait valoir le président.

Mais pour remporter son pari, Barack Obama devra convaincre des élus plus préoccupés par les primaires des élections législatives de 2014 que par l'image de l'Amérique dans le monde.

Après près de 12 ans de guerre en Afghanistan, et la douloureuse expérience de la guerre d'Irak, les Américains se méfient des conflits, surtout en Syrie où ils ne décèlent pas de menace imminente pour les Etats-Unis.

L'interdiction de l'envoi de troupes au sol, inscrite noir sur blanc dans les projets de résolution élaborés au Congrès, vise à les rassurer.

"Je suis allé à trop d'enterrements et j'ai rendu visite à trop de soldats handicapés, je ne veux plus que nous fassions cela à moins que ce ne soit absolument nécessaire à la survie de l'Amérique", a noté Richard Durbin, un sénateur démocrate qui soutient l'intervention.

Un responsable a reconnu que la Maison Blanche "perdrait quelques démocrates", ce qui rend indispensable l'apport de voix républicaines, non seulement à la Chambre mais aussi au Sénat.

Mercredi, la commission des Affaires étrangères du Sénat a approuvé un projet d'autorisation du recours à la force limitant toute intervention à 60 jours, prolongeable à 90 jours, mais trois sénateurs démocrates ont fait défection.

Barack Obama et ses lieutenants répètent qu'ils sont confiants sur l'issue des votes, qui auront lieu à partir de la semaine prochaine.

Mais un proche allié du président, le représentant démocrate Chris Van Hollen, interrogé sur CNN sur les chances de réussite à la Chambre, s'est contenté de répondre mercredi: "je crois que personne ne le sait aujourd'hui".

Source : AFP

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