Les propos de Fillon ravivent les fractures à l'UMP

  • Le président de l'UMP Jean-François Copé, lors d'un meeting de son parti au Touquet-Paris-Plage, le 8 septembre 2013
    Le président de l'UMP Jean-François Copé, lors d'un meeting de son parti au Touquet-Paris-Plage, le 8 septembre 2013 AFP/Archives - Philippe Huguen
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AFP

Le revirement de François Fillon sur la stratégie à adopter vis-à-vis du FN n'en finit pas de faire des dégâts à l'UMP, dont l'avenir est désormais "en jeu", selon son président Jean-François Copé, dernier ténor du parti à tomber à bras raccourcis sur l'ancien Premier ministre.

Moins d'un an après une crise qui a failli faire imploser l'UMP, le parti fondé par Jacques Chirac et Alain Juppé en 2002 est de nouveau fracturé au plus mauvais moment.

L'UMP, qui doit déjà composer avec le vrai-faux retrait de Nicolas Sarkozy, doit en effet se situer avec un centre en cours de recomposition autour du rapprochement UDI-MoDem et un FN dont la présidente, Marine Le Pen, gagne encore 6 points dans le palmarès Ipsos réalisé lundi pour Le Point.

Inquiet de voir "rouverte une séquence auto-destructrice", l'ex-président de l'Assemblée, Bernard Accoyer, a d'ailleurs lancé lundi aux dirigeants de l'UMP un "appel au calme" face à une situation qui risque "en définitive de ne profiter qu’à la gauche et au Front national".

Mais c'est le président de l'UMP, Jean-François Copé, qui a lui-même fixé l'enjeu de la situation dans Le Figaro : c'est l'avenir de l'UMP "qui est en jeu si on la laisse dériver vers l'extrême droite".

M. Copé, qui ne s'était pas exprimé sur les déclarations de son rival de l'automne dernier à la présidence du parti, est l'invité lundi du 20H00 de TF1. Il devrait expliciter plus avant sa position vis-à-vis de François Fillon qui a jeté vendredi aux orties, en cas de duel FN/PS, "le ni, ni" (ni FN, ni PS, qui est la ligne prônée par l'UMP) et le "front républicain" (vote pour le candidat non FN).

"Eliminer Fillon de la course"

La réunion du groupe UMP à l'Assemblée mardi, puis le lendemain celle du bureau politique de l'UMP pourraient donner lieu à de nouvelles passes d'armes.

"Je pense à nos candidats aux municipales : la banalisation du vote FN peut être ravageuse pour eux, alors qu'à l'inverse, si on refuse les compromissions tout en ne lâchant rien sur la droite décomplexée, on gagnera", estime le député-maire de Meaux.

La veille, c'est une autre figure de l'UMP, Alain Juppé, qui s'est élevé contre la position de M. Fillon, partisan en 2011 du front républicain contre le FN, avant de se rallier au "ni-ni" fin 2012.

D'autres figures de la droite, de Xavier Bertrand à Bruno Le Maire en passant par Henri Guaino, ont donné de la voix durant le weekend contre ce glissement opéré par M. Fillon.

Dans le camp du député de Paris, on assure au contraire qu'il cherche juste à s'adresser aux électeurs du FN et n'accorderait jamais son suffrage à un candidat frontiste.

Deux de ses principaux soutiens, Valérie Pécresse et François Baroin, ont ainsi cherché à calmer le jeu, non sans avoir auparavant demandé des explications à leur ancien Premier ministre.

"La polémique est très artificielle", soupire un filloniste, pour qui "il y a beaucoup d'arrières-pensées de candidats à la primaire de 2016, qui se disent qu'il y a peut-être là une occasion d'éliminer Fillon de la course".

La prise de position de M. Copé, dont les relations avec M. Fillon semblaient pourtant moins fraîches depuis quelques semaines, ont en particulier fait grincer des dents dans l'entourage de l'ex-Premier ministre.

"Jean-François Copé n'est pas très crédible pour parler de ces choses-là, c'est lui qui a flirté avec les lignes rouges à plusieurs reprises", souligne un filloniste, en référence notamment à la sortie sur le "pain au chocolat" du tenant d'une "droite décomplexée".

Interrogé par l'AFP, le politologue Pascal Perrineau ne comprend pas cet emballement au sein de l'UMP.

"Il y a toujours eu une diversité, depuis trente ans, au sein de la droite classique entre partisans du front républicain, du +ni-ni+, voire d'alliances locales", rappelle-t-il. "On a l'impression que ce n'est qu'un prétexte pour reprendre les hostilités entre chefs, car tout ne tourne pas autour du FN, un parti qui représente 17-18% des voix", fait valoir le politologue.

Source : AFP

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