Russie: enquête pour "piraterie" après l'opération de Greenpeace en Arctique

  • Le bateau de Greenpeace, Arctic Sunrise, sur une photo fournie par l'ONG le 17 septembre 2013
    Le bateau de Greenpeace, Arctic Sunrise, sur une photo fournie par l'ONG le 17 septembre 2013 Greenpeace/AFP/Archives - Denis Sinyakov
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AFP

Les autorités russes ont annoncé mardi l'ouverture d'une enquête pour "piraterie", un crime passible de lourdes peines, contre des militants de Greenpeace qui avaient abordé une plateforme du géant russe gazier Gazprom en Arctique.

Cette annonce intervient alors que le navire de Greenpeace, l'Arctic Sunrise, a été remorqué jusqu'à la rade de Mourmansk (nord-ouest) par les autorités russes.

Selon des images de la télévision russe et des informations de l'ONG écologiste, le navire n'est pas à quai mais a jeté l'ancre à proximité.

Des responsables de la région de Mourmansk ont indiqué aux agences de presse russes que l'équipage devrait probablement rester sur le navire mardi pour être interrogé.

L'enquête a été ouverte pour "piraterie en groupe organisé", un crime passible en Russie de 15 ans de détention.

"Tous ceux qui ont participé à l'attaque contre la plateforme devront répondre de leurs actes, indépendamment de leur nationalité", a précisé mardi matin le Comité d'enquête dans un communiqué.

L'équipe de l'Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace qui a été remorqué jusqu'à Mourmansk par un navire des garde-côtes après avoir été pris d'assaut manu militari jeudi, est composé de 30 militants issus d'une quinzaine de pays, dont quatre ressortissants russes, a précisé une porte-parole de Greenpeace Maria Favorskaïa, citée par l'agence Ria Novosti.

Le Comité, principal organe chargé des investigations criminelles en Russie, n'a pas exclu que des militants puissent être arrêtés après leur interrogatoire.

Les enquêteurs "ont l'intention d'interroger tous les participants et d'interpeller les plus actifs d'entre eux", a-t-il déclaré.

Le Comité a accusé les militants de Greenpeace d'avoir mis en danger non seulement les personnes travaillant sur la plateforme mais aussi l'environnement.

"Il est difficile de croire que ces soi-disant militants ne savaient pas que la (plateforme, ndlr) était un site à haut risque et que toute action non autorisée pouvait y provoquer un accident qui aurait mis en danger non seulement les personnes se trouvant à bord mais aussi l'environnement", a-t-il estimé.

Selon Maria Favorskaïa, Greenpeace a envoyé une demande au Comité d'enquête afin d'avoir accès au dossier.

Jusqu'à présent "aucun document n'a été présenté. Greenpeace ne connait pas les accusations portées contre les militants, la raison pour laquelle ils sont, depuis déjà cinq jours, détenus", a-t-elle souligné.

De son côté, Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International, a dénoncé des accusations "absurdes".

"Aucune accusation de piraterie retenue contre des militants pacifiques n'a de valeur en droit international. Nous n'allons pas nous laisser intimider par ces accusations absurdes, ni nous taire", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Un membre du FSB (service fédéral de sécurité, dont dépendent les garde-frontières) a de son côté précisé aux agences russes que des représentants de plusieurs consulats avaient demandé à rencontrer l'équipage et que de telles rencontres devraient être organisées.

L'Arctic Sunrise, qui bat pavillon néerlandais, avait été dépêché dans la mer de Barents pour protester contre des projets d'exploitation pétrolière de Gazprom.

Mercredi, deux militants de Greenpeace, originaires de Suisse et de Finlande, ont été interpellés lors d'une intervention musclée des garde-frontières, alors qu'ils avaient escaladé la plateforme pétrolière Prirazlomnaïa.

Ils avaient été relâchés après avoir passé quelques heures à bord d'un navire des garde-côtes, et avaient pu rejoindre l'équipe de l'Arctic Sunrise.

Mais jeudi, des commandos armés de fusils d'assaut sont descendus d'un hélicoptère à bord de l'Arctic Sunrise et ont enfermé tout l'équipage dans le mess, selon l'ONG.

Depuis, les actions de protestation se sont multipliées. Une cinquantaine d'ONG écologistes et près de 400.000 personnes ont notamment signé des pétitions appelant à la libération des militants, a précisé Greenpeace.

L'ONG n'a cessé de dénoncer un assaut "illégal" sur son navire, celui-ci s'étant produit, selon elle, alors que l'Arctic Sunrise se trouvait en dehors des eaux territoriales russes.

Gazprom prévoit de lancer la production sur la plateforme Prirazlomnaïa au premier trimestre 2014, et les écologistes dénoncent le risque de pollution dans une zone proche de trois réserves naturelles protégées par la loi russe.

La Russie a fait une priorité stratégique du développement de l'Arctique, une immense zone regorgeant de ressources en hydrocarbures qui n'a pour l'instant pas encore été exploitée.

Source : AFP

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