Des milliers de manifestants attendus samedi à Quimper, craintes de débordements

  • Des manifestants bloquent une route le 26 octobre 2013 à Pont-de-Buis
    Des manifestants bloquent une route le 26 octobre 2013 à Pont-de-Buis AFP/Archives - Fred Tanneau
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AFP

Plusieurs milliers de personnes coiffées de bonnets rouges sont attendues samedi à Quimper lors d'un rassemblement pour l'emploi en Bretagne, sur fond de fronde contre l'écotaxe, une manifestation au sujet de laquelle Jean-Marc Ayrault a mis en garde vendredi contre toute "spirale de la violence".

Une semaine après la manifestation devant le portique écotaxe de Pont-de-Buis (Finistère), qui a dégénéré en violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, les appels au calme se sont succédé et plusieurs organisations, notamment syndicales, se sont désolidarisées de l'appel à manifester.

Par précaution, la mairie de Quimper a ordonné le démontage du mobilier urbain et la préfecture a interdit l'accès au centre-ville aux tracteurs. L'association locale de commerçants Les Vitrines a pour sa part demandé à ses membres de baisser les rideaux durant une heure samedi en soutien à la manifestation.

Jeudi, dans un nouveau geste d'apaisement après la suspension mardi de l'écotaxe par le gouvernement, la préfecture du Finistère a fait procéder au démontage du portique de Pont-de-Buis.

Les organisateurs -- des groupements professionnels, le maire DVG de Carhaix, Christian Troadec, et le syndicat FO -- ont toutefois assuré que le rassemblement, qui débutera à 15H00, se déroulerait dans le calme.

"Nous souhaitons une manifestation dans la dignité et le calme, une manifestation populaire et respecteuse de chacun pour une nouvelle régionalisation qui permette à la Bretagne de prendre son destin en main", a déclaré à l'AFP M. Troadec.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a néanmoins mis en garde vendredi contre toute "spirale de la violence" en Bretagne. "On ne peut pas construire si on s'engage dans une espèce de spirale de la violence", a-t-il averti en marge d'un déplacement à Moscou, soulignant qu'"on ne résoudra pas le problème des Bretons autrement que par le dialogue.

Au micro d'Europe 1, la ministre de la Réforme de l'Etat et de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, a pour sa part évoqué vendredi la présence sur place de militants extrémistes, citant notamment des "groupes (anti-)mariage pour tous".

"Dindons de la farce"

Selon le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine, la manifestation risque notamment d'être émaillée de rixes entre groupuscules d'extrême droite et d'extrême gauche.

"Ce rassemblement fédérera un grand nombre de groupes très différents entre eux, y compris des militants d'ultra-droite identitaire et de groupes gauchistes, avec un risque d'affrontements de ces groupes dans la foule", a-t-il déclaré à l'AFP. Un "important dispositif" de police et de gendarmerie est prévu.

Florian Philippot, vice-président du FN, a indiqué vendredi sur France 2 soutenir cette manifestation, qui au-delà du dossier de l'écotaxe, dont les organisateurs réclament la suppression totale, pourrait cristalliser tous les mécontentements contre l'exécutif.

La famille de Mikaël Cueff, le manifestant blessé et amputé de la main à la suite de l'action à Pont-de-Buis samedi, a lancé un "appel solennel afin que ce rassemblement de samedi à Quimper se passe dans la plus grande dignité et le calme", et l'UDI a souhaité elle aussi jeudi que la manifestation "se déroule dans le calme et la sérénité", en estimant que la suspension par le gouvernement de l'écotaxe avait constitué "un vrai geste d'apaisement".

Très dégradé en raison notamment de la crise de l'agroalimentaire, le climat social en Bretagne s'est cependant un peu plus assombri jeudi avec l'annonce par le volailler Tilly-Sabco de son intention de suspendre à partir de janvier sa production de poulets pour l'export, avec à la clé selon lui un nouveau millier d'emplois menacés "à très court terme".

Toutefois, plusieurs organisations syndicales se sont désolidarisées de l'appel à manifester à Quimper, la CGT, Solidaires et FSU appelant à leur propre rassemblement à Carhaix.

"La manifestation pour les salariés n'est pas à Quimper mais à Carhaix. Elle n'est pas avec ceux qui procèdent aux licenciements. On ne veut pas que les salariés soient les dindons de la farce", a déclaré le secrétaire régional CGT Bretagne Thierry Gourlay, qui dénonce le fait que plusieurs organisations patronales, dont Produit en Bretagne (300 entreprises, 100.000 salariés) appellent à manifester à Quimper.

La CFDT a également décidé de se démarquer, indiquant qu'elle ne participerait ni à la manifestation de Quimper, ni à celle de Carhaix, estimant que la problématique de l'écotaxe est "un paravent évitant de traiter les problèmes de fond" de la Bretagne.

Le comité régional des pêches maritimes de Bretagne avait annoncé dès mardi qu'il ne participerait pas à la manifestation de samedi à Quimper car selon lui, "la priorité est désormais à un pacte d'avenir Terre et Mer de Bretagne" promis par le gouvernement.

Source : AFP

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