Valentin: "je suis touché par votre chagrin" dit l'accusé à la mère

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    Croquis d'audience de Noëlla Hégo le 12 novembre 2013 au palais de justice de Lyon AFP - Benoit Perucq
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    Véronique Cremault à l'ouverture du procès des assassins présumés de son fils, le 12 novembre 2013 à Lyon AFP - Philippe Desmazes
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    Croquis d'audience de Stéphane Moitoiret le 12 novembre 2013 au palais de justice de Lyon AFP - Benoit Peyrucq
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AFP

"Je suis touché par votre chagrin". Pour la première fois, Stéphane Moitoiret s'est adressé mercredi à la mère de Valentin, tué de 44 coups de couteaux à 10 ans en 2008, réaffirmant devant les assises du Rhône qu'il n'était "pas responsable" de la mort de l'enfant.

Au deuxième jour de son procès en appel, le marginal de 44 ans a confirmé sa volonté de s'expliquer, dans un dialogue stupéfiant avec la partie civile, alors qu'il était resté mutique en première instance devant la cour d'assises de l'Ain, en décembre 2011.

"Je ne sais pas vraiment quoi vous dire parce que je suis touché par votre chagrin. Moi j'ai perdu mon père et mon grand-père quand j'étais jeune", a-t-il articulé, le débit lent, en choisissant ses mots. Mais Stéphane Moitoiret a maintenu ses dénégations, toujours formulées dans les mêmes termes. "Je ne suis pas responsable de la mort de votre enfant", a-t-il assuré, évitant d'évoquer le geste lui-même.

"Je rêvais de cet instant, de pouvoir m'adresser à vous", l'a coupé Véronique Crémault, qui venait de livrer un témoignage déchirant sur le deuil de son dernier enfant, "l'amour de (sa) vie".

Stéphane Moitoiret, silhouette massive et lucidité en question, qui sera une nouvelle fois au coeur des débats des experts psychiatres la semaine prochaine, explique alors qu'il croit "au hasard, au destin".

"C'était pas son destin, à Valentin", répond doucement la mère du garçon.

L'accusé insiste: "Je n'ai jamais voulu de malheur pour qui que ce soit. Je veux que les gens réalisent leur rêve, leur bonheur". "Pour moi il y a un destin. Si vous avez étudié Jésus... Jésus savait qu'il allait mourir sur la croix", balbutie Moitoiret, qui avait confié mardi à la cour ses délires mystiques, parlant de clonage et de réincarnation.

"Je sais que c'est terrible"

"Je suis très catholique, mais mon fils ne méritait pas de mourir et mon fils n'est pas Jésus Christ. Je ne veux pas rentrer dans cet épilogue, M. Moitoiret. Merci", rétorque Mme Crémault, abrégeant l'échange.

L'ancienne compagne du marginal, Noëlla Hégo, qui comparaît pour complicité d'assassinat, a ensuite assuré à la mère de Valentin qu'elle n'était "pour rien" dans la mort de l'enfant. "Je suis désolée pour vous mais je n'ai pas voulu la mort de votre fils (...) Je sais que c'est terrible pour vous", a-t-elle dit d'une voix pâteuse entrecoupée de sanglots, le visage cramoisi.

Noëlla Hégo était sortie un peu plus tôt de son hébétude apparente pour écouter Mme Crémault, bouleversante, relater le dernier dialogue avec son fils, qui lui avait "envoyé un baiser" par webcam.

Valentin, qui allait avoir 11 ans, avait disparu au soir du 28 juillet 2008 alors qu'il faisait des tours de vélo dans son lotissement de Lagnieu, dans l'Ain, sous la garde d'un voisin. Le même voisin et son fils, qui ont témoigné mercredi matin, l'avaient retrouvé dans une mare de sang.

Stéphane Moitoiret, vu par plusieurs témoins et dont l'ADN avait été retrouvé mêlé à celui du petit garçon, avait été condamné en première instance à la perpétuité. Sa compagne avait été condamnée à 18 ans de réclusion pour complicité.

La défense plaide l'irresponsabilité pénale, dans le premier cas, et l'acquittement pour Noëlla Hégo. Il n'a jamais été établi que cette femme de 54 ans, surnommée "Sa Majesté" par son compagnon, l'ait formellement incité à commettre le crime.

L'audience devait se poursuivre mercredi après-midi par les auditions des médecins légistes. Le verdict est attendu le 22 novembre.

Source : AFP

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