Sages-femmes: Marisol Touraine tente de désamorcer le conflit

  • Une sage-femme manifeste à Marseille, le 19 novembre 2013
    Une sage-femme manifeste à Marseille, le 19 novembre 2013 AFP - Anne-Christine Poujoulat
  • Marisol Touraine, ministre de la Santé, à l'Assemblée Nationale, le 6 novembre 2013
    Marisol Touraine, ministre de la Santé, à l'Assemblée Nationale, le 6 novembre 2013 AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
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AFP

Marisol Touraine, ministre de la Santé, a lancé mardi des travaux sur le rôle des sages-femmes, à l'issue d'une table ronde avec plusieurs organisations, pour tenter de désamorcer le conflit qui l'oppose depuis mi-octobre à une partie de la profession.

Cette table-ronde, en présence de Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a permis "de lancer les travaux relatifs à la reconnaissance du rôle et de la place des sages-femmes dans le système de santé", ont indiqué les ministres dans un communiqué commun à l'issue de la réunion.

Des groupes de travail seront mis en place sur "la reconnaissance statutaire des sages-femmes hospitalières", "la place des sages-femmes dans la stratégie nationale de santé", "l’évaluation des décrets périnatalité", concernant notamment les effectifs, et "la formation des sages-femmes et la recherche".

Les premières recommandations seront remises "avant la fin de l’année 2013", précisent les ministres.

La réunion, à laquelle participait également le collège des obstétriciens et gynécologues, s'est achevée en milieu de journée, laissant syndicats et associations de sages-femmes sur leur faim.

"La question du statut des sages-femmes à l'hôpital reste entière même si la ministre a fait une ouverture", a déclaré à l'AFP Nicolas Dutriaux, représentant du collectif de sages-femmes à l'origine d'un mouvement lancé mi-octobre avec grève illimitée.

Une centaine de sages-femmes s'étaient rassemblées aux abords du ministère en signe de soutien. "Sages-femmes en grève", "Marisol notre statut nous désole", pouvait-on lire sur le dos des manifestantes.

Des rassemblements devant les Agences régionales de santé (ARS) étaient aussi organisés dans différentes villes. A Strasbourg, 200 manifestants ont fait une incursion dans les locaux de l'ARS, brandissant des banderoles avec la désormais traditionnelle référence à la chanson de Stromae "Métier formidable, statut fort minable".

Plus de 250 sages-femmes ont également défilé à Lyon, elles étaient environ 200 à Bordeaux, une centaine à Limoges, Caen ou Lille. A Rouen, environ 150 manifestants ont organisé une chorégraphie soigneusement préparée sur un pont de la ville, a constaté l'AFP.

"Faut-il arrêter la mobilisation? C'est aux sages-femmes de décider", a souligné M. Dutriaux alors que des assemblées générales sont prévues à Paris et en province à 15H00.

A l'appel du collectif, une manifestation avait réuni à Paris plusieurs milliers de sages-femmes le 7 novembre, conduisant Mme Touraine à convoquer cette table ronde.

La question des salaires "balayée"

Le collectif souhaite que les sages-femmes exerçant à l'hôpital sortent du statut de la Fonction publique hospitalière pour intégrer un statut médical, sur le modèle des praticiens hospitaliers (médecins), afin d'être mieux reconnues.

"La ministre a laissé ouvertes les deux options, soit une sortie du statut de la Fonction publique hospitalière, soit un maintien. Nous allons travailler à voir quelles seraient les conséquences des deux possibilités", a expliqué M. Dutriaux.

Le collectif réclame également que les sages-femmes libérales soient mieux identifiées comme praticien de premier recours, c'est-à-dire premier professionnel de santé auquel peuvent avoir accès les femmes pour leur suivi gynécologique, comme les gynécologues.

"La ministre a tenu un discours très cohérent par rapport à ce que nous demandons là-dessus, à savoir +comment faire pour que les femmes soient plus facilement orientées vers nous?+", a estimé M. Dutriaux, jugeant ce point "acquis".

Les syndicats représentatifs, également conviés à la réunion, ont regretté que la question - centrale pour eux - des salaires ait été "balayée" par la ministre, a indiqué à l'AFP Annie-Claude Ottan (CGT).

"Sur le fond, les revendications du collectif et des sages-femmes représentées par les syndicats sont les mêmes, mais nous ne sommes pas d'accord sur les moyens d'obtenir un statut médical qui convienne à la profession", a souligné Mme Ottan.

Les syndicats - hormis la CTFC membre du collectif - refusent que les sages-femmes hospitalières quittent le statut de fonctionnaire.

En parallèle, ces syndicats ont entamé des négociations sur les salaires, mais les premières propositions du ministère à ce sujet ont été rejetées.

Plus de 20.000 sages-femmes exercent en ville ou à l'hôpital, où leur salaire débute à 1.400 euros par mois.

Source : AFP

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