L'Europe refuse le veto russe sur l'Ukraine

  • Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, à Vilnius le 29 novembre 2013
    Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, à Vilnius le 29 novembre 2013 AFP - Janek Skarzynski
  • Des policiers anti-émeute face à des manifestants pro européens à Kiev, le 29 novembre 2013
    Des policiers anti-émeute face à des manifestants pro européens à Kiev, le 29 novembre 2013 AFP - Vasily Maximov
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AFP

L'Europe s'en est pris à la Russie vendredi en lui demandant de ne pas se mêler de ses relations avec les anciennes républiques soviétiques, après le refus de l'Ukraine de signer un accord historique scellant son rapprochement avec l'Ouest.

"Nous ne pouvons pas accepter (...) d'avoir une sorte de possible veto d'un troisième pays" dans le cadre d'un accord d'association, a lancé le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso à l'issue du sommet du Partenariat oriental, qui réunissait l'UE et six Etats nés sur les décombres de l'URSS.

"Le temps de la souveraineté limitée est révolu en Europe", a-t-il ajouté.

Réaffirmant que l'accord d'association avec l'Ukraine était "toujours sur la table", le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a appelé Kiev à "écarter les considérations à court terme".

"Nous ne devons pas renoncer face aux pressions extérieures, même de la Russie", a-t-il ajouté, alors que Moscou est déjà parvenu à ramener dans son giron l'Arménie, qui a annoncé en septembre qu'elle rejoignait son Union douanière.

Des responsables européens s'inquiètent aussi d'une montée de la pression sur la Géorgie et la Moldavie, maintenant qu'elles ont paraphé un accord d'association avec l'UE, première étape avant une signature définitive attendue l'an prochain.

Le nouveau président géorgien, Guiorgui Margvelachvili, a reconnu qu'il restait "prudent". "Nous essayons de faire passer le message à toutes les capitales qu'une Géorgie prospère et démocratique ne peut qu'être bénéfique pour tous ses voisins, y compris la Russie", a-t-il dit.

M. Van Rompuy a salué "la détermination, le courage et la volonté politique" des dirigeants géorgiens et moldaves.

Pour l'heure, le président Viktor Ianoukovitch a semblé accepter la main tendue des Européens.

"Je confirme l'intention de l'Ukraine de signer l'accord d'association dans un avenir proche", a-t-il déclaré à Vilnius, où il avait fait le déplacement pour rencontrer ses homologues de l'UE.

"La pause forcée dans le processus de signature de l'accord ne signifie pas un arrêt des réformes nécessaires en Ukraine en vue de poursuivre l'intégration européenne", a-t-il plaidé.

Mais M. Ianoukovitch a rappelé ses propres conditions. Il demande toujours un dialogue à trois avec la Russie, ce que l'UE refuse catégoriquement, ainsi qu'une aide financière pour son pays en crise, notamment du fait des mesures de rétorsion imposées ces derniers mois par Moscou.

"Nulle part"

L'UE est restée prudente sur cette demande d'assistance. Le président français François Hollande a été plus catégorique. "On ne peut pas, comme le président ukrainien le voudrait, demander qu'on paie pour que l'Ukraine entre dans cette association. Non on ne paie pas!", a-t-il affirmé.

A l'issue du troisième sommet du Partenariat oriental entre l'UE et six ex-républiques soviétiques --Ukraine, Géorgie, Moldavie, Belarus, Arménie et Azerbaïdjan--, le bilan est maigre.

Outre les deux accords d'association avec la Géorgie et la Moldavie, a été signé un accord de facilitation des visas avec l'Azerbaïdjan et quelques textes techniques.

La présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, dont le pays assure la présidence semestrielle de l'UE et fait partie des Etats en pointe dans la volonté de rapprochement avec les anciennes républiques soviétiques, a accusé les dirigeants ukrainiens d'avoir choisi "une voie qui ne mène nulle part". "C'est un échec de l'Ukraine".

Scandant "Révolution", des milliers de manifestants pro-européens se sont encore rassemblés vendredi soir place de l'Indépendance à Kiev, en attendant le retour des dirigeants de l'opposition, venus à Vilnius plaider leur cause.

Malgré les signes de bonne volonté de part et d'autre, beaucoup pensent que l'absence de signature avec l'Ukraine, de loin le pays le plus important du Partenariat, risque de briser l'élan pour de longs mois, voire des années. Non seulement pour l'Ukraine mais pour l'ensemble de cette stratégie à l'Est lancée en 2009.

Outre les pressions russes, le Partenariat oriental souffre aussi des divisions au sein de l'UE sur les perspectives offertes à l'ancien bloc soviétique. Elle n'a jamais proposé une adhésion pleine et entière, comme elle l'avait fait avec les pays de l'Est après la chute du Mur.

La signature d'un accord "représente une claire avancée dans nos relations qui amènera certainement mon pays un jour dans l'Union européenne", n'en a pas moins estimé le Premier ministre moldave, Iurie Leanca.

Source : AFP

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