Achat de votes: le maire UMP de Corbeil-Essonnes en garde à vue

  • Le maire UMP de Corbeil-Essonnes Jean-Pierre Bechter (à droite), avec l'ex-maire Serge Dassault, au quartier général de la campagne UMP pour l'élection municipale, le 12 décembre 2010
    Le maire UMP de Corbeil-Essonnes Jean-Pierre Bechter (à droite), avec l'ex-maire Serge Dassault, au quartier général de la campagne UMP pour l'élection municipale, le 12 décembre 2010 AFP/Archives - Bertrand Langlois
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AFP

Le maire UMP de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, successeur et bras droit de l'industriel Serge Dassault, a été placé en garde à vue mercredi dans l'enquête sur les soupçons d'achat de votes dans les cités de cette ville de l'Essonne.

Le refus du Sénat de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault la semaine passée ne semble pas émousser la détermination des deux magistrats parisiens qui s'intéressent aux municipales de 2008, 2009 et 2010.

Elu en 2010, après une succession de scrutins invalidés, Jean-Pierre Bechter est entendu dans les locaux du nouvel office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales à Nanterre.

"C'est une satisfaction pour Jean-Pierre Bechter de pouvoir répondre aux enquêteurs, car le maire de Corbeil-Essonnes fait totalement confiance à la justice pour établir la vérité", fait valoir son entourage.

Selon une source proche du dossier, une adjointe à la mairie de Corbeil, Cristela de Oliveira, a également été placée en garde à vue. Les enquêteurs devraient l'interroger sur le versement par M. Dassault de quelque 12.000 euros destinés à un financement politique dépassant le cadre légal lorsqu'elle avait affronté Manuel Valls aux législatives, selon une source proche du dossier. Plusieurs autres gardes à vue sont en cours, a-t-on ajouté.

Les juges financiers Serge Tournaire et Guillaume Daïeff se penchent notamment sur des mouvements de fonds entre la France et le Liban, particulièrement un transfert de quelque 18 millions d'euros sur le compte d'une société, Iskandia, avec comme objet l'achat d'un avion Falcon.

Quelque trois millions seraient revenus en France. De l'argent dont ils soupçonnent qu'il aurait pu servir à l'achat frauduleux de voix via deux intermédiaires présumés, Younès Bounouara et Mamadou Kebe. Selon une source proche du dossier, neuf chèques ont été émis au Liban à l'été 2011: quatre de 300.000 euros pour l'un, cinq de 400.000 pour l'autre.

Dassault à 'disposition' des enquêteurs

En début de semaine, deux soeurs et un beau-frère de M. Bounouara et deux frères de M. Kebe ont été placés en garde à vue avant d'être relâchés.

S'ils n'excluent pas que d'autres aient pu bénéficier des largesses de Serge Dassault, les enquêteurs pensent que ces deux hommes en sont les principaux récipiendaires.

Dans un dossier distinct, Mamadou Kebe a été mis en examen pour tentative d'extorsion de fonds et des appels malveillants visant l'entourage de Serge Dassault. Younès Bounouara, un relais de l'ex-maire dans les cités sensibles, a lui été écroué pour avoir grièvement blessé par balles en février un autre homme de Corbeil-Essonnes, Fatah Hou.

Dans ce dossier criminel instruit à Evry, qui avait valu une première garde à vue à M. Bechter et une audition par les juges à M. Dassault, les enquêteurs tentent de déterminer si cette tentative d'homicide peut être liée à un différend concernant la redistribution de l'argent versé par le sénateur à Younès Bounouara.

M. Dassault réfute tout achat frauduleux de voix. Il dit être victime de chantage et d'extorsion de fonds par des petits voyous et plusieurs plaintes ont été déposées. Il reconnaît avoir effectué des dons, qui ont fait l'objet d'une déclaration chez son notaire. Les enquêteurs cherchent cependant à établir s'ils n'ont pas fait l'objet d'une régularisation a posteriori.

La décision du Sénat prive les magistrats de la possibilité de faire entendre l'industriel en garde à vue ou de le placer sous contrôle judiciaire, mais Serge Dassault a affirmé se tenir "à la disposition immédiate de la justice". Une audition libre par les policiers, qui ne pourrait excéder quatre heures, est possible, tout comme une mise en examen par les juges.

Mercredi, l'entourage de MM. Dassault et Bechter a une nouvelle fois fustigé "une instrumentalisation judiciaire". "Personne ne veut croire que la convocation du maire de Corbeil-Essonnes, quelques heures après la déclaration de candidature pour les municipales dans cette ville du suppléant du ministre de l'Intérieur à l'Assemblée nationale, Carlos da Silva, soit le fruit du hasard", a indiqué un proche des deux hommes.

Source : AFP

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