Jean-Louis Lamarque : "La santé, c’est du spectacle et de la publicité !"

  • Jean-Louis Lamarque.
    Jean-Louis Lamarque. Repro CP
Publié le
Mathieu Lagouanère

Santé. Le professeur Lamarque, président fondateur de l’Arcopred (Association régionale des préventions et dépistages en Languedoc-Roussillon était à Millau pour évoquer les problèmes de santé liés au vieillissement. Rencontre.

Le professeur Jean-Louis Lamarque, sommité médicale, était  à Millau à l’invitation de l’Association culturelle du Sud-Aveyron (Acsa). Président fondateur de l’Arcopred (Association régionale des préventions et dépistages en Languedoc-Roussillon), le médecin montpelliérain de 82 ans, a donné une conférence à la salle René-Rieux sur les enjeux du vieillissement.

Vous multipliez les interventions auprès du public sur les questions de santé publique. Pourquoi cette action ?  En France, nous disposons de conditions socio-économiques particulièrement bonnes. Les gens vieillissent donc plus longtemps. Mais on peut augmenter la qualité de ce vieillissement en diminuant la gravité et les séquelles des maladies, si l’on veut bien faire de la prévention et du dépistage. C’est pour cela que je dis que mon action, avec l’Arcopred, s’adresse aux bien portants.

Justement: que faut-il précisément, lorsqu’on est encore en bonne santé, pour vieillir le mieux possible ?  Il faut se prendre en charge, parce que personne ne le fera pour vous! Il y a trois piliers, que j’appelle les «troisA»: alimentation, activité et addiction. Il faut bien s’alimenter, accomplir une demi-heure par jour minimum d’activité physique et arrêter l’alcool, le tabac, les drogues ou les dépendances aux médicaments. Très tôt, à partir de 50 ans, il faut se faire dépister. Pour le cancer colorectal en ce qui concerne les hommes, pour le cancer du sein et l’ostéodensitométrie chez les femmes. Et demander à son docteur de réaliser son profil génétique.

Vous envoyez donc tout le monde chez le docteur… Mais bien sûr ! Avec des diagnostics précoces des maladies, grâce au dépistage, on pourrait réduire de manière considérable le nombre de cancers, de diabètes et de maladies osseuses.

Pourquoi attendre 50 ans pour effectuer ces démarches? Ne serait- ce pas utile de s’y prendre plus tôt ? Avant, les gens s’en foutent ! C’est difficile de toucher le public. Regardez le cancer du sein: seulement 50% des femmes effectuent le dépistage. Pour le cancer du colon, ce sont 27% des hommes qui pourraient être concernés qui consultent. Concrètement, ça signifie que les deux dépistages de masse organisés par la France enregistrent des fréquentations moyenne ou nulle. C’est un très gros problème ! Devant les médias, on fait des grandes envolées sur des avancées médicales exceptionnelles, sur le «cœur mécanique». Actuellement, la santé, c’est du spectacle et de la publicité ! Mais qui, dans la population, va bénéficier du cœur artificiel? Alors que le dépistage, ça, c’est réellement efficace. 

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