Lax'n Blues : programmation rock'n'roll

Le 12e festival Lax’n’Blues a lieu ce samedi 29 mars. Voici deux des groupes qui seront présents en soirée sous le chaud chapiteau de ce bien sympa premier rencard du printemps.

Apolline décoiffe

Et ça n’est pas une coiffeuse. Apolline est un groupe, oui madame et désolé pour votre mise en pli, car leur rock, lui, n’en fait pas. Todo recto, à fond les manettes, ce jeune combo né en 2011 a sorti deux ans plus tard un CD qui, dès les premières mesures, vous fait dresser l’oreille. Cet album baptisé "No longer rain", qu’on pourrait traduire par "Averse passagère", vous trempe dès les premiers morceaux.

Un rock riche, inventif, qui décape mais qui a également une grande amplitude lyrique. Le groupe, lui, reconnaît les influences sur 20 ans d’âge, de Foo Fighters et Queens Of The Stone Age à Led Zep et Pink Floyd. L’imagination transpire à grandes eaux sous les coups de boutoirs d’impeccables guitares, et la voix d’Arthur, énergique, toute damnedienne (on s’en fout si ça ne se dit pas) est en phase avec la musique. ça fonctionne bien, très bien. Là, c’est déjà chapeau.

Le Puck d’entrée vous prend d’ailleurs par les oreilles avec le chant qui vous emmène direct dans le monde d’Apolline, riche, chatoyant et décoincé du... QI. Comme le fera le reste du disque, le morceau va gagner en amplitude, vous gratifiant d’un "You are everything" qui vous amadouera même si vous n’êtes pas shakespearien, ainsi que d’un solo débraillé torturé façon métal des seventies.

Cette averse était ni trop courte, ni trop longue, juste ce qu’il nous faudrait, je suppose, si l’on voit les gaillards d’Apolline en live, qui reviennent de New York où ils ont bluffé quelques rockers amerloques. Damned...

 

Sofai, coeur de cuir

Mais à prendre, ça m’étonnerait, ce serait plutôt lui qui vous prendrait, ou vous briserait. Non que Sofaï soit une tigresse, bien que. Et même si elle sera à Lax sans ses Sweet Talkers, ses beaux parleurs qui lui donnent la réplique musicale, il vous faut écouter cet album. Où l’on sent à fleur de peau les influences musicales de la mignonne.

À commencer par le Boss Springsteen, mais aussi Janis, Creedence, Southside Johnny, Mink Deville ou Johnny Cash, voilà qui vous campe le personnage. Dans une vie jalonnée de rencontres, comme celle de Beverly Jo Scott avec qui elle signa quelques chansons, ou le mythique Elliot Murphy, Sofaï s’est forgé une musique entre folk, rock plutôt américain et des années 70-80, et blues qui fleure bon l’Alabama. Et le tout, ce qui ne gâche rien, servi par une voix léopard, façon Tina Turner mais plus en feulements, voyez ?

Si vous ne voyez pas, écoutez donc : orchestrations souvent à la Bruce, avec cuivres et consorts, ou plus roots, Sofaï distille sa longue vie solitaire avec force et passion. Comme le révèle à l’écoute (et non pas aux écoutes, comme c’est la mode actuellement chez les politicos) le titre High voltage woman. C’est sûr qu’en tendant la belle, et plus en la voyant, qu’on va prendre le jus... car du jus, elle en a.

Une voix, une présence, on ne va pas discuter, une routarde guitare en bandoulière, un peu, et puis l’amour pour ce flash des premiers jours sur la musique américaine des bayous et des campagnes, qui finit bien souvent sur les plus grosses scènes du monde. L’album vaut le détour par ce jus qu’il dégage, parfois nerveusement suranné mais jamais lassant, comme ce «garçon de miel» même qu’on aimerait parfois attirer les abeilles : "Come, have a drink with me". Si je la croise à Lax, je trinque... Et ce, même si on la verra là-bas en version trio acoustique. Ça sera on the rocks !