L'Antarctique: dernière frontière, également pour la science

  • Le brise-glace et navire de recherche océanographique brésilien Ary Rongel le 10 mars 2014, dans l'Antarctique, "dernière frontière" de la science, selon le biologiste Antonio Batista Pereira
    Le brise-glace et navire de recherche océanographique brésilien Ary Rongel le 10 mars 2014, dans l'Antarctique, "dernière frontière" de la science, selon le biologiste Antonio Batista Pereira AFP - Vanderlei Almeida
  • Vue générale de l'Antarctique prise du navire océanographique brésilien Ary Rongel, le 4 mars 2014
    Vue générale de l'Antarctique prise du navire océanographique brésilien Ary Rongel, le 4 mars 2014 AFP - Vanderlei Almeida
  • Squelette d'une baleine à bosse (Megaptera Novaeangliae) en face de la station de recherche brésilienne Comandante Ferraz dans l'Antarctique, le 10 mars 2014. Ce squelette a été placé en 1972 par le Français Jacques Cousteau, pour protes
    Squelette d'une baleine à bosse (Megaptera Novaeangliae) en face de la station de recherche brésilienne Comandante Ferraz dans l'Antarctique, le 10 mars 2014. Ce squelette a été placé en 1972 par le Français Jacques Cousteau, pour protes AFP - Vanderlei Almeida
  • Des scientifiques brésiliens de la base antarctique Commandante Ferraz au travail, le 10 mars 2014
    Des scientifiques brésiliens de la base antarctique Commandante Ferraz au travail, le 10 mars 2014 AFP - Vanderlei Almeida
  • Antonio Batista Pereira, 65 ans, biologiste brésilien qui coordonne un groupe de chercheurs brésiliens en Antarctique, photographié le 10 mars 2014 Antonio Batista Pereira, 65 ans, biologiste brésilien qui coordonne un groupe de chercheurs brésiliens en Antarctique, photographié le 10 mars 2014
    Antonio Batista Pereira, 65 ans, biologiste brésilien qui coordonne un groupe de chercheurs brésiliens en Antarctique, photographié le 10 mars 2014 AFP - Vanderlei Almeida
  • Plongeon de pingouin depuis un iceberg situé en face de la base brésilien du Comandante Ferraz dans l'Antarctique, le 10 mars 2014
    Plongeon de pingouin depuis un iceberg situé en face de la base brésilien du Comandante Ferraz dans l'Antarctique, le 10 mars 2014 AFP - Vanderlei Almeida
Publié le
AFP

Que peuvent avoir en commun une algue hautement toxique et une graminée résistante au froid? Toutes deux sont étudiées par des scientifiques brésiliens en Antarctique, qui espèrent développer à partir d'elles un puissant insecticide et une variété de canne à sucre qui résiste aux gelées.

Des scientifiques du monde entier se rendent régulièrement sur le continent gelé pour collecter du matériel et mener à bien des expériences sur les effets du changement climatique, le trou dans la couche d'ozone, la composition chimique de l'atmosphère, l'évolution de la biodiversité ou en astronomie.

En février, un groupe de quatre chercheurs brésiliens est arrivé sur l'île "Half Moon Island", où se trouve la base argentine de Teniente Camara, pour étudier pendant deux mois les communautés végétales dans les zones de dégel, comme la canche antarctique (Deschampsia antarctica), résistante au froid et l'algue Prasiola crispa, très toxique.

"Pour l'instant, nous faisons de la science de base. Mais nous devons passer par là pour trouver ensuite une application pratique à nos découvertes", explique le coordinateur du groupe, le biologiste Antonio Batista Pereira, 65 ans dont 28 consacrés à des recherches sur le continent blanc.

"La végétation antarctique est soumise à un stress important, avec beaucoup de froid et de vent, une forte luminosité en été et de l'obscurité en hiver, ce qui provoque des processus métaboliques secondaires importants qui peuvent être utilisés dans la biotechnologie", explique-t-il à un groupe de journalistes.

M. Batista, chercheur de l'Université fédérale de la Pampa (Unipampa, sud du Brésil) a indiqué que développer des produits basés sur ces substances peut demander 20 ans et demande de nombreuses études et tests.

En laboratoire, l'extrait d'algue toxique s'est révélée être un puissant insecticide. Tandis que pour la graminée, les scientifiques on eu besoin d'en isoler les protéines qui évitent sa congélation : on pourrait s'en servir pour développer des technologies de préservation de matériel vivant, comme le sperme et les plantes - comme la canne à sucre -, et les rendre résistants aux gelées qui frappent le sud du Brésil et provoquent de grandes pertes économiques à la région.

- Une richesse menacée -

Les études de l'équipe du professeur Batista montrent le potentiel génétique des espèces antarctiques, une richesse qui peut être menacée par le changement climatique.

"Dans nos dernières expéditions, quelques maladies sont apparues de plus en plus souvent dans les plantes antarctiques. Nous ne savons pas encore si c'est en raison du changement climatique ou non, mais les maladies et la mortalité de mousses et graminées Deschampsia sont devenues plus fréquentes", constate le biologiste Jair Putzke, expert en identification de plantes antarctiques et compagnon de recherches de M.Batista depuis 1986.

"Si les plantes meurent, l'impact de cette mort dans les communautés antarctiques est énorme. Des plantes porteuses d'une quelconque maladie peuvent réduire la population d'autres groupes qui dépendent d'elles dans d'autres zones de l'Antarctique", prévient M. Putzke, professeur de l'Université de Santa Cruz del Sur (sud du Brésil).

D'après le scientifique, la cause de la mortalité serait la prolifération de champignons et bien qu'il ne soit pas possible de dire clairement que la cause est le réchauffement, on sait déjà que la température de l'eau dans la région antarctique a grimpé de trois degrés au-dessus de la moyenne des 15 dernières années.

- La nouvelle Amérique -

M. Batista assure que comme l'Amérique a été à son époque la dernière frontière pour les Européens, c'est aujourd'hui la même chose pour l'Antarctique vis à vis de la science.

"Etre en Antarctique est une question de souveraineté nationale. Au XVIe siècle, combien d'argent les Européens ont-ils dépensé pour arriver en Amérique? Qu'est-ce que cela a représenté? Pour l’Antarctique, c'est pareil", affirme-t-il.

Le chercheur estime que le Brésil a besoin d'investir davantage en Antarctique, surtout en biotechnologie dans le cadre de son programme scientifique.

Ce programme, connu comme Proantar, a été crée sept ans après l'entrée du Brésil en tant que membre plein du Traité Antarctique, en 1975. L'an dernier, le gouvernement a débloqué quelque six millions de dollars pour financer 20 projets scientifiques inscrits dans le Proantar d'ici à 2015.

Source : AFP

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