Manuel Valls promet "vérité" et "efficacité" à une France qui doute

  • Dans un hémicycle plein à craquer, le nouveau chef du gouvernement a vécu son baptême du feu en prononçant pendant 47 minutes sa très attendue déclaration de politique générale, une semaine jour pour jour après avoir succédé à Jean-Marc Ayrault.
    Dans un hémicycle plein à craquer, le nouveau chef du gouvernement a vécu son baptême du feu en prononçant pendant 47 minutes sa très attendue déclaration de politique générale, une semaine jour pour jour après avoir succédé à Jean-Marc Ayrault. AFP
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Centre Presse Aveyron

Manuel Valls a promis mardi aux Français "vérité" et "efficacité", avec à la clé un big bang territorial et des allègements de charges sur les bas salaires, au service du redressement d'un pays qui ne croit plus en lui-même

Manuel Valls a promis mardi aux Français "vérité" et "efficacité", avec à la clé un big bang territorial et des allègements de charges sur les bas salaires, au service du redressement d'un pays qui ne croit plus en lui-même. Dans un hémicycle plein à craquer, le nouveau chef du gouvernement, costume bleu nuit, a vécu son baptême du feu en prononçant pendant 47 minutes sa très attendue déclaration de politique générale, une semaine jour pour jour après avoir succédé à Jean-Marc Ayrault.

Contracté dans les premières minutes, le Premier ministre s'est peu à peu libéré pour dépeindre la situation de la France marquée, selon lui, par "trop de souffrance, pas assez d'espérance". Son prédécesseur avait regretté après sa déclaration de politique générale de ne pas avoir dit, sur pression de l'Elysée, la vérité aux Français sur la situation réelle du pays. M. Valls n'a pas réédité cette erreur. Il a longuement décrit la "situation d'urgence de notre pays". "J'ai vu, j'ai écouté ces retraités qui, à l'issue d'une existence d'efforts, vivent avec une maigre pension", a-t-il lancé.

M. Valls, qui avait fait une tournée ces dernières semaines dans des villes sur lesquelles lorgnaient le Front national, a évoqué "ces ouvriers qui attendent, depuis trop longtemps, de pouvoir retravailler, ces salariés précaires pour qui le quotidien n'est pas le travail, mais la survie, ces patrons de PME, ces artisans, ces commerçants qui n'ont qu'une seule obsession: sauver leur activité pour sauver leurs équipes". "Soyons fiers d'être Français !", s'est-il exclamé avant de saluer le fait que "peu de pays" permettent les "plus hautes fonctions" à des citoyens nés à l'étranger. M. Valls, né à Barcelone (Espagne), a été naturalisé français à 20 ans en 1982.

Comme lors de la passation de pouvoir avec M. Ayrault, il a de nouveau inscrit ses pas dans ceux de Pierre Mendès-France qui fixait comme règle d'or de "dire la vérité aux Français". Appelant la France à se "concentrer sur l'essentiel", le Premier ministre est entré dans le détail de la politique que va mener son "gouvernement de combat".

"Une vraie révolution" 

Au chapitre économique, il a estimé que "la croissance ne se décrète pas", mais "se stimule". Pour lui, baisser le coût du travail est "un des leviers de la compétitivité". M. Valls a annoncé qu'à partir de 2015, les cotisations patronales à l'Urssaf seraient "entièrement supprimées". "Voilà le changement, voilà une vraie révolution !", s'est exclamé celui qui militait en 2011 pour une "TVA sociale".

Les cotisations familiales seront aussi abaissées en 2016 pour les salaires "jusqu'à 3 fois et demi le Smic". Les cotisations famille des travailleurs indépendants baisseront elles aussi. Au total, le coût du travail baissera bien de 30 milliards d'euros d'ici à 2016, comme l'avait annoncé en janvier François Hollande. M. Valls, qui a admis que "les feuilles d'impôts (étaient) trop lourdes", a aussi promis un geste fiscal avec des baisses d'impôts de production, comme la "C3S" (contribution sociale de solidarité des sociétés), ou de l'impôt sur le résultat des sociétés. La fiscalité "pesant sur les ménages modestes" sera revue à la baisse, a promis M. Valls, évoquant un effort de 5 milliards d'euros "à l'horizon 2017".

Si les écologistes ont finalement refusé de siéger au gouvernement, M. Valls leur a fait un clin d'oeil appuyé : "La transition énergétique sera l'une de mes priorités", a-t-il fait valoir, réitérant l'objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% d'ici à 2025. Le texte sur la transition énergétique sera bien présenté "avant l'été". S'il s'est prononcé contre un "euro trop fort" qui pénalise, selon lui, les entreprises, M. Valls a aussi confirmé l'objectif de réduction de la dette, en dépit des voix qui s'élèvent à gauche pour récuser la rigueur budgétaire.

Pour arriver à 50 milliards d'euros d'économies d'ici à la fin du quinquennat, le Premier ministre a annoncé un "changement de rythme pour éviter tout recours à l'impôt". L'Etat et ses agences seront mis à contribution à hauteur de 19 milliards d'euros, l'assurance maladie à 10 milliards d'euros et les collectivités à 10 milliards. "Je ne suis pas pour l'austérité, pas pour la remise en cause de notre modèle", a assuré M. Valls. Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a alors opiné du chef.

"Big bang territorial"

 M. Valls a dessiné ce qui s'apparente à un "big bang territorial". Il préconise ainsi de "réduire de moitié le nombre de régions dans l'Hexagone", avec une nouvelle carte des régions le 1er janvier 2017 si les régions n'ont pas d'ici-là "fusionné par délibérations concordantes". L'ancien ministre de l'intérieur propose aussi la suppression des conseils départementaux en 2021. Ces annonces ont suscité l'enthousiasme à gauche, des sourires crispés et protestations à droite. Le Premier ministre s'est saisi du dossier sensible des rythmes scolaires, "une bonne réforme grâce à laquelle beaucoup plus d'enfants ont accès à des activités périscolaires". "Cependant, j'ai entendu les remarques de bonne foi venant des élus". Le "cadre réglementaire" sera "assoupli", après une série de concertations. Autre sujet qui touche de près les Français: le logement. M. Valls a promis une simplification administrative, qui était déjà dans les tuyaux. Il s'est montré plus flou concernant le calendrier de la réforme pénale, la famille ou la fin de vie, à propos de laquelle il attend un "consensus" avant de légiférer.

Retrouvez le discours de Manuel Valls en intégralité :

Discours de politique générale du Premier ministre Manuel VALLS

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