Fusion des régions : les habitants de Midi-Pyrénées disent non !

Tout le monde ou presque fustige sans cesse le fameux et indigeste « millefeuille » territorial, horrible empilement à la française de multiples strates administratives, que l’on accuse régulièrement de tous les maux. Mais chaque fois c’est pareil, à la moindre tentative de réforme, de nombreuses voix s’élèvent et s’empressent de crier au scandale pour défendre leur part de... gâteau.

Et dénoncer, au passage, un certain jacobinisme parisien, à la fois centralisateur et technocratique. Après l’emballement provoqué par la récente recomposition cantonale (1), le nouveau Premier ministre, Manuel Valls vient de donner un nouveau et sacré coup de pied dans la fourmilière, en remettant sur l’ouvrage et en accélérant le projet de réforme territoriale. Avec trois objectifs désormais clairement affirmés: la réduction de moitié du nombre de régions (une nouvelle carte régionale devrait être établie au 1er janvier 2017); la mise en œuvre d’une nouvelle carte intercommunale, basée sur les bassins de vie, au 1er janvier 2018; la suppression des conseils départementaux, à l’horizon 2021. De quoi faire sursauter bien des élus... En Aveyron, comme ailleurs.

Un attachement régional plus marqué en Midi-Pyrénées

Hasard du calendrier, ou « coup » savamment préparé, l’institut LH2 vient de livrer un sondage national décliné régionalement sur le projet de loi de décentralisation et la recomposition territoriale. Premier constat, l’appartenance territoriale prioritaire des Midi-Pyrénéens se porte d’abord majoritairement sur la France (50 %) et, ce qui est beaucoup plus surprenant, sur l’Europe (17 %).

Cette appartenance se reporte ensuite, et plus logiquement, sur la commune (13 %), la région (8 %) et le département (5 %). S’ils ont une vision sensiblement plus européenne que la moyenne des Français, les Midi-Pyrénéens sont toutefois animés par un fort attachement à leur région (77 % contre 73 % des Français en moyenne). Pour les personnes sondées, le patrimoine (66 %) et la gastronomie (60 %) constituent les éléments caractérisant Midi-Pyrénées les plus importants, devant le territoire (46 %) et la culture (40 %).

Enfin, et ce n’est pas vraiment étonnant, tant il est vrai que le changement (comme le vide) fait toujours peur, les Midi-Pyrénéens sont aussi sceptiques que la moyenne des Français face aux divers scénarios de recomposition territoriale. 26 % seulement des sondés se disent favorables au rattachement de leur département à une région limitrophe. À peine plus (34 %) sont favorables au regroupement de Midi-Pyrénées (2) avec une région limitrophe, et c’est finalement l’hypothèse d’un élargissement régional, intégrant l’incorporation de nouveaux départements, qui recueille le plus de suffrages, avec 42 % d’opinions favorables. Entre autres possibilités envisageables, une éventuelle fusion entre les régions voisines de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon ne convainc pas, un habitant de Midi-Pyrénées sur deux y étant défavorable. En rappelant simplement que le dernier rapport en date, en l’occurrence celui du comité Balladur préconisait le maintien des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon dans leur configuration actuelle.