Une géographie de la France catholique

  • Une procession de catholiques conservateurs, le 15 août 2010 à Paris, à l'occasion de la fête de l'Assomption
    Une procession de catholiques conservateurs, le 15 août 2010 à Paris, à l'occasion de la fête de l'Assomption AFP/Archives - Joel Saget
  • Des statues de la Vierge Marie en vente à Lourdes
    Des statues de la Vierge Marie en vente à Lourdes AFP/Archives - Remy Gabalda
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AFP

Dites-moi si vous vivez dans un fief catholique et je vous dirai comment vous pensez? Sans aller jusque-là, un démographe et un sondeur ont croisé leurs talents pour dresser, selon une méthode inédite, une "nouvelle géographie du catholicisme" en France.

"L'influence du catholicisme s'est estompée, ses effets sont moins puissants qu'avant", explique Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages Ifop. "Mais il continue de peser alors même qu'il est en voie de disparition", ajoute ce spécialiste en enquêtes d'opinion, qui publie mercredi avec l'expert en cartographie Hervé Le Bras "La Religion dévoilée", une étude pour la Fondation Jean-Jaurès.

Alors que les dernières données dataient des années 1960, le sondeur a fourni au démographe plus de 50.000 réponses à des questions sur la religion, chacune localisable par sa commune d'origine.

Après cumul, lissage et autres opérations sur ordinateur, ils ont produit plusieurs cartes sur la répartition géographique des croyants, les évolutions de la pratique, le vote, etc.

Au final: "à l’instar de formations géologiques ayant subi l'érosion, la physionomie générale est conservée, même si les principaux massifs ont perdu de la hauteur", écrivent-ils.

Ainsi il y a toujours "deux France": la Bretagne, le Pays Basque, un vaste bloc oriental et la Corse demeurent des bastions catholiques, quand un grand espace central reste un "foyer ancien de déchristianisation".

Mais le recul de la pratique n'a pas épargné ces fiefs du catholicisme, où les pratiquants sont devenus minoritaires à l'instar du reste du territoire. C'est même là que les plus fortes baisses ont été enregistrées.

- L'exception parisienne -

Au niveau national, seuls 7% des jeunes de 18 à 25 ans se déclarent catholiques pratiquants. Baisses des baptêmes, des enterrements et de la fréquentation des églises sont généralisées.

Seule exception notable: le Bassin parisien "qui se révèle plus pratiquant, relativement, qu'il ne l’était il y a cinquante ans et a fortiori qu'il y a deux siècles, lorsqu'il formait le coeur de l'irréligion", selon les deux experts.

Cette déchristianisation a, ajoutent-ils, "rebattu les cartes politiques".

Alors que le catholicisme est un facteur déterminant du vote à droite, son recul a permis une progression de la gauche.

"La longue résistance des régions catholiques à la gauche a fait son temps", comme l'illustre la Bretagne qui a voté davantage pour François Hollande en 2012 que pour François Mitterrand en 1981, notent les deux auteurs.

Pour autant, "l'effacement politique de la religion ne doit pas être confondu avec celui de la tradition catholique", soulignent-ils.

Les bastions historiques du catholicisme continuent de se distinguer sur plusieurs aspects: un vote plus marqué pour François Bayrou, d'inspiration démocrate-chrétienne, pour la CFDT et un plus grand recours aux écoles privées.

"La fréquentation de la messe a constitué un marqueur d'un phénomène plus profond, d'un fait social total qui a façonné l'ensemble de la société. Son ombre portée est encore présente dans de nombreux domaines", concluent MM. Fourquet et Le Bras.

Source : AFP

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