Malgré la polémique, des lycéens nantais se mettent en jupe contre le sexisme

  • Des lycéens habillés en jupe à l'occasion d'un mouvement anti-sexisme "Ce que soulève la jupe" à Nantes, le 16 mai 2014 Des lycéens habillés en jupe à l'occasion d'un mouvement anti-sexisme "Ce que soulève la jupe" à Nantes, le 16 mai 2014
    Des lycéens habillés en jupe à l'occasion d'un mouvement anti-sexisme "Ce que soulève la jupe" à Nantes, le 16 mai 2014 AFP - Jean-Sebastien Evrard
  • Des lycéens portent une jupe dans le cadre de la campagne anti-sexisme "Ce que soulève la jupe", à Nantes le 16 mai 2014
    Des lycéens portent une jupe dans le cadre de la campagne anti-sexisme "Ce que soulève la jupe", à Nantes le 16 mai 2014 AFP - Jean-Sebastien Evrard
  • Des lycéens portent une jupe dans le cadre de la campagne anti-sexisme "Ce que soulève la jupe", à Nantes le 16 mai 2014
    Des lycéens portent une jupe dans le cadre de la campagne anti-sexisme "Ce que soulève la jupe", à Nantes le 16 mai 2014 AFP - Jean-Sebastien Evrard
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AFP

Bravant le froid et la peur du ridicule, près d'une centaine de garçons du lycée Clemenceau de Nantes sont venus en cours en jupe vendredi matin pour dénoncer symboliquement le sexisme dans le cadre de l'opération polémique "Ce que soulève la jupe", contestée par les anti-mariage gay.

Pierre, Louis, Barthélémy, Martin et les autres ne sont pas peu fiers, répondant aux interviews dans leurs jupes bleues, violettes, noires ou à fleurs, à volants ou moulantes, voire en kilt pour certains. "Je l'ai empruntée à ma sœur", "moi c'est ma mère qui me l'a prêtée", expliquent-ils.

Tout autant de filles ont aussi fait l'effort de venir en jupe alors que la veille, lorsque 150 militants de la Manif pour tous sont venus s'opposer à la tenue de l'opération devant leur établissement, dans un face à face tendu, elles étaient pratiquement toutes en jean.

L'opération de sensibilisation aux problèmes du sexisme intitulée "Ce que soulève la jupe", initiée par des élus lycéens et acceptée par l'académie de Nantes sur la base du volontariat des établissements, ne concerne que 27 établissements sur 220 de l'Académie.

Outre l'invitation faite aux filles comme aux garçons de porter symboliquement une jupe ou un badge ce jour là, l'initiative consiste avant tout à organiser des temps d'échange sur le sujet dans les lycées.

Depuis mercredi matin les anti-mariage gay, qui, depuis le vote de la loi autorisant cette union en 2013 se consacrent à la lutte contre ce qu'ils appellent la "théorie du genre" niant selon eux les différences sexuelles, sont montés au créneau pour demander l'annulation de l'opération.

Ils ont suscité, en particulier sur les réseaux sociaux, un émoi accentué par la déformation de l'information laissant entendre que tous les lycéens de l'académie de Nantes seraient concernés, et présentant l'initiative comme venant de l’Éducation nationale.

La présidente nationale de la Manif pour tous Ludovine de la Rochère a réclamé, en vain, l'annulation de la manifestation.

- "Lutter contre le sexisme"-

"Je suis venu en jupe pour lutter contre le sexisme, et avec ce qui s'est passé hier (la venue des Manif pour tous, ndlr) ça m'a encore plus donné envie", explique Louis, courageux premier garçon à arriver en jupe au lycée Clemenceau peu avant 08h00.

"Ça n'a rien à voir avec le mariage homosexuel, pour moi c'est très important que les femmes puissent avoir les mêmes droits que les hommes", ajoute Pierre, qui reconnaît que ce matin, en jupe en jean, "il fait très froid".

"On a tous le droit de s'habiller pareil, si les filles mettent des pantalons, pourquoi nous, on peut pas venir en jupe", renchérit Martin.

"Ma mère était super contente qu'on lutte comme ça et mon père, il a trouvé ça un peu étrange, mais il est pas contre", explique Barthélémy.

Marion, qui a "horreur des jupes", a elle aussi fait l'effort d'en mettre une pour participer à l'opération. "Le fait que des garçons mettent la jupe, comme ça, pour moi c'est un très beau geste. Je ramène moi-même une jupe pour un ami", explique-t-elle.

Sarah, Ileana, Lea et Anne, toutes en jupe, discutent ensemble. "Moi par exemple je me mets jamais en jupe au lycée: on a des regards, on sait que ça parle dans notre dos...", reconnaît l'une d'elles. Les garçons en jupe, "ça nous fait plaisir, parce qu'ils ont du courage franchement, ils n'ont pas peur du ridicule et je les admire..."

Jean-Luc Landas, de la Ligue des Droits de l'homme, ancien militant de la lutte pour le droit à l'avortement, venu en observateur, est très ému: "je trouve ça formidable que des jeunes prennent le relais de cette manière".

Des militants anti-mariage gay ont annoncé leur intention de venir à la mi-journée manifester devant l'établissement.

Source : AFP

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