L'Europe vue par les jeunes: espoir à l'est, désillusion à l'ouest

  • En France, une jeune femme euro-enthousiaste célèbre la fête de l'Europe le 9 mai 2014 à Marseille
    En France, une jeune femme euro-enthousiaste célèbre la fête de l'Europe le 9 mai 2014 à Marseille AFP - Boris Horvat
  • Un drapeau géant de l'Union Européenne déployé devant le parlement de Roumanie à Bucarest, le 9 mai 2013
    Un drapeau géant de l'Union Européenne déployé devant le parlement de Roumanie à Bucarest, le 9 mai 2013 AFP/Archives - Daniel Mihailescu
  • Manifestation le 1er mai 2013 au Portugal contre l'austérité imposée par l'Union européenne qui siège dans une "troika" avec le FMI et la BCE
    Manifestation le 1er mai 2013 au Portugal contre l'austérité imposée par l'Union européenne qui siège dans une "troika" avec le FMI et la BCE AFP/Archives - Henriques Da Cunha
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AFP

Ils saluent tous la liberté de circulation, les échanges culturels, l'accès à l'information, mais les jeunes qui vivent dans l'Ouest ont souvent une vision plus désenchantée de l'Europe que ceux de l'Est.

Au Portugal, pays marqué par trois années d'austérité, l'euphorie initiale a fait place à la désillusion, particulièrement perceptible chez les jeunes, de moins en moins nombreux à aller voter.

A l'inverse, les jeunes en Roumanie, encore sous une dictature il y a 25 ans, apprécient les valeurs européennes qui ont permis une lutte plus efficace contre la corruption et l'amélioration du niveau de vie.

- Au Portugal, la désillusion -

Elle fait partie de ceux que l'on appelle au Portugal la "génération galère". A 30 ans, elle n'a pas connu d'emploi stable, enchaînant des petits boulots depuis l'âge de 18 ans. Pour elle, "l'Europe est un rêve qui ne s'est jamais réalisé".

"L'idéal européen, c'est l'union des peuples, la solidarité entre les Etats, la croissance et le progrès. Mais aujourd'hui, pour le Portugal, l'Union européenne rime avec misère, chômage, austérité et inégalités", estime Paula Gil.

Pour cette surdiplômée qui parle quatre langues, "le rêve d'une coopération entre les peuples s'est transformé en cauchemar, marqué par la bureaucratie et l'injustice".

"Chez les jeunes, la désillusion est très grande. Ils ne savent pas ce que l'Europe leur a apporté, comme l'abolition des frontières et l'accès à l'information", commente-t-elle.

En avril, elle a perdu son emploi dans une ONG humanitaire, mais en tant que travailleuse indépendante, elle n'a pas droit à l'allocation chômage. Son dernier salaire, 800 euros bruts par mois, soit 500 euros nets, lui "permettait de survivre, pas de vivre".

Malgré ses déboires, elle ira voter: "il faut barrer la route à l'extrême droite". Mais elle regrette de pouvoir élire seulement le Parlement européen et non la Commission européenne "qui décide de ma vie de tous les jours".

- En France, le rejet de la bureaucratie -

Lucas Weibel, un Français de 33 ans en recherche d’emploi, juge les institutions européennes trop éloignées des attentes des citoyens et fustige les décisions prises dans "d’obscures commissions".

"Je trouve que les décisions ne sont pas très démocratiques, car il y a un manque de dialogue avec les populations", estime cet habitant de Strasbourg (est).

"On est nombreux en Europe à vouloir limiter les pouvoirs de la finance, or l’UE semble peu efficace", relève ce diplômé en informatique en recherche d’emploi depuis septembre 2013.

"Sur l’emploi, on a l’impression que l'UE favorise le dumping social au lieu de tirer par le haut les critères sociaux", juge Lucas Weibel, qui se dit le coeur à gauche.

Se sentant "autant Français qu’Européen", il souligne toutefois "des choses positives" en Europe, citant le développement des échanges universitaires entre pays, après avoir passé un an à Edimbourg en Ecosse.

Il ne sait pas encore pour quel candidat il votera dimanche: "les enjeux de l’élection ne sont pas présents dans les médias français. Il faut aller chercher les infos pour se faire une idée et ça demande du temps".

- En Allemagne, l'euro a la cote -

"L'Europe, c'est tout d'abord la liberté de circulation: on peut voyager sans entrave, (choisir) où l'on veut étudier ou travailler", estime Julian Keuerleber, 26 ans, employé depuis quatre ans dans le secteur financier à Francfort-sur-le-Main.

"De façon tout à fait rationnelle, on peut dire que l'Allemagne a énormément profité de l'UE, car nous sommes un pays exportateur, ce qui a permis de créer beaucoup d'emplois", relève le jeune Allemand qui prévoit de faire un master à Paris l'année prochaine.

"Dans un registre plus émotionnel, quand on regarde les derniers développements en Ukraine, on se rend compte à quel point la paix peut être fragile", confie-t-il.

"En tant qu'Allemand et à cause de notre histoire, on devrait être particulièrement heureux de vivre en paix, en Europe", insiste ce spécialiste de la gestion de fortune.

Et il compte aller voter: "c'est important, il se décide toujours plus de choses à Bruxelles. Il faut faire rempart à tous ces partis populistes, comme Marine Le Pen en France ou l'AfD", parti anti-euro allemand.

- En Roumanie, l'euro-enthousiasme -

"J’ai une opinion positive sur l’Europe car elle a permis aux jeunes de voyager, d’acquérir une expérience à l’étranger", relève Sergiu Dîrnu, 24 ans, informaticien au département technologies de l’information (IT) de l’Université de Bucarest.

"L'Europe a aussi eu des conséquences positives pour l’économie de notre pays. Je n’ose pas imaginer dans quel état serait la Roumanie si nous n’étions pas entrés dans l’Union européenne!", s'exclame-t-il.

"L’UE est un +chien de garde+ qui veille à corriger les abus des politiciens et à les forcer à maintenir un certain niveau d’intégrité. Car en Roumanie, les politiciens sont souvent douteux", dit-il.

"Je n’ai pas vécu le communisme mais on en sent encore les effets dans la société, notamment avec la corruption", indique Sergiu Dîrnu, né quelques mois avant la chute de la dictature de Nicolae Ceausescu en 1989.

Il ira voter dimanche. Mais il dénonce "la campagne déplorable et honteuse des partis politiques. Ils n’ont aucun message sur l’Europe, leur campagne montre du mépris pour les électeurs jeunes". Du coup, il votera pour un candidat indépendant.

Source : AFP

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