Abdication de Juan Carlos : qu'en pensent les Decazevillois ?

  • Des milliers d'Espagnols ont manifesté (ici à Madrid) pour réclamer la fin de la monarchie espagnole après l'abdication du roi Juan Carlos.
    Des milliers d'Espagnols ont manifesté (ici à Madrid) pour réclamer la fin de la monarchie espagnole après l'abdication du roi Juan Carlos. AFP
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PH.B.

Communauté espagnole. Quelle image garderont de Juan Carlos les fils et filles d’émigrés du Bassin au lendemain de l’annonce de son retrait ?

Alors que des milliers d'Espagnols ont manifesté pour réclamer la fin de la monarchie espagnole après l'abdication du roi Juan Carlos, comment dans le Bassin, les Decazevillois d’origine espagnole ont-ils réagi, en apprenant l’abdication du roi Juan Carlos ?

La question peut paraître absurde d’un premier abord tant cette population-là, pour la plus grande partie d’entre elle, est issue de l’émigration anarchiste ou républicaine qui a suivi la guerre civile. Ceux qui sont issus eux de l’émigration des «blancos» (économique), donc plus antérieure, ont souvent adhéré ou tout au moins fait cause commune avec les «rojos» ou n’ont pas eu de lisibilité en tant que tels. Interrogés, deux petits fils ou petite fille de réfugiés, Philippe et Myriam, nous font vite comprendre que c’est le dernier de leur souci qu’on se passe très bien de roi en France, et qu’ils auraient tout aussi bien pu s’en passer en Espagne.

Relents de scandales

Quoi qu’il en soit, l’image qu’ils garderont du vieux monarque espagnol sera celle d’un personnage dont la fin de règne aura bien du mal à se départir de relents de scandales en tout genre. Le son de cloche est de la même nature lorsque l’on pose la question à Hélène, qui est, elle, fille de réfugiés. Pour Jean Vaz, président de l’association Memoria Andando, qui réagit en son nom et à chaud, l’abdication de Juan Carlos est "incontestablement une mauvaise nouvelle".

Mauvaise nouvelle

C’est une mauvaise nouvelle car l’abdication ne met pas fin à la monarchie constitutionnelle, puisque c’est son fils Felipe, le prince des Asturies, qui va lui succéder : "un prince propre sur lui, qui s’est tenu à l’écart des derniers scandales qui ont éclaboussé la monarchie en place: Juan Carlos avec ses safaris, son train de vie somptuaire; son gendre et sa fille et leurs démêlés judiciaires…"

"C’est une mauvaise nouvelle car au rythme où ça allait, poursuit Jean Vaz, on assistait à un véritable pourrissement de la monarchie. La décision d’abdiquer et donc de céder le trône à son fils, va une nouvelle fois à l’encontre du régime républicain. Cela va confirmer l’illégalité de la monarchie espagnole. Il va certes y avoir une réaction. Des drapeaux républicains vont être brandis par ceux -très minoritaires certes- qui appellent de leurs vœux la mise en place d’une troisième république, mais, sauf surprise, ça s’arrêtera là. Le peuple espagnol dans sa grande majorité aime bien la royauté. Si on faisait un référendum sur le sujet, je pense que les monarchistes l’emporteraient" 

 

Il n’est pas optimiste donc, d’autant que le prince Felipe est jeune, qu’il va incarner "une nouvelle monarchie, plus saine, et surtout plus durable…" Et lorsqu’on rappelle à notre interlocuteur que Juan Carlos a contribué à la mise en place d’un régime démocratique outre-Pyrénées, Jean Vaz contraste le propos. "C’est la version classique que l’on donne à cette monarchie constitutionnelle. Avait-il le choix? Tous les régimes autoritaires sont condamnés tôt ou tard à faire le choix d’une transition démocratique".

Avait-il le choix ? Pouvait-il rater le coche de l’intégration européenne ? Selon Jean Vaz, la question demeure. Et pour cause, "lors de la tentative ratée du putsch du 23 février 1981, on a occulté les hésitations dont a fait montre Juan Carlos dans les heures qui ont précédé sa prise de parole à la télévision à une heure du matin du 24 février".

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