Le poète Adonis ne voit ni révolution ni démocratie dans le Printemps arabe

  • Le poète syrien Adonis lors d'une exposition solo à Abou Dhabi le 19 mai 2014
    Le poète syrien Adonis lors d'une exposition solo à Abou Dhabi le 19 mai 2014 AFP/Archives - Karim Sahib
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AFP

Le poète syrien Adonis ne voit ni démocratie ni révolution dans le Printemps arabe, en l'absence dans les pays concernés de laïcité et de libération de la femme.

"On parle de démocratie dans les pays arabes. Même la France parle de démocratie. Où?", a dit l'écrivain mardi soir lors d'une conférence près de Caen.

"Ceux qui prétendent faire la révolution n'osent pas même prononcer le mot de laïcité et ne parlent jamais de libérer la femme", a ajouté le poète plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature et qui vient de publier en France un recueil d'articles intitulé "Printemps arabes religion et révolution".

Pour le poète, qui se trouvait à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (Imec) à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, à qui il confie régulièrement ses archives, "tout ce qu'on appelle révolution n'est qu'un conflit pour le pouvoir".

"Si c'est possible de séparer la religion de la société en France, pourquoi pas dans les pays arabes?", a précisé le poète, âgé de 84 ans et qui est installé en France depuis les années 1980.

"C'est notre problème actuel dans le monde arabe (...) On insiste sur le changement de régime (...) Mais si on ne change pas la société, on ne change rien (...) On remplace un tyran par un autre tyran", a-t-il martelé.

Adonis a, par ailleurs, critiqué la politique française qui, selon lui, "frappe les fondamentalistes dans un pays et les soutient dans d'autres pays". Il faisait allusion au Mali et à la Syrie, a-t-il précisé à l'AFP.

Interrogé sur la Tunisie, berceau du Printemps arabe et dont la constitution adoptée en janvier a été saluée par Paris et Washington, l'essayiste a répondu: Si Ennahda, le parti islamiste, "règne, ce ne sera pas une révolution".

En Syrie "ce qui se passe, c'est du massacre", a estimé le poète. "Une révolution doit être indépendante et sans violence pour enraciner les principes de la démocratie".

L'écrivain, qui a été accusé de complaisance envers le régime syrien, a affirmé: "Je ne suis pas et je n'ai jamais été du côté du régime syrien. J'ai quitté le pays (dans les années 50). Un poète doit toujours être anti-régime".

Source : AFP

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