Daniel Wachoru, engagé jusqu'au bout

  • Daniel Wachoru lors du dernier rallye du Rouergue, le 12 juillet.
    Daniel Wachoru lors du dernier rallye du Rouergue, le 12 juillet. Jean-Louis Bories
Publié le
Christophe Cathala

Disparition. Combatif, rigoureux, exigeant avec lui même comme avec les autres, mais toujours profondément humain, Daniel Wachoru aura porté pendant 32 ans l'organisation du Rallye du Rouergue, épreuve qu'il a su tirer vers le haut sans jamais faillir. Il est décédé vendredi et laisse un grand vide dans le sport aveyronnais.

Pugnace jusqu’au bout, tel qu’en lui-même. D’abord pour "son" Rouergue qu’il voulait exemplaire et qu’il aura réussi, en plus de 30 ans, à conduire au cordeau au prix d’un travail de rigueur et de méthode. Il aura tout donné pour ce rallye remarquable et remarqué dont il était l’incontestable figure tutélaire, reconnue comme telle par tous les pilotes et les plus hauts dirigeants du sport automobile.
C’est aussi une autre épreuve qu’il a prise à bras-le-corps, encore et toujours, quand il lui a fallu se battre contre un gros pépin de santé qu’il parvenait à surmonter, qui aura fini par l’affaiblir, et qui lui laissait le goût de l’essentiel: passer août en famille au bord de sa piscine à Sauveterre. Avec sa tribu, trop souvent privée de lui à l’heure où d’autres partent en vacances. Il n'en aura pas eu le temps.

Un autre destin

Peu avant la 41e édition du Rouergue, il nous avait dit ne pas vouloir raccrocher les gants de peur "de voir le Rouergue mourir", de ne pas trouver, pour leur laisser les clés, ceux qui auraient l’audace de s’investir à fond. Mais rassuré de voir des jeunes intégrer l’organisation, il donnait déjà rendez-vous pour la prochaine édition: "Je veux être là pour le 42e Rouergue", confiait-il en souriant le 12 juillet à Centre Presse, au terme de l’épreuve.
Et c’est au terme d’une autre épreuve, celle de la maladie, que Daniel Wachoru a fini le parcours. Un parcours guidé par un drôle de destin, lui qui pourtant ne laissait jamais rien au hasard. Né à Melun, dans cette région parisienne dont il gardera toujours l’accent - objet de nombreuses taquineries - ce fils de prof d’athlétisme se destinait au handball quand ses études de psychomotricien finiront par le pousser vers le sud où un poste l’attend à Rodez.

Pudeur et humanité

Il a 23ans, et c’est la porte de l’ASA Route d’Argent qu’il pousse, quelques amis lui suggérant de prendre la place de trésorier. De fil en aiguille, il deviendra, par sa maîtrise des problèmes et son goût du travail bien fait, le patron de l’épreuve phare organisée par l’ASA: le rallye du Rouergue.
En 32ans de présidence incontestée, il aura mis le pied à l’étrier à bien des pilotes mais aussi à des générations de passionnés sur lesquels il a su s’appuyer pour monter chacune des éditions et tirer le tout vers le haut.
Pudique, discret sur sa vie, ses angoisses et ses fiertés, Daniel Wachoru laissait souvent d’un sourire en coin et d’un clin d’œil trahir sa vraie nature qui lui faisait bien plus aimer les Hommes que les voitures. Il aurait eu 65ans ce samedi.

"Il donnait l’impression d’être un homme indestructible" (Didier Auriol)

Depuis vendredi désormais, les hommages se multiplient. "Comme pour beaucoup, apprendre la disparition de Daniel, ça a été un véritable coup de massue." Aujourd'hui encore, Yves Pailhoriès, bénévole très actif au sein de l’organisation du rallye Rouergue, comme l’ensemble du monde du sport automobile pleurait Daniel Wachoru.
"C’est toujours une surprise quand un personnage comme Daniel disparaît. Pourquoi? Parce qu’il donnait l’impression d’être un homme indestructible", a réagi aujourd'hui, Didier Auriol, le triple vainqueur de l’épreuve rouergate et champion du monde des rallyes installé sur les hauteurs de Millau. Avant de poursuivre: "Il y avait chez lui cette éternelle envie et motivation de se surpasser. C’est une grande perte pour sa famille et le sport auto."

Des hommages de toutes parts

Les hommages affluent de toutes parts. De la Fédération française du sport automobile aux pilotes locaux. En passant évidemment par ses proches. Et les réseaux sociaux ne sont pas en reste. Germain Bonnefis, le pilote baraquevillois, dont les relations avec Daniel Wachoru s’étaient assombries en 2013 suite à des incidents lors de la 40e édition, s’y illustre particulièrement: "Daniel Wachoru nous a quittés. Malgré les différends qui nous ont dernièrement opposés, je retiendrais de lui son investissement pour “notre” épreuve. Mes pensées vont à sa famille à qui j’adresse toutes mes condoléances. Reposez en paix Monsieur Wachoru." Une perte tragique qui intervient environ deux ans après celle de Christian Malphettes, autre cheville ouvrière du rallye du Rouergue. (Réactions recueillies par Aurélien Parayre)
 


Ses obsèques seront célébrées lundi à 15heures en l'église de Jouels.
 

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