La Bosnie vote sur fond de rhétorique nationaliste et de détresse économique

  • Des affiches électorales pour les élections générales, le 9 octobre 2014 à Sarajevo, en Bosnie
    Des affiches électorales pour les élections générales, le 9 octobre 2014 à Sarajevo, en Bosnie AFP - Elvis Barukcic
  • Des affiches électorales pour les élections générales, le 9 octobre 2014 à Sarajevo, en Bosnie
    Des affiches électorales pour les élections générales, le 9 octobre 2014 à Sarajevo, en Bosnie AFP - Elvis Barukcic
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Centre Presse Aveyron

Les Bosniens votaient dimanche dans des élections générales dans un contexte de crise économique qui risque de durer quels que soient les gagnants de ce scrutin qui a, comme d'habitude, ravivé la rhétorique nationaliste et séparatiste.

Les quelque 5.400 bureaux de vote ont ouvert à 05H00 GMT et fermeront à 19H00 GMT. Les premiers résultats préliminaires, dont ceux pour la présidentielle, seront annoncés à 22H00 GMT par la commission électorale.

Près de 3,3 millions d'électeurs sont appelés à élire les trois membres (serbe, croate et musulman) de la présidence collégiale du pays, renouveler le Parlement central de même que les Assemblées des deux entités, l'une serbe et l'autre croato-musulmane qui forment la Bosnie depuis la fin de la guerre intercommunautaire de 1992-95.

En Bosnie, "la crise sociale est de plus en plus grande et le nombre de chômeurs augmente. Toutes les conditions pour une destruction sociale sont réunies", fait valoir l'analyste politique Enver Kazaz.

"Quels que soient ceux qui prendront le pouvoir, ils pourraient être très vite confrontés à un énorme mécontentement social", met en garde M. Kazaz.

"J'ai voté contre ceux qui ont été au pouvoir car ils n'ont rien fait", dit Nadja Kadric, une bibliothécaire quinquagénaire.

"J'espère que les jeunes irons voter très nombreux et qu'ils seront courageux pour choisir ceux qui n'ont jamais été au pouvoir", s'emporte-t-elle.

La Bosnie, un des pays les plus pauvres d'Europe, dont 18% d'habitants vivent dans une pauvreté extrême, a été secouée en février par une explosion sociale sans précédent depuis la fin de la guerre, les manifestants dénonçant la pauvreté et la corruption.

que Trois mois plus tard, le pays était frappé par de graves inondations provoquant des dégâts estimés à 2 milliards d'euros, soit environ 15% du PIB.

Pour 2014, la Banque centrale de Bosnie table désormais sur une croissance inférieure à 1%.

Le chômage touche environ 44% de la population active de Bosnie, qui compte 3,8 millions et d'habitants et où le salaire mensuel moyen est de 415 euros.

"Le pouvoir sortant n'a travaillé que pour son propre compte. Ils n'ont rien fait pour le peuple. Les retraités ont faim, les ouvriers ont faim", dénonce Hamza Rozajac, un retraité de Sarajevo.

- Les nationalistes pourraient être reconduits -

Outre les problèmes économiques, la Bosnie s'est retrouvée à la traîne dans les Balkans en termes de rapprochement avec l'Union européenne à cause de permanentes querelles politiciennes interethniques.

L'accord de paix de Dayton (Etats-Unis), qui a mis fin à la guerre, avait consacré les deux entités de Bosnie, unies par des faibles institutions centrales.

Malgré les pressions de la communauté internationale, aucune réforme importante requise par Bruxelles n'a été adoptée récemment. L'UE demande notamment à la Bosnie d'amender sa Constitution, qualifiée en 2009 de discriminatoire à l'égard des communautés juive et rom par la Cour européenne des droits de l'homme. Bruxelles en a fait une condition pour permettre à la Bosnie de demander officiellement le statut de candidat à l'UE.

La dispute porte essentiellement sur le refus des Serbes d'accepter le renforcement des institutions de l'Etat central, souhaité par les musulmans.

Comme tous les quatre ans, lorsque le scrutin approche, les nationalistes serbes ont multiplié les menaces de sécession de leur entité. "L'objectif de ma politique est de transformer notre entité en un Etat!", a lancé le président sortant de l'entité serbe, Milorad Dodik, qui brigue un second mandat.

Pour le sociologue Ivan Sijakovic, ce genre d'échanges représentent "une formule déjà vérifiée auprès des électeurs et une manipulation" qui pourrait, une fois de plus, reconduire les nationalistes au pouvoir.

Source : AFP

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